lundi 26 octobre 2020

Salem - Stephen King.


Le Maine, 1970. Ben Mears revient à Salem et s'installe à Marsten House, inhabitée depuis
 la mort tragique de ses propriétaires, vingt-cinq ans auparavant. 

Mais, très vite, il doit se rendre à l'évidence : il se passe des choses étranges dans cette petite bourgade. Un chien est immolé, un enfant disparaît, et l'horreur s'infiltre, se répand, aussi inéluctable que la nuit qui descend sur Salem.






En lisant le titre, on peut s'attendre à une histoire de sorcières. Il n’en est rien. Salem, ou Jerusalem’s Lot en VO, est inspiré du célèbre roman de Bram Stoker, Dracula, que Stephen King affectionne. Alors qu’il s’était penché sur le mythe du loup-garou avec L’année du loup-garou, Stephen King revisite ici le mythe du vampire.



Ben Mears est écrivain. Il décide de retourner dans sa ville natale, Salem dans le Maine (ville fictive) après la mort de sa femme, dans le but d’écrire un livre sur la ville et plus particulièrement Marsten House, une maison inhabitée qui est connue pour avoir été le théâtre de la mort violente de ses anciens propriétaires. Alors que Ben projette d’acheter la maison, il découvre avec stupeur qu’elle a déjà été vendue à un dénommé Straker et son collaborateur Barlow, et qu’ils ont ouvert un magasin d’antiquités en ville. Ben se résout à écrire son livre malgré tout et il s’installe en ville où il fait la connaissance Susan Norton, avec qui il noue une relation amoureuse, ainsi que Matt Burke, professeur, avec qui il va se lier d’amitié. C’est alors que des enfants disparaissent, des corps sont retrouvés et des habitants tombent malades…



Je suis ressortie complètement conquise par ce roman ! Salem est un roman qui a su me tenir en haleine du début à la fin, malgré ses longueurs. Je n’avais pas été aussi happée par une histoire de vampires depuis Dracula et Entretien avec un vampire.



Si Salem ne réinvente pas le mythe du vampire, il se présente toutefois comme un excellent roman pour ceux et celles qui aiment les vampires « classiques », ceux qui craignent le soleil et les symboles religieux, ceux qui se présentent comme des êtres charismatiques mais sanguinaires, qui séduisent autant qu’ils répandent la terreur. Leurs victimes transformées n’ont plus rien de la personne qu’elles étaient, mais sont devenues des créatures qui n’ont pour but que de se nourrir et d’obéir à leur maître. Si Barlow n’apparaît pas tout de suite, au profit de son serviteur Straker (clin d’œil au nom de Stoker, l’auteur de Dracula ?), j’ai beaucoup aimé Kurt Barlow qui, à l’inverse du film de 1979 qui le représente à l’image de Nosferatu, est un vampire européen qui ne manque pas de charisme et qui se présente comme un adversaire redoutable, sans oublier Straker qui sait être un antagoniste intéressant, sans rester dans l’ombre de son maître.

La terreur est menée avec talent, avec des scènes qui peuvent rendre mal à l’aise le lecteur [spoiler] notamment celle où, après avoir enterré un jeune garçon, l’employé se demande si les yeux du défunt sont bien fermés et qui déterre le cadavre pour en avoir le cœur net, ou encore la scène où le jeune Mark est réveillé en pleine nuit par un de ses amis, transformé en vampire, gratte à sa fenêtre et cherche à le convaincre de le faire entrer [/spoiler]. Je ne suis pas phobique des rats mais l’auteur aura presque réussi à me les faire craindre, sans compter des scènes horribles (il n’y a que dans des romans d’horreur que cet adjectif est un compliment) qui me hantent encore.



Stephen King distille le suspense à merveille, avec des phrases bien tournées qui installent une atmosphère lourde, pesante avec la tension qui monte peu à peu. Il a merveilleusement travaillé son roman (écrit à 25 ans, je suis jalouse), avec l’horreur qui se met lentement mais sûrement en place, comme un mal qui gangrène progressivement la ville de Salem. Cela commence avec une disparition, puis deux, puis plusieurs, les habitants qui sont atteints d’une étrange maladie avant de mourir ou de disparaître, et c’est une maladie bien contagieuse et dangereuse que le vampirisme !



Stephen King ne se contente pas d’écrire une histoire de vampire. Il nous présente une ville et ses habitants d’une façon telle qu’on a l’impression d’en faire partie. Il prime sur la réalité et nous décrit des situations courantes, des pensées et détails anodins, le quotidien des personnages. C’est la bourgade classique où les habitants se connaissent et ont leurs petits secrets ou soucis. L’ensemble nous paraît anodin, mais ce n’est jamais sans but. Si des personnages, même secondaires ou tertiaires, apparaissent régulièrement dans le roman, c’est pour un but précis : ils vont jouer un rôle dans l’intrigue… ou du moins, ils vont passer un sale quart d’heure ! L’auteur prend le temps de nous présenter chaque personnage et de tisser des relations entre eux.



Les personnages récurrents m’ont tous été sympathiques pour la plupart, avec une préférence pour Ben Mears, l’écrivain hanté par Marsten House, le médecin Jimmy Cody, le jeune Mark Petrie (qui n’a pas peur des grosses brutes, est très capable et qui serait même capable de manger Pennywise au petit-déjeuner) ainsi que le père Callahan, prêtre à la foi vascillante. Ils sont tous profondément humains, avec leurs forces comme leurs faiblesses. Ils sont courageux et pourtant ils doutent, ils ont peur, ils pleurent parfois. Ils traquent Barlow parce qu’ils n’ont pas le choix et le vampire sait se montrer rusé et instaurer une pointe de doute.



Marsten House, telle que représentée dans l'édition Special Deluxe du 
roman (2016) que je ne cesse de pleurer car il s'agit d'une édition limitée
et donc impossible à trouver.

Ce sont des personnages touchants et réalistes que les épreuves vont rapprocher. J’aurais toutefois aimé que [spoiler] le père Callahan ait continué la lutte, même après avoir été souillé par Barlow, c’est dommage parce que le personnage a du potentiel et sa confrontation avec Barlow est ma scène préférée de tout le roman [/spoiler]. J’ai particulièrement aimé les scènes avec Mark, qui m’a plu dès sa première scène où il a remis une brute à sa place, et j’ai aimé son rapprochement avec BenStephen King nous fait nous attacher à eux, mais aussi craindre pour eux. Certains vont mourir, et même atrocement. Ceux qui survivent gardent des séquelles. C’est plus qu’un roman où des personnages traquent un vampire, c’est un roman où ils essayent de survivre alors que Salem sombre peu à peu et tombe dans les griffes de Barlow.



Le roman peut faire peur car il s’agit d’un pavé de 800 pages. Pourtant, une fois plongée dans ce roman, je n’ai pas vu le temps passer tant j’étais happée par ce livre. Si les références à Dracula sont nombreuses, il ne s’agit pas d’un plagiat du roman car Stephen King nous offre une histoire à part. Si elle ne m’a pas fait peur, je ne peux nier que plusieurs scènes sont prenantes, avec une atmosphère pesante, avec un aspect de course contre la montre, vers la fin, avec une fin qui n’est ni heureuse ni noire, mais plutôt mélancolique.



Mon édition comporte également une nouvelle sur la ville de Salem dans les années 1700, où l’on découvre que, même avant l’arrivée de Straker et Barlow, le mal était déjà ancré dans Marsten House ; ainsi que de nombreuses scènes coupées qui, pour certaines, nous présentent une fin alternative pour certains personnages, ce que j’ai beaucoup apprécié et qui m’a donné l’occasion de prolonger le plaisir de la lecture.



Arrivée à la fin du roman, je ne peux que remercier le maître King pour ces merveilleuses heures de lecture, en compagnie de monstres menaçants, de héros ordinaires mais attachants et une histoire qui tient en haleine. Voici un roman que je ne suis pas prête d’oublier et qui continuera à me hanter.


L'adaptation de 1979, classique pour les fans de King, a choisi de représenter
Kurt Barlow à l'image de Nosferatu. En revanche, dans le roman, il 
finit par prendre une apparence similaire à celle de la première image.


- Y a pas de fantômes dans cette vieille maison ? demanda-t-il, voyant que le type ne se décidait toujours pas à bouger.
- Des fantômes !
L'inconnu sourit et il y avait quelque chose d'inquiétant dans ce sourire. Si un requin pouvait sourire, ça ressemblerait à ça.
- Non, non... pas des fantômes.
Il insista sur le dernier mot, comme pour signifier qu'il y avait quelque chose d'encore pire.

1 commentaire:

  1. le troubadour Emmanuel26 octobre 2020 à 22:53

    un coucou par ici Marion
    en passant découvrir tes nouveaux articles
    ah le talentueux Stephen King avec de nombreux et bons livres dont certains adaptés en films ou séries télé
    bises et A+ du troubadour Emmanuel

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