samedi 16 novembre 2019

A l'ombre de nos secrets - Lily Haime.

Seconde Guerre mondiale. La passion interdite entre un officier allemand et un résistant français, qui repousseront sans cesse les limites pour survivre et combattre la barbarie. 

À quatre-vingt-onze ans, Julien vit aux États-Unis entouré de sa grande famille. Une famille qui ne connaît rien de son passé. Ce jour-là, au crépuscule de sa vie, il se souvient, pour eux... 

En 1941, Julien a dix-neuf ans. Le domaine familial, en région bordelaise, est occupé par l'armée allemande. Idéaliste et courageux, le jeune homme se tourne vers la résistance, alors même que l'ennemi est sous son toit. Un ennemi qui peut avoir de nombreux visages... dont celui, saisissant, de Engel, soldat de la Werhmacht qui ne cautionne aucune des horreurs commises par son propre camp, et éveille en Julien des sentiments coupables. 

À l'heure trouble de l'un des plus grands génocides de l'histoire, au milieu de ces hommes et de ces femmes qui se soulèveront pour leur liberté, l'attirance qu'ils éprouveront l'un pour l'autre les mettra toujours plus en danger. L'amour peut-il vraiment triompher de la guerre et des préjugés ?


Un de mes plaisirs coupables, dans la littérature, ce sont les relations interdites et inattendues pendant la Première ou Seconde Guerre Mondiale (souvent la dernière), principalement entre Français et Allemands. Après de longs mois d'hésitation, je me suis décidée à acheter ce roman qui proposait quelque chose d'inédit : une histoire d'amour certes, mais entre deux hommes. Si la littérature sur des amours homosexuels n'est pas nouveau, ce n'est pas un genre que je retrouve souvent, encore moins pour cette période de l'histoire. Alors, verdict ?

C’est un roman captivant que je n’ai pas pu lâcher jusqu’à la fin de ma lecture. De nombreuses péripéties accentuent le récit, il se passe beaucoup de choses si bien que je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer, sans avoir eu un sentiment qu’il se passait beaucoup trop de choses. Le récit est justement dosé. On voyage beaucoup aussi : Bordeaux, Paris, le maquis, le Nord-Ouest. J’ai été charmée par Bordeaux mais surtout par la Jale que je visualisais très bien : sa ferme, ses bois, son fleuve, les promenades en vélo, la grange... 

Ce qui rend la Jale aussi belle, ce sont ses habitants. J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir et à suivre cette famille si proche : la tante Rose qui a perdu son mari à la guerre, le cousin François qui aime écouter aux portes et qui recherche l’aventure, la cousine Jeanne qui s’est entichée d’un Allemand, la cuisinière et son époux, et bien-sûr Julien ainsi que ses amis, Louis et Rémi. J’ai été touchée par les liens qui les unissaient, pour le meilleur comme pour le pire, et comment la Jale est plus qu’un lieu, c’est un foyer, c’est une famille unie et prête à traverser les épreuves. C'est le souvenir de balades à vélo, de parties de cartes et de football dans les bois, l'odeur des abricots, la caresse du soleil de Bordeaux.

J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre Julien, notre personnage principal, et de découvrir son évolution tout au long de l’histoire. Au départ, c’est un jeune homme qui n’adhère à aucune cause entre sympathisants allemands et Résistants, et qui ne préfère pas s’engager dans la guerre. Sa cause, c’est sa famille et le travail à la ferme, malgré l’insistance de ses amis de rejoindre la Résistance. C’est aussi un jeune homme qui refoule ce qu’il est vraiment, ses sentiments et désirs pour les hommes, surtout un en particulier… Engel Heinrich. C’est un jeune homme désespéré par ce qu’il ressent et qu’il considère comme une maladie qu’il a cherché à soigner. Puis, au fil du récit, on le voit peu à peu grandir, accepter ses sentiments et reconnaître que ce qu’il ressent est normal et naturel. On le voit adhérer peu à peu à une cause, et contribuer à rendre la France libre, à sauver des Juifs et des Résistants, malgré les épreuves et les douleurs qui se dresseront sur son chemin. L’auteur n’a pas peur de prendre des risques avec ses personnages, après tout la guerre n’a jamais été rose…

La guerre va façonner le personnage de Julien mais aussi ses proches. Ils vont tous être confrontés aux épreuves de la guerre, d'une manière ou d'une autre, ce qui va les changer et les faire grandir : alcoolisme, femmes tondues, résistants emprisonnés ou torturés, missions de sabordage, pour sauver des Juifs ou transmettre des informations... de nombreux aspects de la guerre sont évoqués. Malgré toutes ces épreuves, on a ce sentiment d'une famille unie et soudée, c'est une partie du roman que j'ai beaucoup apprécié.

Pour en venir au sujet principal, à savoir l’histoire d’amour entre Julien et Engel, j'ai trouvé que celle-ci s'était mise en place facilement et que Julien, alors réticent au début de se trouver en compagnie d'Engel, a finalement vite sympathisé avec lui alors que je m'attendais à ce que la romance se mette en place progressivement, le temps à Engel de briser les barrières de Julien et de Julien de se laisser peu à peu attendrir par le soldat. C'est néanmoins mon seul grief car j'ai beaucoup aimé leur romance. Ce sont deux personnes au vécu différent mais qui découvrent qu'ils ne peuvent se passer de l'autre, qui sont affectés par la présence de l'autre et qu'ils sont prêts à tout pour leur partenaire. C'est un amour qui va connaître ses hauts et ses bas, des épreuves au cours de la guerre, mais qui en ressort plus forte à chaque fois. Leur amour, c'est leur force et j'ai été touchée par la force de leurs sentiments. J'ai régulièrement été sur le qui vive car je m'attendais à ce que n'importe quoi leur arrive, personne ne me semblait à l'abri et j'ai eu peur pour eux.

Cette romance donne également l’occasion à l’auteur de dépeindre la perception de l’homosexualité à cette époque. Considérée comme une maladie en France qui peut être soignée par la foi ou dans des cliniques avec électrochocs, elle fut plus acceptée en Allemagne (ce qui explique qu’Engel accepte ses désirs et sentiments sans mal, à l’inverse de Julien) jusqu’à l’arrivée au pouvoir d’Hitler où les personnes homosexuelles furent persécutées par les Nazis puis déportées dans des camps de concentration. Engel et Julien doivent cacher leurs sentiments aux yeux de leur entourage. Certains s'en doutent et acceptent, d'autres voient ça comme une maladie à éradiquer. Une autre épreuve que Julien et Engel ont du affronter ensemble.

Ce que j'ai également apprécié, c'est que l'auteur ne se contente pas de raconter la guerre, mais nous montre également un avant et un après. Concernant la plume de l'auteur, je l'ai trouvé très jolie, notamment dans sa descriptions des sentiments, malgré quelques répétitions et des phrases qui m'ont semblé maladroitement construites. Je n'ai cependant pas beaucoup de griefs à partager sur ce roman car j'ai énormément apprécié ma lecture, et que je rêverais de voir un jour une adaptation de cette histoire !

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