Je crois que mon fils est gay est un manga feel good qui nous plonge dans l’intimité et le quotidien d’une famille japonaise ordinaire composée d’une mère de famille, ses deux fils, et son mari souvent en déplacement dû à son travail.
Nous suivons l’histoire du point de vue de la mère de famille, Tomoko. Celle-ci est une maman comme on en souhaite à tout le monde. Elle est joviale et bienveillante. Même si elle est parfois perdue, elle veut vraiment créer une atmosphère chaleureuse au sein de sa famille. Elle est tolérante, ouverte, aimante, elle ne juge pas, elle est patiente. Si le père a quelques idées reçues sur l’homosexualité et a parfois des remarques maladroites qui sont blessantes, il le fait sans se rendre compte de la portée de ses paroles, mais heureusement c’est un personnage qui se révèle plus ouvert d’esprit et qui va évoluer dans sa façon de voir les choses, sans oublier que son épouse et son plus jeune fils sont là pour le reprendre et le corriger. J’aime aussi comment Yuri soutient son grand-frère à sa façon, et Hiroki est un personnage touchant, adorable et drôle dans ses réactions.
Le mangaka nous peint des personnages réalistes, avec des qualités, des défauts, des passions mais comment, même avec toutes les meilleures intentions du monde, on peut se retrouver dans des situations difficiles ou douloureuses.
Le mangaka revient effectivement sur ces phrases que l’on a souvent entendues, même parfois prononcé, et qui semblent inoffensives de prime abord comme : « Quel gâchis ! » en apprenant qu’un homme est homosexuel, ou « Ce n’est pas viril / masculin » d’agir de telle façon, ou penser que si quelqu’un a un faible pour quelqu’un qu’il s’agit forcément d’une personne du sexe opposé, ou que si quelqu’un est gentil avec vous, ça veut dire qu’il est intéressé romantiquement parlant. Mais également le tort de penser que dans un couple, un des partenaires est forcément plus efféminé que l’autre, ou de penser que le yaoi dans la fiction et les couples homosexuels dans la réalité sont la même chose, le fait de romancer l’homosexualité en pensant que c’est comme dans les yaoi, ou que le yaoi est acceptable que si c’est entre deux hommes jeunes et beaux, etc. Ou encore que, si un garçon fréquente une fille, ça veut forcément dire qu’ils sont amoureux, les réflexions sur le mariage (vu soit comme la corde au cou, soit comme un accomplissement dans la vie).
À travers ses personnages, Okura le mangaka revient sur ces phrases et idées reçues et éduque sur ces sujets avec bienveillance. C’est un récit d’autant plus réaliste que le mangaka avait longtemps caché son orientation à sa mère et n’a fait son coming out que suite à la publication du premier tome.
J’aime beaucoup les dessins d’Okura. Les traits sont doux et ronds et agréables à la lecture. Concernant la fin du manga (5 tomes en tout), c’est une jolie fin, une fin juste, même si un peu frustrante car j’aurais aimé connaître le fin mot de l'histoire pour Hiroki et Daigo, mais je peux comprendre pourquoi Okura ne l’a pas fait car le but du manga n’est pas tant de savoir si Hiroki va finir avec son meilleur ami, mais bien la tolérance et la bienveillance, c’est de montrer à Hiroki qu’il est dans un environnement sain et qu’il sera toujours soutenu par sa famille.
En résumé, un manga d’une douceur et d’une bienveillance qui font du bien et dans lequel nous suivons une famille japonaise attachante. Une série feel good avec beaucoup d’amour maternel et une ode à la tolérance vis-à-vis de l’homosexualité. Cette petite famille va me manquer, mais je suis ravie d'avoir fait ce bout de chemin à leur côté !
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