Encore aujourd’hui, on prétend que le château de Bran, en Transylvanie, était la propriété du comte Dracula. Rares sont ceux qui s’arrêtent dans cet hôtel reculé, cerné par la neige et la glace. L’endroit paraît habité par des fantômes depuis la nuit des temps.
C’est là que la jeune inspectrice Mina Dragan est envoyée pour enquêter sur un meurtre étrange. Un cadavre gît dans une chambre. Celui de l’unique client de l’établissement. À ses côtés traîne une vieille malle verrouillée. Avant de disparaître, l’assassin a inscrit un tatouage énigmatique sur la main de sa victime.
Mina Dragan ne le sait pas mais c’est pour elle le début d’un jeu de piste terrifiant qui lui fera découvrir la face cachée et peut-être pas si imaginaire des contes de fées de notre enfance.
Et si la clé de tous ces mystères se trouvait dans un seul livre ?
Un livre fondateur.
Il était une fois Transylvania…
J’ai commencé ce roman avec beaucoup d’enthousiasme, mais voilà que je clos le livre avec beaucoup de frustration. Ce roman n’a pas été ce à quoi je m’attendais.
En voyant la couverture puis en lisant la quatrième de couverture et les premiers chapitres, je m’étais vraiment attendue à un polar dont l’action se situerait au château de Bran et dont l’intrigue se ferait essentiellement autour du roman Dracula, d’autant que nous avons un meurtre qui s’est produit au château de Dracula, une inspectrice qui s’appelle Mina Dragan (Mina d’après le personnage du roman, et le nom de famille qui évoque le mot ‘dragon’ que l’on associe aussi à Dracula). Ainsi, j’ai été quelque peu décontenancée quand j’ai vu que notre protagoniste ne restait finalement que peu de temps en Transylvanie et dans le château de Bran et que l’intrigue prenait une direction que je n’avais pas envisagée : celle des contes de fées.
En effet, notre assassin impose à notre jeune inspectrice une sorte de jeu de piste où elle doit traquer chaque indice qu’il lui laisse, chacun en rapport avec les contes des frères Grimm et plus particulièrement l’histoire de Blanche-Neige. En soi, ça n’a pas été une direction qui m’a déplu, loin de là, même si j’aurais bien aimé une intrigue où le mode opératoire de l’assassin se serait inspiré de Dracula. J’ai néanmoins trouvé intéressant un polar où l’assassin s’inspirait de l’univers des contes de Grimm, j’ai aimé la traque de l’inspectrice, son séjour en Allemagne, la découverte des indices liés aux contes. C’était intéressant, haletant même. Mais on est tout de même en droit de se demander pourquoi intituler le roman « Transylvania » quand cette région mythique n’est que la très courte étape d’une intrigue rocambolesque dans laquelle notre assassin va faire balader notre héroïne de pays en pays.
D’ailleurs, c’est Wonder Woman, notre héroïne. Elle n’a pas besoin de beaucoup manger ou dormir pour rester toujours aussi opérationnelle qu’avant. Elle est malmenée, brutalisée, se fait attaquer, mais elle ne s’en sort pas trop mal… Elle se jette sur les suspects sans perdre haleine, oubliant les coups et blessures reçus… Et elle se fait balader de pays en pays, de la Roumanie à l’Allemagne en passant par la Chine… le tout sans rouspéter, sans ressentir la moindre fatigue morale ou physique, wow ! Plutôt irréaliste…
Que l’intrigue n’ait finalement pas grand-chose à voir avec Dracula et qu’elle s’inspire des contes de Grimm, pourquoi pas ? L’ennui, c’est que même les contes sont laissés de côté et l’intrigue devient une véritable réflexion sur l’IA et sur la baisse de la lecture, et sur les jeunes qui privilégient les écrans à la lecture, avec notre assassin et kidnappeur qui nous sort tout un speech, avec trois pages de statistiques sur la baisse de la lecture chez les individus depuis une certaine période, et ensuite sur les dangers de l’IA. Alors, le propos est très pertinent, et ces sujets sont dignes d’intérêt et malheureusement plus que d’actualité.
On peut y voir une manière pour lui de tirer la sonnette d’alarme, ce que j’entends et je suis d’accord, mais c’est vraiment amené de façon maladroite et abracadabrantesque et j’ai vraiment l’impression que c’est manichéen avec cette opposition stricte entre lecture et numérique, les jeunes qui scrollent sur les réseaux pour combler en vain un vide intérieur. Si je suis d’accord avec l’idée que l’on doit continuer à encourager la lecture et ne pas tout laisser entre les mains de l’IA, sous peine de perdre sa capacité de rêver, analyser et réfléchir, et de mettre en garde sur l’addiction aux écrans, la manière de l’assassin de s’y prendre était vraiment trop farfelue pour que je prenne son propos au sérieux, et donc celui de l’auteur. Un message intéressant et pertinent mais la façon de le formuler était… étrange.
Ce n’est pas un mauvais thriller, ce n’est juste pas ce à quoi je m’attendais, j’ai été déconcertée plusieurs fois par le changement de sujet. Le propos de fond est pertinent et intéressant mais amené de façon trop étrange pour que je le prenne entièrement au sérieux (à l’image de notre assassin). Ce n’est pas une mauvaise lecture en soi, il y a des aspects que j’ai beaucoup aimé, mais j’en ressors avec un avis globalement mitigé…
Cette affaire avait été si dense et l'avait emmenée dans des lieux et des histoires à ce point hors du temps qu'elle se sentait déconnectée du présent. Comme si les plaines désertes et enneigées de Transylvanie, les arches gothiques du château de Bran, l'étrange forêt de Blanche-Neige, l’hypnotique présentation de Grimm l'avaient transportée dans un monde imaginaire d'où elle avait du mal à revenir.
