De Souvenirs de Marnie, je ne connaissais que l’adaptation des studios Ghibli (que je recommande chaudement), le challenge estival me paraissait être une bonne occasion pour découvrir le roman d’origine.
Anna est orpheline. Elle vit avec les Preston, un couple aimant qui l’élève comme leur propre fille. Cependant, Anna reste une jeune fille introvertie, elle n’aime pas sortir avec les enfants de son âge, elle veut juste qu’on la laisse seule dans son coin, à lire ou à rêver. Cela tracasse de plus en plus Mme Preston qui décide de l’envoyer chez un couple d’amis, les Pegg, vivant au bord de mer. Si Anna a le sentiment qu’on se débarrasse d’elle en l’envoyant au loin, elle découvre avec surprise un nouvel environnement qui la charme instantanément et qu’elle peut explorer à sa guise, les Pegg la laissant occuper ses journées comme elle l’entend. Goûtant à cette nouvelle liberté, Anna explore les environs et découvre une vieille bâtisse qui la fascine ainsi qu’une jeune fille peu commune, Marnie, qui la fascine tout autant.
Je dois avouer que le début ne m’a pas marqué outre mesure, mais l’histoire se fait de plus en plus prenante par la suite. C’est un joli récit doux-amer dans lequel il règne une atmosphère paisible, emprunt de mélancolie et de douceur, ainsi qu’un aura de mystère autour du personnage de Marnie qu’Anna ne parvient entièrement qu’à cerner à la toute fin.
J’ai beaucoup aimé le personnage d’Anna en qui je me suis retrouvée. Ses pensées sonnent avec une telle justesse et en écho avec les miennes. C’est une jeune fille discrète, que tout le monde trouve trop sage et coincée, mais dotée d’une sensibilité très touchante. C’est une enfant qui a déjà été marquée par les épreuves de la vie, et qui préfère rester à l’écart du monde, pour ne pas être blessée. Marquée par les drames qu’elle a vécu, elle se sent abandonnée et incomprise par ceux qui lui sont proches et elle se retranche dans son monde, érigeant des barrières entre le monde et elle. Elle a été si marquée qu’elle vient à remettre en question la sincérité et l’amour qu’on lui porte. Ainsi, c’est une jeune fille solitaire qui se retire volontiers des interactions sociales et elle s’est forgée un masque de neutralité émotionnelle. Si sa famille d’adoption a raison de s’inquiéter pour elle, et essaye de faire des efforts, les Pegg laissent Anna agir à sa guise, ne la brusquent pas, tout en étant disponibles et bienveillants. Après tout, l’envie d’être seule, plutôt que mal accompagnée, n’est pas une tare.
Affiche et images provenant du film.
Sa rencontre avec Marnie va basculer son quotidien. Une amitié naît entre elles, à l’abri des regards et le roman se fait plus joyeux au fur et à mesure qu’Anna sort de sa coquille. Au gré de leurs rencontres secrètes, Anna se révèle à Marnie, confie ses peines, sa colère et ses doutes, en même temps qu’elle apprend à connaître Marnie, aussi solitaire qu’elle, qui a aussi son lot de malheurs alors qu’elle semble avoir tout pour être heureuse. Marnie est une jeune fille très sympathique, un peu girouette et paraissant inaccessible et fantasque mais elle n’est pas dénuée de charme et elle a bon cœur. Ce sont deux personnalités différentes mais qui se complètent.
Connaissant déjà l’histoire à travers l’adaptation animée, la magie autour du mystère de Marnie et l’effet de surprise n’ont malheureusement pas opéré, mais nul doute que si je n’avais pas vu le film avant de lire le livre, l’autrice aurait réussi à me berner jusqu’au dernier moment éminent car rien ne laissait présager les révélations étonnantes autour de Marnie et ce qui la lie à Anna.
Souvenirs de Marnie, c’est aussi un roman d’ambiance. Il s’y dégage une atmosphère et un décor dans lequel on rêve de se plonger, celui d’un bord de mer quasi sauvage, de magnifiques paysages côtiers anglais, le cri des oiseaux marins, les marées, l’odeur de la lavande de mer et le goût du sel dans la bouche, le sable sous les pieds, le soleil d’une journée d’été. J’ai beaucoup aimé découvrir, à travers les yeux d’Anna, ce paysage enchanteur, et en tomber amoureuse tout comme elle.
Souvenirs de Marnie est un joli roman jeunesse, emprunt de poésie, de mélancolie. Un récit doux-amer sur l’enfance et l’adolescence, la solitude, l’amitié mais aussi sur les dégâts que peuvent provoquer les secrets et les non-dits chez les enfants. Malgré tout, cela reste un roman plein d’espoir et, si je n’en garderai finalement pas de souvenir mémorable, je suis heureuse de l’avoir découvert et cela me donne envie de me replonger dans le film d’animation.
« Elle avait déjà passé de nombreuses après-midi couchée dans le sable, à écouter le bruit du vent dans les herbes hautes, la clameur des goélands et le doux murmure de la mer. C’était un peu comme être à la bordure du monde. Parfois, les goélands se rapprochaient et se disputaient bruyamment un poisson, d’autres fois, ils poussaient des cris mélancoliques dans le lointain, ce qui aurait presque fait pleurer Anna aussi, pas réellement, mais en silence, à l’intérieur. Leur complainte était si triste, si belle et ancestrale, qu’elle lui évoquait une chose agréable qu’elle aurait connue un jour, puis perdue et jamais retrouvée. »
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