Il était une fois un chasseur de monstres à la beauté redoutable nommé Silas. Sans attaches et désabusé, il ne rêve que d’une chose : prendre une retraite anticipée. C’est pourquoi, lorsque le seigneur Gaston lui offre plus d’argent qu’il n’en a jamais vu pour lui ramener la tête d’une effroyable Bête, il accepte sans hésiter. L’affaire semble facile, puisque le monstre ne quitte jamais les ruines d’un château au fond de la forêt.
Mais il aurait dû se méfier, car les apparences sont trompeuses...
Piégé dans le château par un coup du sort, Silas doit élucider plusieurs mystères... Et décider si c’est la tête ou le cœur de la Bête qu’il veut remporter.
Je poursuis ma découverte de la saga Contes des royaumes oubliés, avec ce nouveau tome. La Belle et la Bête étant l’un de mes contes préférés, j’étais curieuse de voir comment l’auteure allait le revisiter.
Silas est un chasseur de monstre aussi redoutable que magnifique. Il est pourtant solitaire et son travail ne lui attire pas que des sympathies. Aspirant à une retraite anticipée au bord de la mer, il accepte pour dernière mission celle que lui propose le seigneur Gaston, celle de traquer une Bête qui ne cesse de lui échapper. Silas s’infiltre donc dans son château mais s’aperçoit bien vite quelle singulière Bête il a face à lui. Si elle n’a rien à voir, à priori, avec les dires du seigneur Gaston, Silas doit mettre tout en œuvre pour gagner sa confiance pour l’approcher suffisamment pour pouvoir découvrir ses points faibles et la tuer. Mais, peu à peu, la Bête lui propose un mystère qui pique la curiosité de Silas. Résoudre cette affaire d’étrange malédiction se révèle peu à peu bien plus intéressant que de tuer la Bête.
J’ai beaucoup aimé cette revisite du conte, on s’éloigne très vite du film des studios Disney ou des autres adaptations. L’auteure a su reprendre les codes du conte tout en y apportant sa propre touche et des éléments originaux et nous offrir un univers dans lequel s’incorporent alchimie, magie, malédiction, l’omniprésence de la nature. L’aspect de la Bête en elle-même est original, ainsi que le fait de mêler le conte de La belle et la bête avec le mythe de la fontaine de jouvence (dont l’aspect peut également nous surprendre). L’auteure nous offre également le cadre d’un château en ruines au beau milieu d’une forêt hantée car elle atteinte d’une sorte de maladie qui s’appelle le Mal Gris. Partout où il se répand, tout meurt et perd ses couleurs. Chaque être vivant contaminé perd son esprit et son âme pour ne devenir qu’une coquille vide qui continue d’avancer, tel un zombie. Cette forêt est également infestée de chimères qui n’hésitent pas à attaquer le château.
Tout a un lien dans cette histoire avec la malédiction. Chimères, le Mal Gris, l’omniprésence des roses. Tout se rejoint progressivement de façon logique et c’était très intéressant à découvrir. J’ai pris plaisir à suivre l’enquête sur l’origine de la malédiction qui touche la Bête ainsi que le Mal Gris, les découvertes sordides de Silas et la Bête, toujours en quête de réponses sur la malédiction et sur l’histoire du roi cruel qui serait à l’origine de tout cela. L’enquête est donc réussie, et si j’avais mes doutes sur certains éléments (Gaston qui ne dit pas toute la vérité par exemple), l’auteure a su me surprendre par d’autres aspects.
L’auteure n’a pas su résister à utiliser la même trope que j’ai déjà trouvé dans Le Prince Cygne. À savoir que l’être maudit (Ode et ici la Bête) vit seul avec des amis qui le protègent et voient d’un très mauvais œil l’arrivée du nouveau venu, menaçant presque de le castrer s’il s’approche trop de leur ami, même si je dois avouer avoir trouvé plus intéressants Akim, ancien mercenaire devenu médecin, et Lianne, femme oiseau, que les amis d’Ode dans Le Prince Cygne. J’ai beaucoup apprécié la dynamique entre Silas, Damien, Lianne et Akim (ce qui était pourtant mal parti avec la méfiance tout d’abord constante – même si justifiée – d’Akim et Lianne envers Silas).
La romance n’est bien-sûr pas en reste. Silas et Damien, ainsi qu’est nommée la Bête, sont deux personnages radicalement différents mais qui se marient bien ensemble et se complètent. Silas est téméraire, cynique et désabusé tandis que Damien est hésitant, trop franc et plein d’idéaux, mais ce sont deux personnages égarés, en quête d’une liberté qui leur échappe, essayent simultanément de fuir le passé et de s’y accrocher, ils sont tous les deux décalés par rapport au monde (l’un trop beau, l’autre trop laid, possédant tous les deux des capacités hors normes). Le contact de l’un avec l’autre fait évoluer leur vision des choses et ils vont s’affranchir d’entraves qu’ils s’imposaient et s’épanouir. L’évolution que j’ai le plus apprécié était celle de Silas qui apprend à s’ouvrir, qui apprend ce qu’est d’aimer et d’être aimé, qui apprend ce que cela fait de vivre en communauté, avec des amis, tout comme Damien apprend également ce qu’est l’amour véritable et qu’il peut être aimé, malgré d’anciennes mauvaises expériences.
Malgré des thèmes sombres, l’humour est bien présent dans le roman, notamment avec Damien qui prend tout au premier degré et ne sait pas détecter le sarcasme ou Silas qui, tueur sanguinaire certes, se révèle fin gourmet très à cheval sur la cuisine. Je ne compte pas le nombre d’omelettes présentes dans ce roman ! Un des plats préférés de l’auteure ?
En résumé, l’auteure nous offre une réécriture originale et prenante du conte. L’auteure a su garder les bases du conte d’origine tout en se le réappropriant pour apporter sa touche. Mon coup de cœur a indéniablement été le personnage de Silas !
Silas lui sourit. Pour lui qui s’était frotté à ce que l’univers avait de plus violent et de plus cynique, c’était étrange de côtoyer quelqu’un qui s’emparait de la moindre chose pour la transformer en poésie. La mort, la solitude, le bois, l’oubli, l’écriture – Damien voyait le monde à travers un prisme étrange, légèrement décalé, qui transformait la vie en kaléidoscope étoilé. C’était difficile à suivre, en particulier pour un chasseur habitué à la réflexion froide et implacable nécessitée pour une survie de tous les instants, mais c’était… agréable.
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