dimanche 11 février 2024

Sherlock Holmes et les trois terreurs d'hiver - James Lovegrove.



En 1889, un élève d'une école privée située au cœur des marais du Kent est retrouvé noyé dans une mare. Un an plus tard, un homme fortuné succombe à une crise cardiaque dans sa maison de Londres. En 1894, c'est un cadavre atrocement mutilé qui est découvert dans un manoir de campagne du Surrey. 

Ces trois crimes liés mettent à rude épreuve le scepticisme de Sherlock Holmes à l'égard du surnaturel.




Je retrouve avec beaucoup de plaisir Sherlock Holmes sous la plume de James Lovegrove qui avait su me combler avec ses deux précédents pastiches. Si ce livre n’est pas le coup de cœur que j’avais eu avec Sherlock Holmes et le démon de Noël, j’ai tout de même passé un très bon moment avec cet ouvrage dévoré en quelques jours.



À l’inverse de ses précédents ouvrages, celui-ci se décline en trois nouvelles qui forment trois enquêtes différentes mais avec un fil rouge les reliant entre elles puisqu’elles concernent, de près ou de loin, la même famille avec ses drames et ses complexités. Ces trois terreurs d’hiver portent bien leur nom puisqu’elles font frissonner de froid de par l’ambiance hivernale qui s’en dégage mais aussi par les crimes qui ont été commis (petit avertissement pour les âmes sensibles, il est aussi question de mort d’animaux, surtout dans la première nouvelle qui contient un passage que j’ai sauté). Chaque histoire a ses propres saveurs : l’une nous entraîne dans une prestigieuse école que l’on dit hantée par une sorcière condamnée à mort des siècles de cela, la seconde se situe principalement dans le manoir d’un fortuné homme d’affaire sans scrupules hanté par les fantômes des victimes qui ont péri dans l’incendie de son usine, et la troisième nous entraîne dans la campagne anglaise dans laquelle un cannibale errerait.



Il s’agit de trois enquêtes savoureuses qui tiennent en haleine, où le coupable n’est pas toujours celui qu’on croit, où chaque détail même infime a son importance, et qui confrontent une nouvelle fois Sherlock Holmes au surnaturel. La recette reste la même que celle de La Bête des Stapleton et du Démon de Noël, même si les enquêtes semblent se diriger vers du fantastique, leurs résolutions sont terre à terre et nous prouvent que, sous le vernis du fantastique, se cache une réalité beaucoup plus logique et réaliste (même si l’auteur confronte Holmes et Watson au mythe lovecraftien de Cthulhu dans une trilogie). L’auteur a déjà utilisé cette recette pour ses romans, et c’est un élément que j’aime beaucoup. Il parvient à onduler entre le fantasme et le réel, à faire planer une atmosphère surnaturelle que la résolution purement logique ne gâte pas pour autant, logique et surnaturel s’effleurent pour ne jamais se rencontrer mais s’accordent avec brio pour nous offrir des enquêtes originales et frissonnantes.



J’ai retrouvé avec plaisir Holmes et Watson. S’ils différent quelque peu de leur version doylienne, ils sont respectés et si je déplore que Watson ait moins brillé ici, j’ai pris plaisir à le retrouver et voir ses interactions avec son ami, tout comme j’ai pris plaisir à lire ses scènes avec sa femme, Mary qui montre bien qu’elle est plus qu’une jolie femme. J’ai aimé les petites références aux autres aventures du canon holmesien mais aussi aux romans de Lovegrove lui-même, ce qui montre bien un souci de continuité de l’univers. Monsieur Lovegrove ne fait donc pas honte à Conan Doyle et son célèbre détective en lui offrant des enquêtes originales bien construites et rythmées. Encore une fois, j’ai passé un très bon moment auprès de Sherlock Holmes et du docteur Watson. J’ai frissonné de plaisir devant ces trois terreurs d’hiver.



Petit détail à m’avoir plu : l’auteur a dédié ce roman à Jeremy Brett, formidable interprète de Sherlock Holmes dans la série de Granada, en ces termes « qui fut indéniablement le meilleur Sherlock Holmes à l'écran (certains pourraient le nier, mais ils auraient tort) », avis que je partage de tout cœur !


Grayshott Grange rapetissait derrière nous. Holmes regarda autour de lui, observant les bois plongés dans l’ombre, la route de campagne défoncée et le ciel enténébré.

— Un homme peut ne pas croire au surnaturel, dit-il enfin, mais être néanmoins tourmenté par des spectres. Le regret est le fantôme qui ne connaît pas de repos. Il agite ses chaînes et chuchote sa plainte lugubre à l’oreille de sa victime chaque heure du jour, jusqu’à la mort, et il est impossible de ne pas l’écouter.

— Holmes…

— Non, dit-il d’une voix plus basse, comme s’il ne m’entendait pas, il est impossible de ne pas l’écouter.

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