mercredi 25 août 2021

La nouvelle vie d'Arsène Lupin - Adrien Goetz


Arsène Lupin revient. Un héros des années 10, lui ? Oui : des années 2010 ! Le gentleman-cambrioleur, plus sportif, gouailleur, élégant et désinvolte que jamais, détrousse les réseaux sociaux, enlève les scénaristes de sa série télévisée favorite, s’attaque au changement climatique, s’envole vers les émirats, et va jusqu’à faire invalider les comptes de campagnes du nouveau président de la République…


Dans ce trépidant divertissement, Adrien Goetz, le père de Pénélope et de ses fameuses intrigues (Intrigue à Versailles, Intrigue à Giverny…), rajeunit le plus mythique des personnages français, ainsi que ses partenaires et adversaires, du ridicule détective Herlock Sholmès à la redoutable Joséphine Balsamo, convertie au féminisme militant. La traque d’Arsène Lupin commence !



Arsène Lupin au XXIe siècle !

Après le succès de la série BBC Sherlock (bien que la saison quatre soit très discutable), l'idée de transposer l'univers d'Arsène Lupin dans notre monde moderne était quelque chose que je souhaitais voir, et c'est ce que nous propose ce pastiche lupinien... en quelque sorte.


Ce roman est une réécriture de quelques-unes des aventures d’Arsène Lupin. Les ingrédients emblématiques de l'univers de Lupin sont là : tours de passe-passe, cambriolages rocambolesques, aventures internationales, sans oublier tout le charme de Lupin, à la fois séducteur, criminel, enfantin... Les seules différences sont que ces aventures sont transposées à notre époque et qu'il ne s'agit pas spécifiquement d'un Lupin du XXIe siècle mais d'un Lupin immortel, qui a traversé les époques. Idée assez étrange, mais pourquoi pas ?


Malheureusement le résultat ne fut guère à la hauteur de mes attentes.

Et pourtant tout commençait si bien ! Cambriolage à Strasbourg, la statuaire de la cathédrale a été dérobée ! Paul Beautrelet, descendant d'Isidore Beautrelet (le jeune détective en herbe dans L'Aiguille Creuse) qui assiste à l'événement, précipitant sa rencontre historique avec Arsène Lupin qui revendique le vol et prétend avoir très bien connu son aïeul... impossible à croire, et pourtant le jeune Paul se trouve entraîné dans cette aventure avec cet homme incroyable...


J'étais ravie au début de ma lecture. Enfin un pastiche qui évoque Isidore Beautrelet, mon personnage préféré dans tout l'univers lupinesque (en dehors du célèbre cambrioleur) et présenter son descendant pour accompagner Lupin le temps d'une affaire ! Comme mon enthousiasme s'est essoufflé ensuite !


Je n'ai pas trouvé l'intrigue très prenante, même si on ne peut pas nier l'admiration de l'auteur à l’œuvre de Maurice Leblanc, il y a plein de références, et a repris certaines nouvelles pour en moderniser les intrigues. Cela ne parvient malheureusement pas à sauver le récit, victime d'incohérences, de ruptures chronologiques, des intrigues farfelues (la construction d’un énorme ballon pour rejoindre l’espace, Arsène Lupin s’entichant d’une jeune chef d’État, une romance qui tombe comme un cheveu sur la soupe...) et de chapitres se succédant sans enchaînement véritable.


Confronter Arsène Lupin à notre monde moderne reste une bonne idée en soi, cela donne de nombreuses opportunités au gentleman cambrioleur qui s’est modernisé, mondialisé et virtualisé. Publicité, réseaux sociaux, technologie… Lupin élargit son champ d’action à travers tous ces éléments et il est en pleine forme ! Dérober la façade de la cathédrale de Strasbourg, restituer des joyaux dérobés, voler Facebook, kidnapper des scénaristes, etc.


On retrouve d’autres personnages emblématiques de la sphère Lupin (voire leurs descendants), notamment Herlock Sholmès accompagné de son fidèle bloggeur, Wilson/Watson, bien que leur présence m’ait laissé dubitative, car ils n’interviennent que peu et n’ont pas de réelle influence sur l’intrigue. D’ailleurs, outre Paul et Lupin, je n’ai pas réussi à m’intéresser un tantinet à l’ensemble des personnages.


Ce qui m'a beaucoup plu, en revanche, c'est la relation entre Lupin et PaulLupin agit de façon paternelle (il l'aide à se relever quand il tombe sous le coup de l'émotion, il lui apporte une fois le petit déjeuner au lit, il lui met sa veste sur les épaules quand il a froid...), se nommant même "papa Lupin" ou "oncle Lupin". On voit clairement qu'il a une volonté de rester en contact avec la descendance d'Isidore on peut voir, dans sa relation avec Paul, une volonté de (re)créer ce qu'il a eu avec Isidore, ou du moins, ce qu'il aurait souhaité avoir avec IsidoreLupin révélant qu'il avait proposé à Isidore de rejoindre sa bande, ce que ce dernier a refusé... et c'est là où je n'ai pas adhéré : Lupin dit qu'Isidore avait été trop lâche et froussard pour accepter son offre et qu'il a préféré une vie confortable de notaire, car pour Isidore, les vols de Lupin c'était le mal, et son job de notaire, le bien... alors que dans le roman de Maurice LeblancIsidore n'a jamais fait preuve de lâcheté et n'a jamais eu cette vision en noir et blanc de Lupin, tombant, au contraire, sous le charme de ce cambrioleur à la fois sérieux et enfantin.


Ainsi, avec ses rapports quasiment père/fils avec le jeune Paul, son entêtement à l'appeler Isidore et non pas son prénom, j'ai eu cette impression que Lupin voulait revivre sa relation avec Isidore, avoir une sorte de seconde chance et essayer d'avoir un Beautrelet à ses côtés, et Paul est fasciné par ce voleur qu'il prend en sympathie, il se prête au jeu au début, d'être Isidore, mais à la fin il veut redevenir Paul car c'est ce qu'il est. Ce sont des éléments intéressants et prometteurs que j'ai beaucoup aimé mais qui présente malgré tout des points noirs.


Ce roman a de bonnes idées, de bonnes bases mais son intrigue fut incompréhensible pour moi et j’ai eu bien du mal à suivre l’histoire, que je n’ai pas trouvé prenante. Peut-être est-ce également du à un « défaut » de construction du texte, il s’agit d’un roman mais on dirait davantage un recueil de nouvelles tant certaines parties semblent indépendantes les unes des autres. Je n’ai pas détesté, mais je ne peux pas nier avoir été déçue de cette lecture, dont les quelques points positifs que j’ai relevés n’ont pas réussi à sauver le récit, dont je ne garderai pas un souvenir mémorable. Dommage…

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