Je n’avais pas prévu de lire Stephen King aussi tôt, mais l’appel d’un livre est parfois difficile à résister !
Kevin Delevan reçoit, le jour de ses quinze ans, un appareil photo Polaroïd, un Soleil 660. Ravi, il l’essaie sans attendre en prenant une photo de sa famille. Sauf que ce n’est pas une photographie de sa famille qui en sort mais celle d’un chien noir près d’une barrière blanche. Sans comprendre, Kevin réessaye. À sa stupéfaction, l’appareil ne prend pas les photographies qu’il veut et ne renvoie que des photos du même molosse. Kevin décide alors d’aller faire examiner l’appareil chez Pop Merill, un brocanteur vieux et rusé. Après étude des photographies, Kevin s’aperçoit que le chien se rapproche de plus en plus du photographe. Pop Merill, lui, voit une occasion de gagner beaucoup d’argent en revendant l’appareil à de riches passionnés de paranormal, sans se douter que les étranges pouvoirs de l’appareil pourraient bien le dépasser…
La force du roman, et la raison qui m’a poussé à le lire, est son concept qui promet quelque chose d’original et de frissonnant, entre l’horreur et le fantastique : un appareil qui ne prend pas en photo ce que le photographe désire mais les mêmes photos, celles d’un énorme chien effrayant. D’abord, on pense qu’il s’agit des mêmes photos et que c’est un chien banal, sauf que plus l’appareil prend de photos, plus on s’aperçoit que le chien et les paysages bougent, et que le chien se retourne vers le photographe et s’avance vers lui, devenant de plus en plus effrayant et menaçant au fur et à mesure qu’il s’approche de l’objectif, laissant deviner que ce chien peut très bien sortir de l’appareil et s’en prendre au photographe. L’auteur a très bien su retranscrire la menace pesante sur les personnages, la transformation du chien en une chose monstrueuse et dangereuse, l’angoisse grandissante au fur et à mesure qu’il s’approche.
Tout semble à croire que le chien fait partie d’un autre monde dont il essaye de s’échapper, un monde dans lequel le photographe d’origine a pris les photos. On ne sait au final pas grand-chose de l’appareil. Il s’agit sans aucun doute d’un objet possédé, surnaturel puisque son détenteur ne peut s’empêcher de s’en servir compulsivement et peut le mener jusqu’à la folie. On ignore quel est le photographe à l’origine de ces photographies ni d’où sort le chien, si ce n’est peut-être des enfers, ni d’où viennent les personnages dans le monde Polaroïde qui semblent maudits car enfermés dans ce monde en deux dimensions.
Quant aux personnages, nous suivons principalement Kevin et le brocanteur, Pop Merill, un être dont la cupidité sera punie mais d’une façon bien atroce. Kevin est un personnage efficace, sans plus, mais assez malin pour se douter le premier de l’aspect surnaturel de l’appareil et à avoir rapidement deviné le danger. J’ai aimé sa complicité avec son père qui décide, malgré ses jugements, de suivre son fils et de lui faire confiance dans cette étrange affaire et qui a un passé sombre avec Merill.
L’histoire présente toutefois quelques longueurs, nous présentant des passages dont, je trouve, on se serait bien passé et qui n’apportaient pas grand-chose à l’histoire, et qui ralentissaient le rythme. Je pense qu’il a pu s’agir d’une façon pour l’auteur de ne pas arriver tout de suite à la résolution de l’histoire et de faire jouer le suspense, sauf que j’ai plutôt ressenti ça comme des longueurs. Toutefois, il est impossible de relâcher le livre lorsque la dernière photographie est prise et que l’appareil se détruit alors que le molosse en sort, ainsi que la façon de Kevin de piéger le chien et surtout l’épilogue qui se termine sur un cliffhanger frissonnant !
Pour résumer : Ce n'est pas le meilleur Stephen King et il souffre de longueurs mais le concept est intéressant et l'écriture de l'auteur reste plaisante à lire, donc je pense vraiment qu'il vaut le coup d'oeil, et qui est garanti sans traumatisme, juste peut-être quelques frissons !
Le chien - d'ailleurs ce n'était pas un chien, ce n'en était plus un, mais il fallait bien le désigner d'une manière ou d'une autre, même molosse devenait insuffisant - n'avait pas encore commencé à bondir sur le photographe, mais il s'y préparait [...] La tête de chien était complètement méconnaissable. Tordue, déformée, on aurait dit un monstre de foire qui n'aurait eu qu'un seul œil, noir et méchant, ni rond ni ovale, mais plus ou moins coulant, comme un jaune d'œuf dans lequel on aurait piqué la fourchette. Son museau était devenu un bec noir dans lequel deux profondes narines étaient percées, de chaque côté. De la fumée montait de ces trous - comme les fumerolles sur les flancs d'un volcan ? Peut-être - à moins que ce ne fût son imagination.
9.
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