Il était une fois un soldat blessé, William, révoqué de l’armée. Sa dernière joie lui vient de son petit frère, Elliot. Quand ce dernier commence à lui raconter qu’un enfant volant nommé Peter Pan lui rend visite la nuit, il ne le prend pas au sérieux.
Jusqu’au jour où Elliot disparaît.
Décidé à le retrouver, William traque Peter Pan jusqu’à Neverland, la contrée des songes... et tombe entre les mains du capitaine Crochet et de sa bande de pirates.
Les deux hommes se haïssent immédiatement, incarnant chacun ce que l’autre déteste. Ils seront pourtant obligés de faire équipe, car Neverland est en péril...
Et il ne reste plus longtemps pour sauver le rêve du cauchemar.
Je retrouve avec grand plaisir la plume d’Isabelle Lesteplume avec ses Contes des Royaumes Oubliés. Dans ce tome, l’auteure s’est penchée sur l’histoire de Peter Pan, ce qui n’était pas pour me déplaire puisque c’est un univers auquel je suis attachée et que je trouve toujours intéressant de voir d’autres auteurs se le réapproprier à travers une réécriture.
J’ai beaucoup aimé comment Isabelle Lesteplume a su nous faire voyager dans Neverland et le réinventer, en nous présentant un monde qui est comme une entité qui ne peut vivre sans Peter Pan, et que Peter Pan alimente par le biais de son imagination. Neverland est l’univers de Peter Pan, crée pour lui et par lui. J’ai d’ailleurs trouvé intéressant et percutant le plot twist autour des pirates, du crocodile, mais aussi des enfants perdus [spoiler] qui sont les âmes d'enfants de notre monde que Peter Pan a emmené avec lui pour s'en faire des amis et leur offrir une autre vie [/spoiler] ainsi que la révélation autour des origines de notre si charismatique et inoubliable capitaine Crochet.
Parlons justement de notre cher capitaine. On m’a dit un jour que l’enfance, c’était de rêver de Peter Pan, mais qu’être adulte, c’était être intrigué.e par le capitaine Crochet. Je dois avouer qu’il y a une part de vrai dedans. L’auteure nous offre ici un très bon capitaine Crochet. C’est un personnage énigmatique dont les pans du passé ne nous seront dévoilés que petit à petit. Il est sombre, sarcastique, imprévisible. Il cherche sans cesse à s’isoler, il s’empêche de se lier plus que nécessaire avec son équipage, non pas par mépris envers les siens, mais parce qu’il estime devoir garder ses distances. Il est leur capitaine, il a le devoir de veiller sur eux et les commander. Il souhaite rester cette figure d’autorité, crainte et respectée, il cherche à être dédié entièrement à son rôle, sans jamais se permettre d’être vraiment lui-même avec son équipage qui le respecte mais aimerait bien que Crochet se mêle à eux. Crochet s’est ainsi forgé un masque, a dressé une barrière autour de lui que notre autre protagoniste, William, se fait un plaisir de tester d’ébranler et d’essayer de briser.
William est un personnage attachant que j’ai pris plaisir à découvrir. Il revient de la guerre, brisé et ébranlé, auprès d’une famille qui n’a que mépris pour lui. Son seul rayon de soleil est son petit frère, sa motivation principale tout le long du roman. J’ai été touchée par son vécu, son amour pour son frère, et sa volonté de ne jamais abandonner et de donner le meilleur de lui-même pour s’en sortir et aider les autres. J’ai aussi apprécié son humour à toute épreuve, humour dont il se sert surtout pour se protéger. J’ai aimé le voir tisser des liens avec les membres de l’équipage, sitôt passé le cap de la méfiance et malgré des développements parfois houleux. C’est un jeune homme passionné, féru de photographie, et qui a un cœur en or.
J’ai bien sûr trouvé savoureux ses échanges avec le capitaine Crochet. Ils s’exaspèrent l’un l’autre, se taquinent, se chamaillent, s’envoient des piques verbales savoureuses, collaborent bien malgré eux jusqu’à ce qu’une attirance et des sentiments plus profonds naissent entre eux. Nous avons ici affaire à une romance « enemy to lovers », un genre que j’aime beaucoup (surtout dans les fanfictions), mais aussi un slow burn, soit une romance qui avance lentement… voire même très lentement. J’étais arrivée à 90 % du roman sur ma liseuse qu’on avait pas encore vu le moindre baiser. Imaginez ma frustration ! Néanmoins, si nos deux personnages ont pris tout leur temps, ça n’a pas freiné ma lecture, puisque Crochet et William ont une véritable alchimie et que chacune de leurs interactions a été un véritable plaisir à lire. William cherche à découvrir le véritable Crochet, celui que ce dernier cache derrière un masque, à le rendre plus humain et accessible et Crochet va aussi beaucoup apporter à William.
Concernant les autres personnages, ils sont intéressants pour la plupart. J’ai aimé découvrir les différents membres de l’équipage qui ont chacun leur vécu et leur personnalité, et j’ai aimé suivre l’aventure avec eux, leur capitaine et William. Si Peter Pan brille par son absence pendant une grande partie du roman, il est paradoxalement omniprésent, à la fois dans les esprits et dans les conversations, et l’auteure nous dépeint ici un Peter Pan complexe. Il reste ce petit garçon qui ne veut pas grandir, mais qui a ici une peur farouche du temps qui passe, l’idée du vieillissement et du changement lui est insupportable.
Concernant l’intrigue, nous suivons nos personnages qui sont à la recherche de Peter Pan. William car il cherche à retrouver son frère disparu, et Crochet et son équipage pour découvrir ce qu’il se trame chez leur légendaire ennemi, car Neverland est au plus mal. Le monde perd peu à peu sa magie et ses couleurs. Les sirènes deviennent folles, les animaux deviennent agressifs, les Indiens disparaissent, le comportement de Peter se fait étrange. Pour que Neverland retourne à la normale et que ses habitants puissent espérer survivre, nos personnages doivent à tout prix retrouver Peter Pan et découvrir ce qu’il se trame chez lui. L’intrigue est plaisante et nous tient en haleine jusqu’au bout, et nous présente un équilibre parfait entre l'aventure, la romance, l'émotion, l'humour, les moments calmes et les combats… J’ai vraiment passé un très bon moment avec ce roman qui doit être mon préféré de la saga, avec Le Beau et la Bête. Je me replongerai avec plaisir dans un autre roman de l'auteure très prochainement !
Crochet libéra ses lèvres en s’écartant légèrement. Il arborait un air de désir affamé qui fit frissonner Will tout entier. Le pirate le regarda quelques instants, caressant du regard ses lèvres rougies par le baiser, ses cheveux ébouriffés, ses iris dilatés et son air complètement vulnérable. Il n’avait jamais eu plus envie de quelqu’un qu’à cet instant. Il désirait le prendre, le posséder et le protéger jusqu’à la fin des temps.
— Il y a un moment que je veux te faire taire comme ça, avoua-t-il enfin.
Will sourit, un sourire plus heureux que Crochet ne lui avait jamais vu, et qui libéra quelques étincelles de bonheur dans sa propre poitrine.
— Il ne fallait pas te retenir, s’amusa le soldat. Honnêtement, tu aurais pu m’embrasser ainsi juste après avoir pointé une épée sous ma gorge pour la première fois. Je t’aurais laissé faire.
Crochet haussa les sourcils, incrédule.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire