"Le Jardin" est un cabaret parisien au succès grandissant dirigé par une femme. Toutes celles qui y travaillent ont un nom de fleur et l'ambiance y est familiale. Rose, un garçon de 19 ans, est né et a grandi dans cet établissement. Il souhaite à son tour être danseur et se produire sur la scène, devant un public, comme ses amies. Il va rapidement en devenir l'attraction principale.
Le Jardin, Paris était un titre qui me faisait de l’œil depuis ma lecture des Fleurs de Grand-Frère de la même auteure et qui s'inscrit parfaitement dans le Blossom Spring Challenge.
Nous sommes à Paris dans les années 1920. Nous plongeons dans l'intimité du Jardin, un cabaret très populaire de la capitale. Les danseuses portent toutes un nom de fleur et donnent un spectacle mêlant danse et sensualité chaque soir devant des spectateurs ravis et admiratifs. Parmi ces danseuses, il y a Rose, le fils de la propriétaire du Jardin. Étant né et ayant grandi au sein du cabaret, devenir une fleur était pour lui une évidence. C'est ainsi qu'il revêt des habits féminins et danse pour le public. Malgré le stress de ses débuts, il gagne vite une foule d'admirateurs, dont Aimé, jeune homme conquis par Rose dès le tout premier soir.
Rose est
un garçon charmant, doux, sensuel. Élevé dans un monde de femmes
et s'habillant comme elles, la question de son identité n'a jamais
posé question ou problème. Rejoindre ce milieu, en compagnie des
danseuses avec qui il a grandi, était pour lui une évidence, pour
ensuite s'y épanouir comme une fleur. J'ai suivi avec intérêt son
histoire. Si sa relation avec Aimé est mignonne,
j'ai davantage apprécié sa relation avec sa mère, Violette,
et les autres danseuses du cabaret. Si celles-ci ne sont que des
personnages secondaires dans l'histoire, elles ne sont pas mises de
côté et on apprend à les connaître et suivre l'histoire à leurs
côtés. Le Jardin n'est pas qu'un cabaret puisque
les danseuses y vivent, si bien qu'elles ont noué plus que des liens
professionnels et qu'elles nous semblent former une famille, liée
dans les joies comme dans les peines, avec les filles soudées comme
jamais et solidaires face aux épreuves.
Si
ma lecture a été plaisante, je dois avouer avoir été surprise de
n'y trouver aucun élément perturbateur [spoiler] l’article
du journaliste en est-il vraiment un puisque, finalement, il n'est
pas un antagoniste et que ça a boosté la popularité de Rose
? [/spoiler], aucune réelle péripétie, aucune action.
Personne ne s'étonne du travestissement de Rose qui
est rapidement adulé par tous. Il n'y a aucun conflit, le mode de
vie de Rose passe comme une lettre à la poste,
alors que je m’attendais à le voir rencontrer des difficultés à
travers des personnes beaucoup moins tolérantes et qui n'acceptent
pas la différence. Tout le long de l'histoire, tout va bien. Nous
sommes dans une version idéalisée des années folles.
Je
ne saurais dire si j'accroche ou non à ce choix scénaristique. D'un
côté, je m'attendais vraiment à ce qu'il y ait un élément
perturbateur, que Rose soit heurté à des obstacles
ou des critiques, ou du moins qu'il se passe quelque chose et cela
m'a déconcerté. L'auteure aborde le thème du travestissement, de
l'androgynie, l'identité de genre, ce qui est très bien mais j'ai
l'impression que ces sujets manquent de profondeur. C'est une
histoire très en douceur et très épuré. D'un autre côté, ça
fait du bien quand même de voir un monde sans conflit, où tout se
passe bien. C’est un monde idéalisé comme on aimerait le vivre
chaque jour. C'est emprunt de bons sentiments, de tendresse et de
poésie et ça fait du bien à voir pour une fois. Et peut-être que,
finalement, chaque histoire évoquant ces sujets n'a pas besoin
d'élément conflictuel ou d'opposition. Cela nous montre aussi que
tout peut se passer sans heurt, avec un esprit ouvert et avec
bienveillance.
C'est
aussi une plongée intéressante dans le monde du cabaret, de la
danse et de la musique. Les dessins sont très beaux et représentent
magnifiquement l’univers du cabaret. Les costumes sont sublimes et
les dessins arrivent à faire ressortir la magie de la danse. Le
trait est très doux, c’est tout en couleur et en lumière. J'ai
vraiment beaucoup aimé la façon de l'auteure de peindre les années
folles, surtout concernant les toilettes, la beauté joyeuse des
danses. J'ai admiré et même observé avec envie les habits
de Rose et des autres danseuses, qu'il s'agisse des
costumes de cabaret ou des vêtements de jour, combien j'aurais aimé
essayer ces robes !
En résumé, une histoire douce et bienveillante brillant de mille couleurs. Une jolie petite découverte.
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