Chez les Tannenbaum, on est petit.
Trois générations d'achondroplases, soit sept naines, gèrent Tannenland, le paradis des êtres miniatures. Deuxième curiosité alsacienne après la cathédrale de Strasbourg, cette famille n'a rien d'ordinaire.
Sauf peut-être Richard, 19 ans, le seul garçon de la tribu. Le seul grand, aussi...
"Il [Richard] se tortille un moment, inspire, se démarre comme une vieille voiture. Et se lance :
- Alors, euh... Il était une fois moi, qui vit avec sept naines."
En commençant ce livre, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, excepté qu’il était chaudement conseillé sur les quelques vidéos sur Youtube lorsque j’étais à la recherche d’idées pour ma PAL du Cold Winter Challenge.
Il m’a fallu une bonne dose de persévérance pour arriver au bout de ce roman, mais je ne peux pas dire que je regrette cette lecture. Les pages regorgent de remarques désopilantes ou de situations rocambolesques. Il y a beaucoup de fraîcheur et d’humour, le tout saupoudré de magie de Noël qui fait vivre cette adorable petite famille. Toutefois, dans un roman de plus de 300 pages, on finit par se lasser un peu des loufoqueries et je me suis longtemps demandée où l’auteure voulait en venir dans son histoire, et quel était le but de l’intrigue, outre nous plonger dans le quotidien de la famille Tannenbaum.
En effet, pendant une bonne partie du roman, il ne se passe pas grand-chose et on se contente de découvrir les différents personnages et de voir s’approfondir leur personnalité. Ce n’est que lorsqu’un événement vient frapper la vie de cette famille, et plus particulièrement Ludovika, et que cette dernière décide de secouer un peu sa famille concernant leur comportement envers Richard que ça commence à bouger. L’histoire prend donc du temps à se mettre en place, mais j’ai persévéré et je suis contente d’avoir lu jusqu’au bout et d’avoir découvert la fin, qui était émouvante [spoiler] je m’attendais d’ailleurs, avec ce roman de style cocooning/feel good et le thème de noël, que Ludovika allait s’en sortir et non pas succomber à sa maladie, l’auteure aura réussi à me surprendre de ce côté-là! [/spoiler]
J’ai donc été un peu perdue pendant au moins la première moitié du récit qui repose sur l’alternance de plusieurs temporalités au point que l’on perd un peu le fil des événements…et le nombre de personnages n’aide pas à mieux s’y retrouver ainsi que les dialogues qui s'entremêlent parfois avec les pensées des personnages. Bref, on peut facilement décrocher au milieu de ces paragraphes déroutants, sans compter l’humour assez particulier et cru parfois, qui ne sera certainement pas au goût de tout le monde mais qui fait toute l’ambiance du roman. Heureusement, j’ai trouvé ma lecture bien plus agréable lorsque j’ai abordé la deuxième partie avec une temporalité mieux définie, des personnages qui gagnent en épaisseur et l’intrigue qui se dessine un peu plus nettement.
J’ai pris plaisir à rencontrer la famille Tannenbaum, composée de sept naines et d’un grand gaillard, le seul garçon et le seul grand de la famille. On entre de plein pied dans les traditions de cette famille alsacienne haute en couleur, au langage franc, parfois vulgaire, et au tempérament décapant, et qui a fait de leur maison une véritable attraction touristique, un passage obligé lors des fêtes de Noël. Nous avons la grand-mère qui aime broder des insultes en alsacien pour mieux les vendre, la plus jeune de la famille qui aime reproduire des scènes de crime dans sa maison de poupée, la maman qui n’ose pas révéler son histoire avec le père de Richard, la cousine qui raffole des livres et qui a fait sa liste des choses à faire dans sa vie, l’autre cousine qui se prend pour Juliette Capulet à faire les yeux doux au fils de la famille rivale, etc. Avec cette panoplie de tempéraments différents, elles passent d’une émotion à l’autre tout au long du roman. Elles sont drôles, énervantes, touchantes.
Chacune de ces sept naines ont donc un caractère pétillant et original, ce qui n’est pas pour faciliter le quotidien de Richard. On prend en sympathie ce garçon, qui est réservé et plutôt effacé, qui a du mal à trouver sa place dans cette famille de femmes et de petites personnes, et qui tente de s’y adapter mais qui aime sa famille malgré tout, et on fond devant la complicité qu’il partage avec sa cousine, Ludovika, la seule à faire vraiment attention à lui. Elle va secouer sa famille, planter des graines par-ci par-là et semer un joyeux bazar. Il y a un profond attachement et beaucoup de complicité entre eux qu’on ne peut s’empêcher de trouver leur relation touchante. J’ai aussi beaucoup aimé me plonger au cœur de l’Alsace pendant la période des fêtes de fin d’année, avec les Tannenbaum qui sortent l’artillerie lourde pour fêter Noël et animer leur attraction, Tannenland, un domaine à leur image, à leur taille, jouant de cette singularité pour en faire une attraction très lucrative en fin d'année. On organise un spectacle, on prépare des bredeles, on se chicane en famille pour mieux se rabibocher, fabriquer des casse-noisettes, sans oublier le jargon alsacien… ça sent bon les épices de noël, un noël bien à l’alsacienne !
Malgré les longueurs, j’ai fini par m’attacher à la tribu Tannenbaum et à ses nombreux déboires, et je ne regrette donc pas d’avoir persévéré un peu dans ma lecture !
« Eh bien, Lulu en a assez. Elle veut bien être une naine, mais elle refuse de penser petit, rêver petit, aimer petit, bien à l’abri dans le terrier fait sur mesure pour les créatures comme elle ! Elle a lu tous les livres possibles et estime venu le temps de vivre son aventure à elle. Elle veut avoir mal, avoir peur, avoir faim, avoir envie. Elle veut ressentir des choses essentielles, importantes, majeures. Et si la prochaine étape est de mourir, soit. OK. Faisons ça. Mais c’est décidé : elle mourra grandement. »
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