vendredi 18 juin 2021

Dent de dinosaure - Michael Crichton


1875. Dandy désoeuvré, le jeune William Johnson, après avoir perdu un pari, doit partir pour le Far West. Quittant son univers privilégié, l’étudiant de Yale rejoint une expédition à la recherche de fossiles préhistoriques dans les territoires reculés et hostiles du Wyoming.


Mais la plus sanglante des guerres indiennes vient d’éclater. Et avec elle un autre conflit, opposant deux célèbres paléontologues prêts à tout pour déterrer d’inestimables vestiges de dinosaures et accéder à la gloire.


Pactes secrets, trahisons et meurtres rythmeront l’épopée de Johnson, peuplée de figures mythiques de l’Ouest : chasseurs de bisons et chasseurs de primes, généraux en déroute et Sioux sanguinaires, as de la gâchette et danseuses de saloon.



Michael Crichton, le regretté auteur de Jurassic Park et d’autres romans, nous a quitté en 2008, ce qui n’a pas empêché la publication d'œuvres posthumes telle que Dent de dinosaure sorti cette année mais 2017 aux Etats-Unis (une honte, oui, une honte !). Un livre de l’auteur de Jurassic Park parlant de chasse aux fossiles de dinosaures se situant au Far West, c’est plus qu’il n’en fallait pour que je me jette sur ce roman et le dévore en quelques jours (et encore, je me suis contenue pour faire durer le plaisir, comme pour mes barres de chocolat)


Ce roman est un véritable western sur fond de chasse aux fossiles ! Il s’appuie sur des faits réels : la guerre des os, qui a opposé de nombreux paléontologistes de l’époque et notamment les professeurs Marsh et Cope, respectivement de l’université de Yale et de Pennsylvanie, deux paléontologues de renom à la rivalité farouche, avec pour volonté de trouver le plus de fossiles que l’autre, et il est difficile de chercher des fossiles dans le grand ouest américain alors que les Indiens se montrent souvent hostiles face aux visages pâles… notamment ceux qui viennent fouiller dans leurs plaines.


L’auteur insère son personnage principal (un être fictif, à ma déception, car il donne l’impression d’avoir existé), William Johnson, dans ce contexte historique. Jeune dandy, étudiant à l’université de Yale, William Johnson fait le pari avec un autre étudiant qui le met au défi de passer trois mois dans l’Ouest en compagnie de l’équipe de fouille du professeur Marsh. Afin de lui prouver qu’il en est capable, Johnson se prétend photographe pour intégrer l’équipe de Marsh et prend des cours de photographie avant d’embarquer pour l’Ouest, sous le regard méfiant de Marsh qui voit d’un mauvais œil l’arrivée de cet étudiant de dernière minute, l’imaginant espion pour le compte de son rival, le professeur Cope. La paléontologie est une science encore balbutiante et Johnson se rend vite compte des dangers et des durs labeurs qui l’attendent… 




À gauche, Edward Cope ; à droite, Charles Marsh


De l’est américain, nous entrons rapidement dans le Far West et rien ne manque à l’appel des plaines de l’Ouest : Indiens, Cavalerie, desperados, duels, des fossiles et encore des fossiles… Il y a des embuscades, des courses poursuites, des duels, des attaques indiennes, etc. Malgré tous les ingrédients pour en faire un “western spaghetti”, l’auteur n’en oublie pas moins la science et nous raconte les processus de fouille, le monstre de patience à déployer pour dégager les fossiles de la roche, les découvertes de dinosaures tels l’Allosaure, le Stégosaure… mais aussi les techniques de photographie, Johnson étant le photographe de l’équipe de fouille, prenant en photo les différents fossiles, le site de fouille… La paléontologie est alors une science encore balbutiante, Johnson faisant la rencontre de personnages dubitatifs face à cette ruée vers l’os, entre celles qui ne comprennent pas l’intérêt de l’étude de vieux os, ou alors qui n’envisagent pas l’existence d’animaux préhistoriques qui se sont éteints il y a des milliers d’années (selon la logique que tout ce que Dieu a crée est parfait, Sa création est parfaite et Il ne peut pas faire d’erreur, dans ce cas, comment imaginer l’existence d’animaux qui se sont éteints ?) 


À travers les descriptions sur les techniques de photographie et les fouilles, on sent que l’auteur s’est beaucoup documenté pour l’écriture de son roman, ce qui m’a donné l’occasion d’en apprendre un peu plus sur l’époque et le contexte historique du Far West et de la guerre des os… comment Marsh et Cope se sont connus, étaient amis avant de devenir rivaux, les combats qu’ils se sont menés, entre actions violentes, illégales ou perverses (vol, sabotage des fossiles, pots de vin, menaces, duels, etc) par les deux camps, en vue de découvrir un maximum de fossiles tout en mettant des bâtons dans les roues de l'autre équipe !



On y croise de nombreux personnages historiques, outre Marsh et Cope. Le roman évoque le Général Custer et sa défaite face aux Indiens lors de la Bataille de Little Big Horn, de Sitting Bull, de Red Cloud, du Président Ulysse Grant, de Calamity Jane et de bien d'autres... Nous sommes vraiment plongés dans une Amérique en plein changement, où les guerres entre Indiens et Blancs font rage, où les Bisons sont en déclin, où les dangers de toutes formes sont nombreux. Rien de bien étonnant à ce qu’au fil des pages, la tension ne faiblit pas. C’est d’autant plus intéressant d’avoir un personnage comme Johnson, qui a vécu toute sa vie dans l’Est plus “civilisé”, et qui voit le contraste entre l’Est dit civilisé et l’Ouest plus dangereux. On voit bien que les situations sont nouvelles pour lui et il ne sait pas forcément comment réagir ou comment faire, il essaye de s’affirmer et, en même temps, ne veut pas se mettre à dos qui que ce soit car le voyage est long et il n’est pas bon de se faire des ennemis dans une terre inconnue… Toutefois, il n’y a aucun jugement de la part de Johnson et on le sent grandi et plus hardi suite à son séjour dans l’ouest.



Si je n’avais qu’un reproche à faire, ce serait concernant les micro-spoils que l’on retrouve de temps à autre dans le récit, lorsque l’auteur insère des formulations telles que “s’il avait su que…”, “il ne le savait pas encore, mais tel périple allait l’attendre”, qui est un procédé littéraire auquel je n’accroche pas et qui spoilent un peu la suite, même sans trop dévoiler, mais c’est là mon seul grief car Dent de dinosaure s’est révélé être un roman historique et d’aventure captivant, qui présente un bon équilibre entre la science et l’histoire, divertissant et enrichissant, avec une écriture fluide. J’espère voir un jour une adaptation !



Alors commencèrent les négociations les plus interminables que j'aie jamais expérimentées dans ma vie. Les Indiens adorent parler et ne sont jamais pressés. Leur curiosité, la solennité ampoulée de leur protocole, et cette absence de sentiment d'urgence par rapport au temps qui leur est propre contribuèrent à faire de cette première rencontre un événement qui allait manifestement durer toute la nuit. Tout fut passé en revue : qui nous étions (y compris nos noms et la signification de nos noms) ; d'où nous venions (les villes, la signification du nom des villes, notre trajet pour venir jusqu'ici, comment nous l'avions déterminé, et comment s'était déroulé notre voyage) ; la raison de notre présence (la raison de notre intérêt pour les ossements, comment nous comptions nous y prendre pour les exhumer, ce que nous comptions en faire) ; quels vêtements nous portions et pourquoi ; que signifiaient nos bagues, nos breloques et nos boucles de ceinturon, et ainsi de suite, ad infinitum et ad nauseam.

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