jeudi 10 mars 2022

Les cent un dalmatiens - Dodie Smith.


« Au secours! Bébés dalmatiens volés! Envoyer nouvelles à Pongo et Missis, Regent’s Park, Londres. »

L’appel désespéré des parents dalmatiens a été entendu par tous les chiens du pays. Grâce à leur aide précieuse, Pongo et Missis découvrent bientôt l’horrible vérité : leurs enfants sont prisonniers de Cruella Diabolo, femme avide et sans scrupules. Ils devront déployer des trésors d’ingéniosité pour empêcher Cruella de réaliser son rêve : transformer en fourrure la belle peau blanche tachetée de noir des petits dalmatiens.


Des chiens, de l’aventure, une atmosphère bien british, de l’humour, de la tendresse. Que demande le peuple ?


C’est toujours intéressant de découvrir l’histoire d’origine dont se sont inspirés les studios Disney pour leurs plus célèbres films d’animation, et bien que je sois une éternelle amoureuse des chats, ce roman donnerait presque envie d’adopter un chien. L’auteure aime les chiens, elle connaît très bien les dalmatiens, leur voue autant d’amour que de fascination et ça se ressent dans son récit. Les dalmatiens sont le cœur du roman, et ils le portent très bien. J’ai fondu devant cette incroyable famille de chiens et les périples qu’ils ont du faire face pour se retrouver et rentrer chez eux, la tendresse qu’ils se portent mais aussi qu’ils ressentent envers leurs grands chéris (mot trop adorable pour désigner leurs humains). J’ai aimé suivre l’histoire en leur compagnie, plonger dans cet univers où les chiens sont aussi capables et intelligents que les humains, si ce n’est davantage car si le chien comprend très bien le langage humain, nous, pauvres humains que nous sommes, ne comprenons pas toujours nos adorables boules de poil… Un univers où ce ne sont les chiens qui ont adopté les humains et qui les sortent, et qui leur laissent croire qu’ils sont plus intelligents que les chiens, par amour pour eux.


L’histoire est narrée avec un humour tendre qui fait sourire. C’est vraiment très sympathique de découvrir et suivre Pongo et Missis (qui est le véritable nom de l’épouse de Pongo, Perdita étant ici une chienne recueillie par la famille et qui aide Missis à s’occuper de ses chiots), voir leur famille s’agrandir, faire connaissance des chiots (bien que seul trois d’entre eux se démarquent à l’inverse des autres) et le périple des parents qui vont fuir leur foyer et survivre dans les campagnes anglaises en plein hiver pour retrouver leurs chiots. J’ai été cependant déçue de constater que le roman était un tantinet misogyne… Entre les deux parents, c’est Pongo le cerveau, c’est lui qui réfléchit, élabore des plans tandis que Missis – même si elle n’est pas dénuée de courage et de volonté – est celle qui n’aime pas se salir, a besoin de son mari, ne sait pas différencier sa droite de sa gauche malgré des explications, et qui a besoin qu’on lui dise qu’elle est belle. Elle est davantage cantonnée à son rôle d’épouse et de mère, et c’est dommage car j’aurais voulu que son importance soit égale à celle de son mari, et que ça donne vraiment une impression de misogynie.


Si Cruella est davantage présente dans le film d’animation, il n’empêche que sa présence est très marquante dans le roman. Sa cruauté et sa dangerosité est plus subtile au début avant qu’elle ne se dévoile. J’ai d’ailleurs trouvé intéressants les éléments dévoilés sur sa famille et sur elle-même, laissant supposer que [spoiler] son ancêtre était le diable en personne sinon un démon et qu’elle a gardé les traces de cet héritage diabolique [/spoiler] C’est une femme assez particulière qui, lorsqu’elle apparaît, semble faire venir le foudre, qui a toujours froid, n’aime que le poivre, est folle de ses fourrures, et cruelle envers les animaux. D’ailleurs, concernant ce point, s’il n’y a absolument rien de détaillé, il n’empêche que mon tout petit cœur très sensible a eu un peu de mal à supporter les scènes où [spoiler] Cruella proposait les différents moyens de tuer les chiots, ou lorsqu’elle avouait noyer les petits de sa chatte… heureusement que sa chatte a su se venger et je suis souhaite de vivre heureuse en compagnie d’un beau chat persan et avoir plein de petits [/spoiler] étant sensible au sujet de la maltraitance animale, même lorsqu’elle est « juste » évoquée. Quant à Jasper et Horace (Saul dans le roman), rien de marquant, juste deux benêts plus bêtes que méchants.


Cela reste un roman jeunesse sympathique à découvrir et à lire. Dodie Smith est très communicative dans son amour des animaux, et notamment les chiens, et montre bien à quel point la compagnie d’un animal est bénéfique et à quel point les animaux peuvent être capables et intelligents. L’écriture est plaisante avec sa touche anglaise et son humour tendre. J’ai également beaucoup aimé que l’édition française ait conservé les illustrations originales de Janet et Anne Grahame-Johnstone, deux sœurs artistes et amies de l’auteure ; ces dessins à l'encre sont fins et élégants, et accompagnent très bien le récit, accentuant le charme du roman. 





Ces deux chiens étaient les heureux propriétaires d'un jeune couple d'humains, Mr. et Mrs. Dearly. Deux êtres gentils, obéissants et incroyablement intelligents - presque aussi intelligents que des chiens. C'est tout juste s'ils ne savaient pas aboyer. Cependant ils comprenaient pas mal de choses, telles que : "Faites-moi sortir !", "Faites-moi entrer !", "Dépêchez-vous de me servir ma pâtée" et "Si nous allions faire un petit tour ?". Et même quand ils ne comprenaient pas ce que disaient leurs chiens en aboyant, ils devinaient presque toujours à leur regard, à leurs gestes. Comme la plupart de nos chers humains, ils se prenaient pour les maîtres de leurs chiens - sans comprendre que c'était exactement le contraire. Pongo et Missis trouvaient cela touchant et amusant à la fois. Si touchant et amusant qu'ils continuaient à faire croire à leurs pauvres humains chéries qu'ils ne se trompaient pas.


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