J’avais
à peine terminé ma lecture du second tome que je me suis jetée sur
le suivant, tant il me tardait de
retrouver rapidement le
Comté
froid,
humide et sauvage, ses
créatures
inquiétantes
et ses épouvanteurs. Ce tome m’a autant plu que le précédent et,
à l’instar de ce dernier, a été dévoré tout aussi rapidement.
L’univers de Joseph Delaney me plaît de plus en plus et j’espère
être encore enchantée au fil des tomes…
L’hiver
approche à grand pas. Il est temps pour Tom et son maître, John
Gregory, de quitter leurs quartiers d’été de Chipenden pour
passer les mois rudes et froids de la maison d’hiver d’Anglezarke.
Tom découvre bien vite l’inconfort de cette nouvelle demeure mais
sa surprise prend vite le pas lorsqu’il découvre que la maîtresse
de maison est une sorcière et pas n’importe laquelle. Meg Skelton,
la
femme
dont l’Epouvanteur serait tombé amoureux et
la seule sorcière qu’il ait jamais refusé d’entraver. Celui-ci
la garde endormie pendant les beaux jours pour la réveiller lors de
son retour à Anglezarke et lui fait boire des tisanes spéciales,
faisant oublier à Meg sa nature et son passé de sorcière.
Alors qu’ils s’installent, le passé de l’Epouvanteur revient frapper à sa porte… un certain Morgan Hurst, ancien élève de Gregory ayant abandonné son apprentissage pour se consacrer à l’obscur et qui ne voue que du mépris pour son ancien maître à qui il déclare son intention de reprendre « ce qui lui appartient », cherchant à tester la loyauté de Tom pour son maître afin d’en faire son apprenti. S’ajoute à ce mystère les ennuis de santé du père de Tom…
Ce tome est assez différent des précédents, dans le sens où s’il y a des créatures à combattre, elles ne sont pas le focus de l’intrigue mais plutôt des sous-intrigues. Ce qui occupe essentiellement l’intrigue, c’est le passé de John Gregory qui surgit, nous permettant d’en apprendre un peu plus sur cet énigmatique personnage. Tout d’abord en la personne de Meg Skelton où, à travers de discrètes scènes, l’Epouvanteur se dévoile comme un homme tout simplement, qui laisse entrevoir une certaine vulnérabilité. Ensuite, à travers le personnage de Morgan Hurst (et par extension sa mère, Emily Burns, une femme que Gregory a aimé dans sa jeunesse, avant de choisir sa vocation), ancien apprenti déchu de Gregory, qui s’est détourné de ses enseignements pour se consacrer à l’obscur (notamment à travers l’art de la nécromancie, qu’il maîtrise) et qui voue au sinistre dieu de l’hiver Golgoth une fascination inquiétante.
Morgan Hurst, tel qu'imaginé par
Svanhilde (DeviantART)
Ce tome nous dévoile un peu plus sur la vie de l’Epouvanteur. Il a été jeune, il a fait des bêtises, il a eu ses amours et ses secrets qu'il garde jalousement, ce qui posera plus d’une fois problème à la relation qu’il a avec Tom. Ce dernier souhaite par dessus tout demeurer loyal à son maître, bien que ce soit parfois compliqué quand ce dernier ne lui révèle rien… surtout quand Morgan réapparaît et menace de tout détruire et affirme à Tom mieux connaître son maître que lui. Certes, Tom reste naïf et ses doutes peuvent exaspérer. J’avoue que lors de ma première lecture, je n’avais pas beaucoup d’attachement pour Tom, mais j’aime croire qu’avec le temps et d’autres relectures, j’apprends à mieux apprécier ce garçon qui reste humain malgré tout. Qui n’aurait pas douté à sa place, surtout avec les moyens de pression qu’avait Morgan sur lui ? Malgré tout, Tom est un personnage profondément loyal, envers sa famille, envers Alice, et envers Grégory, et je ne peux que trouver cette qualité admirable, ainsi que son courage et sa persévérance.
Alice
est toujours un personnage intéressant que je prends plaisir à
retrouver, et j’aime son amitié avec Tom que rien ne peut
ébranler. Morgan, s’il est l’antagoniste de ce tome, reste un
personnage intéressant de par son histoire mais aussi ses capacités,
il était après tout un ancien élève qui a abandonné les
enseignements de son maître, qui se considère malgré tout comme
épouvanteur mais qui baigne dans l’obscur et la nécromancie. Meg
Skelton est également un personnage intéressant, bien que difficile
à capter de prime abord. S’il y a des moments où elle se montre
menaçante et perfide, on peut plus ou moins comprendre ses raisons
[spoiler] bien-sûr qu’elle allait retrouver ses souvenirs, je ne
suis absolument pas surprise, je m’attendais à ce que cela se
produise, c’était voué à arriver. Cela dit, elle n’est ni
blanche ni noire. C’est une sorcière, elle aime Grégory malgré
sa colère, cet amour ne changera pas, et j’ai beaucoup aimé la
fin lorsqu’elle et sa sœur viennent secourir Tom et lorsque
Grégory les laissent repartir dans leur pays [/spoiler]. Et, mine de
rien, c’était agréable de rencontrer des sorcières pas
seulement bonnes à être éliminée ou entravée.
La famille de Tom garde aussi une place de choix dans l’intrigue, avec le père de Tom qui est mourant. La mère de Tom reste ce personnage énigmatique et fascinant que j’aime retrouver à chaque tome. On sent toutefois un début de tournant dans l’intrigue [spoiler] le père de Tom qui meurt, la mère de Tom qui repart dans son pays et qui laisse à Tom un bien curieux héritage, Jack le frère aîné qui devient chef de famille, sans oublier l’Epouvanteur qui s’affaiblit… on sent qu’il n’est plus tout jeune et s’il demeure formidable, on ne peut s’empêcher de s’interroger… et craindre pour lui, tout en espérant qu’il sera encore là pendant de nombreux tomes ! [/spoiler]
J'ai
aimé retrouver la lande, le Comté,
cette ambiance sombre, inquiétante. L’hiver
y règne en maître, avec de nombreuses
mentions
de la mort, du
froid glaçant,
de l'obscurité qui
revient. Les personnages gagnent en profondeur. L’intrigue répond
à certaines de nos questions, tout en laissant des choses en suspens
(et tant mieux pour le lecteur ! Ce n’est que le troisième
tome après tout, ce n’est pas bon de tout dévoiler d’un coup).
Quant à
la plume, voire la traduction,
elle reste toujours aussi agréable et
fluide à la lecture avec
ses dialogues rythmés, les moments de suspens gérés et un
vocabulaire habilement
choisi
pour installer une ambiance brumeuse et glaciale.
En résumé, cette saga continue de me captiver. L’histoire est prenante, les personnages restent attachants et intéressants pour la plupart, et on ne s’ennuie jamais tant l'intrigue est rythmée. Il y a toujours un mystère, une révélation, quelque chose qui donnent envie de continuer l’histoire et de ne pas lâcher le livre jusqu'à la fin de l'histoire !
Je m'occupais de mon mieux du petit déjeuner. Cuisiner était plus dur que ça en avait l'air, pas aussi dur dépendant que... le bacon que je servis !
Nous mangeâmes en silence. Au bout de quelques minutes, l'Epouvanteur repoussa son assiette.
- C'est une chance que je n'aie guère d'appétit, petit, fit-il avec malice. Sinon, la faim m'aurait forcé à avaler tout ça, et je n'y aurais sans doute pas survécu !
Alice s'esclaffa. Moi, je ne pus m'empêcher de sourire, heureux de voir mon maître de si bonne humeur. Certes, le bacon n'était pas fameux, mais j'avais trop faim pour faire la fine bouche ; Alice aussi. L'Epouvanteur semblait accepter sa présence, et cela me réjouissait fort.
10. Mauvaises nouvelles.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire