vendredi 20 septembre 2024

Du thé pour les fantômes - Chris Vuklisevic.


Agonie est sorcière. Félicité, passeuse de fantômes.

Le silence dure depuis trente ans entre ces deux filles de berger, jusqu'au jour où la mort brutale de leur mère les réunit malgré elles.

Pour recueillir ses derniers mots, elles doivent retrouver son spectre, retracer ensemble le passé de cette femme qui a aimé l'une et rejeté l'autre.

Mais le fantôme de leur mère reste introuvable, et les témoins de sa vie, morts ou vivants, en dessinent un portrait étrange, voire contradictoire. Que voulait-elle révéler avant de mourir ? Qui était vraiment cette femme fragmentée, multiple ?

Leur quête de vérité emmènera les sœurs des ruelles de Nice au désert d'Almeria, de la vallée des Merveilles aux villages abandonnés de Provence, et dans les profondeurs des silences familiaux.


Après avoir vu ce livre dans de nombreuses PAL lors du Pumpkin Autumn Challenge depuis l’an dernier, j’étais vouée à être piquée de curiosité. La jolie couverture et le résumé, qui promettait un récit bien intéressant, ont achevé de me convaincre de l’ajouter à ma PAL.



Ce que j’en retiens, au final, c’est que ce roman n’a vraiment pas été ma tasse de thé. De la magie, il y en a, des fantômes aussi, mais je n’ai pas été ensorcelée par ma lecture et je n’ai pas été sensible à l’esprit de ce récit. Je dirais même, après avoir lu tous les avis élogieux, que je suis passée à cô-thé.



Pourtant, qu’est-ce que je suis déçue de ne pas avoir aimé ! Ce roman avait tous les ingrédients pour me plaire, mais la lecture a été bien laborieuse alors que j’aurais souhaité être emportée par l’histoire comme la majorité des lecteurs et lectrices. Au fil de ma lecture, il m’est devenu évident que c’était le genre de récit « ça passe ou ça casse », et ce qu’on peut dire, c’est que la tisane n’est pas passée chez moi. J’ai trouvé le récit très alambiqué. Je n’ai pas du tout été sensible à la plume de l’auteure et je n’ai pas accroché aux constructions narratives. D’un côté, nous avons une construction avec des phrases et des paragraphes, de l’autre ça devient une construction comme on en retrouve dans les livres de poésie.



Le ton se veut poétique et mystique mais je ne l’ai trouvé que froid et distant. L’histoire nous est racontée par un narrateur extérieur, et cela donne un côté impersonnel et distant, et les touches d’humour de ce narrateur dont on ne sait rien ne m’ont pas décroché le moindre sourire et m’ont plutôt sorti du récit, d’autant plus qu’il s’adresse à nous comme si on se connaissait et je n’ai pas accroché à la familiarité de son approche, même si le narrateur se veut comme quelqu’un d’amical qui souhaite nous raconter une histoire hors du commun tout en jouant les guides pour les pauvres touristes que nous sommes, car le roman se veut aussi comme une ode au sud de la France et plus particulièrement la ville de Nice, mais qui nous offre plutôt une version clichée de la Provence.



La narration et le style ont donc été un gros bémol pour moi. S’y ajoutent des personnages froids et apathiques. Je ne les ai pas du tout trouvé attachants. Il n’y a peut-être qu’Egonia alias Agonie, sorcière de son état et la cadette mal aimée et rejetée, pour qui j’ai eu un peu d’empathie, et Vera la sorcière espagnole qui m’a semblé un brin attachante. Concernant la mère, Carmine, je ne l’ai pas du tout trouvé attachante. Concernant Félicité, je n’ai ni amour ni haine pour elle. Elle a le mérite de se rattraper un peu concernant son attitude avec sa sœur, et le lien des deux sœurs pendant leur jeunesse était plutôt attachant, contrairement à leur mère qui n’a aucun point rédempteur pour moi.



Concernant le plot twist autour de Carmine, l’auteure aura réussi à me surprendre mais pas à m’émouvoir car Carmine reste pour moi le personnage le plus apathique du roman. Si son vécu et les tragédies de sa vie peuvent expliquer ce qu’elle est devenue et son attitude envers ses filles, cela ne justifie en rien son comportement inacceptable et ne la rend pas plus sympathique à mes yeux. Même si je doute que l’auteure cherchait à excuser son attitude mais plutôt nous dévoiler comment son passé et les tragédies ont fait d’elle ce qu’elle est devenue, je ne suis pas parvenue à ressentir la moindre empathie pour elle. Je reste surtout indignée de la maltraitance et la négligence qu’elle a infligé à sa cadette et sa façon de glorifier son aînée.



Les longueurs qui parsèment la lecture ont également été un frein pour moi. L’intrigue met du temps à démarrer et j’ai eu assez de mal à me retrouver dans les différents événements entre passé et présent car j’ai trouvé la façon de voyager entre les époques assez brouillon. On se retrouvait propulsés dans le passé, puis dans le présent, à suivre chacune des sœurs pour passer ensuite à leur mère, Carmine. C'est tout à fait déstabilisant.



Passons tout de même aux points positifs car il y en a (si, si). J’ai plutôt bien aimé l’empreinte de mystère et de magie du récit. J’ai aimé qu’il s’agisse d’une famille qui baigne dans le surnaturel, entre la mère qui déclenche foudre et tempête, l’aînée qui peut voir et parler aux fantômes et qui se sert de ses thés pour faire parler les fantômes et délier certaines vérités, et la cadette sorcière qui laisse échapper des papillons noirs à chaque fois qu’elle parle et qui voit pourrir ou se dégrader chaque chose qu’elle touche et comment elle a appris à vivre avec ses pouvoirs et les accepter. J’ai aimé le lien que les deux sœurs ont partagé quand elles étaient petites, avec Félicité qui jouait avec Egonia en l’absence de leur mère. J’ai trouvé intéressant la partie autour des différents thés et leur pouvoir, les différents fantômes que l’on rencontre dans le récit. Je reconnais aussi que le récit présente une certaine originalité.



Mais, de façon générale, ce roman est une déception, ce qui est dommage car j’aurais tellement voulu faire partie des lecteurs qui ont adoré ce récit. Les gros bémols ont été les longueurs, la narration et le style d’écriture, je n’ai pas non plus réussi à m’attacher aux personnages. Tout cela a donné lieu à une lecture bien laborieuse. Je n’ai pas réussi à entrer dans le monde de l’auteure et à être sensible à la poésie de son récit. Dommage…


Personne au village n’aime avoir affaire aux deux petites du berger. L’une parce qu’elle rampe et cliquette dans les ombres, couverte de suie, l’autre parce qu’elle parle aux morts et dit des vérités qu’on n’a pas très envie d’entendre.


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