samedi 23 août 2025

L'Antre des louves (T.1) - Elodie Harper.


Bienvenue à Pompéi, en l'an 74 avant notre ère. 

Amara, jeune grecque instruite mais réduite en esclavage après la mort de son père, est vendue à bas prix à un lupanar sordide, l'Antre des Louves, dirigé par Félix, un homme violent et imprévisible. L'impétueuse Amara comprend vite que la cité a beaucoup d'opportunités à offrir à celles qui savent les saisir.

Avec les autres prostituées, qui deviennent sa famille de cœur, elle gravit les échelons d'une société où les hommes détiennent le pouvoir, forçant les femmes à constamment s'adapter pour survivre. Des ruelles animées de Pompéi aux recoins les plus sombres de l'Antre des Louves, nul n'imagine une seconde que les prostituées connaissent les règles du jeu mieux que quiconque. Amara va apprendre à utiliser et à contourner les codes de ce monde impitoyable afin de regagner sa liberté.



Cela faisait un moment que cette trilogie me faisait de l’œil. Maintenant que j’ai terminé le premier tome, celui-ci me laisse une impression mitigée mais tout de même avec l’envie de découvrir la suite !


J’ai beaucoup apprécié cette plongée dans Pompéi, en pleine antiquité romaine, et notamment le lupanar de Pompéi, que l’on peut aujourd’hui visiter pour y découvrir son architecture, ses fresques érotiques et ses graffitis. C’est là qu’Élodie Harper a imaginé son histoire, cinq ans avant l’éruption fatidique du Vésuve qui marqua la fin de Pompéi, et donné une voix aux oubliées de l’Histoire, les prostituées dans la Rome antique.


Elles se nomment Cressa, Didon, Britannica, Victoria, ou encore Béronice, mais celle qui sort du lot est Amara, notre protagoniste. Fille de médecin, jeune femme cultivée d’origine grecque, elle a été vendue, par sa mère après la mort de leur père et la perte de toutes leurs ressources, à un maître autoritaire nommé Félix. Alors que ses compagnes d’infortune tentent de faire face avec plus ou moins de résignation à leur condition, Amara ne perd pas espoir de retrouver un jour sa liberté, guettant farouchement la moindre opportunité pour sortir de sa condition et des griffes de son maître, quitte à jouer plusieurs rôles ou à être prise comme une putain sans âme en cachant ses émotions. La vie n’est pas tendre à Pompéi, surtout pour les prostituées, et Amara doit faire preuve d’une volonté de fer et cacher sa vulnérabilité pour espérer s’en sortir.


Chaque femme dans ce roman a son propre vécu qui nous les rendent touchantes. L’une est amoureuse de son maître, l’autre est une farouche celte qui n’accepte pas sa position et qui se bat avec ses clients, une autre a vu son maître vendre l’enfant qu’elle a porté, etc. J’ai aimé découvrir chacune de ces femmes, leur histoire, mais aussi le lien qui les unissent toutes. Il y a parfois des conflits, elles ne se comprennent pas toujours. Certaines ont accepté leur sort avec plus ou moins de résignation, d’autres sont un peu plus rongées par le désespoir et ne parviennent pas à s’en accommoder. Mais, face à l’adversité et les aléas de leur « profession », elles sont unies et soudées. J’ai beaucoup aimé ces amitiés féminines. On s’attache à ces femmes, on a de la peine pour elles, on craint pour elles, car la vie d’une prostituée n’est pas simple et certaines ne seront pas épargnées par les drames de la vie. On le constatera au fil des pages.



Fresque érotique que l'on peut trouver dans le lupanar de Pompéi


On en apprend un peu plus sur ce que pouvait être la vie d’une prostituée à cette époque. Les plus populaires pouvaient espérer mieux s’en sortir, avec des clients fidèles, des cadeaux qu’elles pouvaient garder, un revenu pour leur permettre de vivre. Certaines se trouvent même un client amoureux qui promet de les libérer. D’autres sont plus malchanceuses. Il s’agit d’éviter la déchéance, conserver sa beauté car le déclin attend les prostituées vieillissantes. Il y a aussi les rivalités avec les autres bordels romains, la cruauté de certains clients ou de leur maître. C’est un roman assez dur parfois car il retranscrit l’horreur de la prostitution à une époque où l’esclave était normalisé. Il y a des scènes de violence, le viol et l’avortement sont évoqués, nos personnages sont souvent abusées verbalement ou physiquement par des hommes.


Malgré les thèmes parfois durs, l’histoire ne sombre pas dans le pathos. Il y a des moments un peu plus légers, et l’auteure réussi tout de même à glisser de l’espoir entre ses pages. On ne peut qu’admirer le courage et la solidarité de ces femmes. Quant aux hommes, certains sont bons, d’autres sont horribles. J’ai beaucoup aimé les passages avec l’auteur Pline, d’avantage intéressé par les sciences que par les femmes. Méandre m’a touché, mais après la fin du roman, j’ignore si Amara le reverra ou s’ils auront un avenir ensemble. Je ne sais encore quoi penser de Rufus, tout comme Félix qui se conduit souvent comme un véritable tyran aux paroles cruelles, mais en qui Amara se retrouve parfois à travers certains points communs, et qui se montre tantôt amical, tantôt cruel avec elle, et qui semble se montrer sentimental avec Victoria. Je me demande ce que l’auteure nous réserve à son sujet. Je n’oublie pas non plus Paris, seul prostitué homme de l’Antre des louves, que l’on prend en pitié.


J’ai été happée dès le début par l’ambiance, l’atmosphère et l’époque peintes dans ce roman. Les personnages sont intéressants et nuancés, le fil conducteur est prometteur. Toutefois, les redondances et longueurs du récit ont parfois failli avoir raison de moi. Je ne savais pas où l’auteure voulait nous mener. Un coup, Amara ramène des clients endettés à Félix pour l’aider dans ses affaires. Puis, Amara met à profit son don pour le chant pour se faire inviter dans des soirées chez de riches clients. Puis enfin, elle cherche un client à qui s’attacher pour essayer de le convaincre de lui acheter sa liberté. Le récit est assez inégal, alternant entre des passages ennuyeux et des passages plus palpitants. J’ai trouvé certains passages, voire chapitres longs, sans savoir où l’auteure voulait en venir, mais je me suis accrochée, surtout lorsqu’Amara rencontre Pline et qu’elle passe plusieurs jours à ses côtés, pour lui faire la lecture.


C’est une histoire indéniablement romanesque, mais je ne peux pas nier que l’auteure a construit son roman avec un souci de réalisme. C’est une véritable plongée dans l’Antiquité romaine qu’elle nous propose : le lupanar mais pas que, les célébrations religieuses, les thermes, les luxuriantes villas avec leurs somptueuses fêtes, ses fresques et mosaïques, les jardins à la romaine, les commerces, le théâtre, les combats de gladiateurs… Pompéi comme si on y était ! La ville reprend vie sous nos yeux, et j’ai beaucoup apprécié le voyage. Ainsi, malgré le sentiment mitigé que ce premier tome m’a laissé, je pourrais facilement me laisser convaincre de lire la suite. Je suis curieuse de voir où la vie mènera Amara… 


Amara lève les yeux vers Vénus. [...] Ce n'est pas que la déesse de l'amour, songe Amara. C'est une déesse qui pousse les hommes à la folie, qui détruit les guerriers. C'est par elle qu'est tombée Troie.

- Qu'elle nous donne du pouvoir sur les hommes.

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