jeudi 7 mars 2024

Changer l'eau des fleurs - Valérie Perrin.


Violette Toussaint est garde-cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se réchauffer dans sa loge où rires et larmes se mélangent au café qu’elle leur offre. Son quotidien est rythmé par leurs confidences. Un jour, parce qu’un homme et une femme ont décidé de reposer ensemble dans son carré de terre, tout bascule. Des liens qui unissent vivants et morts sont exhumés, et certaines âmes que l’on croyait noires, se révèlent lumineuses.

Après l’émotion et le succès des Oubliés du dimanche, Valérie Perrin nous fait partager l’histoire intense d’une femme qui, malgré les épreuves, croit obstinément au bonheur. Avec ce talent si rare de rendre l’ordinaire exceptionnel, Valérie Perrin crée autour de cette fée du quotidien un monde plein de poésie et d’humanité.



Changer l’eau des fleurs était l’un des romans que j’avais le plus hâte de lire pour le Blossom Spring Challenge, ainsi je n’ai pas tardé à l’emprunter le plus vite possible à la médiathèque pour le lire.



Que dire, à part : quel ENNUI total et Dieu merci, je n’ai pas dépensé un seul centime pour ce livre !


L’histoire est celle de Violette Toussaint (nommée ainsi car sa peau était de cette couleur quand la sage femme l’a trouvé à la naissance, si, si), garde-cimetière dans une ville de Bourgogne, une femme abîmée par la vie mais qui continue à prendre la vie comme elle vient, à chérir son travail, son quotidien, sa petite maison, ses amis. Elle a pris l’habitude de recevoir les gens de passage ou les habitués du cimetière dans sa maison, à leur prêter une oreille attentive, découvrir leur histoire et celle du défunt que ces gens viennent voir. Petit à petit, nous sommes amenés à découvrir la vie de Violette, les drames qui ont parsemés sa vie, comment elle est devenue ce qu’elle est, etc.


Il m’est rapidement devenu évident que l’histoire allait être longue, et ça ne va pas en s’arrangeant. Tout continue à aller à un rythme lent, j’ai d’ailleurs fini par survoler des pages sur la fin. Si le « mystère » autour d’Irène Fayolle et pourquoi elle veut reposer auprès d’un autre homme que son mari ne m’a fait ni chaud ni froid, j’ai eu un semblant d’intérêt pour l’affaire autour de [spoiler] la mort de la fille de Violette et comment son père cherche à découvrir la vérité [/spoiler], et la thématique autour du deuil d’un enfant était vraiment touchante. Il y a aussi eu quelques petites rencontres sympathiques parmi les gens que Violette est amenée à rencontrer, et le petit groupe gravitant autour de Violette forme une dynamique plutôt sympathique (les employés du cimetière et des pompes funèbres notamment).


Ce qui m’a sauté aux yeux était aussi l’omniprésence des histoires d’amour, et par n’importe lesquelles. Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que la quasi totalité des histoires d’amour n’était que l’objet d’une tromperie. Nous n’avons pas UN SEUL personnage, surtout féminin, qui ne trompe pas son conjoint ou qui n’est pas la maîtresse, sans que ces femmes veuillent quitter leur mari pour autant, sans doute pour ajouter de la tragédie à ces histoires d’amour, d’autant plus que ces femmes trouvent rarement leur grand amour auprès de leur mari mais toujours auprès de l’autre homme avec qui elles trompent leur conjoint. Qu’est-ce que je dois en déduire ? Qu’on ne peut connaître l’amour véritable qu’en trompant son conjoint et en allant coucher ailleurs ? Vu la panoplie de personnages et les histoires qu’ils racontent sur eux et sur le défunt qui leur est cher, je ne m’étonne pas de trouver des histoires de tromperie… mais enfin, quand c’est la quasi totalité des personnages, on est quand même en droit de penser que c’est exagéré, et que c’est romancer les histoires d’infidélité au maximum. À croire que l’auteure est allergique aux histoires d’amour sans infidélité.


Enfin… est-ce que je peux parler d’histoires d’amour quand il s’agit plus exactement d’une sorte d’« amour passion » qui est complètement déconnecté de la réalité, une sorte de folie qui prend chacun de ces personnages sans qu’on en perçoive la chaleur ou l’alchimie, d’autant que certaines de ces relations sont très discutables (un demi frère et une demi sœur, une tante et son neveu, etc), des viols banalisés, etc.


Le concept était pourtant intéressant. Notre personnage principal qui exerce le métier peu commun de gardienne de cimetière, découvrir davantage ce métier méconnu, les rencontres que Violette fait à travers son métier, découvrir ces personnes et leur histoire ainsi que l’histoire du défunt. L’occasion de découvrir une panoplie de vies différentes et passionnantes… mais la plupart de ces histoires ne sont que des romances et des infidélités. Pour l’originalité et la diversité, on repassera…


Ajoutez à cela des phrases dites à la Anna Gavalda, c’est-à-dire avec des métaphores qui ne tiennent pas debout, des phrases qui se veulent poétiques ou philosophiques mais qui sonnent très étranges. Vous voulez des exemples ?


« Je suis gardienne de cimetière, je ne bois que des larmes »
« Quand une femme perd son mari, on l'appelle une veuve. Mais quand une femme perd son amant, comment l'appelle-t-on ? Une chanson ? »
« L'automne est une berceuse pour la vie à revenir. »
« 
Mon mari avait 10 ans de plus que moi quand je l'avais rencontré. Cette différence d'âge lui donnait de la hauteur. J'avais l'impression d'être un papillon qui regarde une étoile »


De façon paradoxale, d’autres dialogues sont écrits avec une certaine vulgarité, notamment les scènes de sexe (et il y en a…), par exemple « Il m'a retournée. Sans me regarder. Il a baissé ma culotte, il a écarté mes cuisses. Pas de caresses. Pas de mots du tout. Il m'a baisé par derrière sans me regarder, me faisant pousser des cris de truie qu'on égorge » (très romantique tout ça…), ce qui ne colle pas avec l’ambiance générale du livre qui baigne le plus souvent dans le pathétisme et le tragique. Nous avons donc affaire soit à des dialogues crus, des longueurs, des répétitions, ou bien des phrases incompréhensibles dans leur poésie ou philosophie… Personne ne se parle comme ça dans la vraie vie, ce n’est vraiment pas crédible !


Concernant les personnages, je ne les ai trouvé ni attachants ni mémorables, y compris l’héroïne que j’ai trouvé insipide, apathique et manquant cruellement de caractère ou encore son mari qui est passé de salaud à victime le plus simplement du monde. Il y a quelques personnages comme LéonineSasha et Célia qui sauvent un peu les meubles, mais sans plus.


Bref, c’est un roman avec un concept de départ intéressant, il y a de bonnes idées, quelques passages sympathiques mais ça reste un pêle-mêle d’histoires sans queue ni tête, un roman composé à 99 % d’histoires de tromperies, avec une écriture déconcertante. Ce roman n’était vraiment pas fait pour moi. Après, je ne juge pas ceux qui l’ont adoré, à chacun ses goûts… Il faut dire que l’histoire a un vrai potentiel sympathique, mais je m’attendais à quelque chose de différent. J’admets ne pas être le bon public pour ce roman et je le laisse volontiers à d’autres lecteurs/trices plus enthousiastes que moi.


En général, les visiteurs aiment se prendre les pieds dans les chats du cimetière. Beaucoup d'entre eux se disent que leur défunt se sert des félins pour leur faire un signe. Sur la tombe de Micheline Clément (1957 - 2013) il est écrit : "Si paradis il y a, paradis ne sera que si j'y suis accueillie par mes chiens et mes chats."

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