mardi 26 octobre 2021

Hugo de la nuit - Bertrand Santini.

« L'oncle d'Hugo allait presser l'interrupteur de la lampe de chevet lorsque l'enfant le retint par la main. 

- Attends... J'avais encore une question à te poser... 
- Quoi donc ? sourit son oncle. 
- Je me demandais... Tu penses qu'un mort, ça peut se déterrer tout seul ? 

Son oncle écarquilla les yeux pour souligner l'absurdité de la question. 

- « L'enfer est vide. Tous les démons sont parmi nous », dit-il dans un souffle. 
- Qu'est-ce que ça veut dire ? 
- C'est du Shakespeare et cela signifie que les vivants sont plus à craindre que les morts. Hugo fronça les sourcils d'un air dubitatif. 
- Et sur ce constat d'épouvante, conclut Oscar dans un large sourire, je te souhaite de beaux rêves ! 

D'un clic, il éteignit la lampe de chevet. Hugo entendit ses pas s'éloigner dans le noir. La porte se referma sans bruit. Maintenant, la nuit pouvait commencer... »


Un roman déroutant, voilà ce que je retiens d’Hugo de la Nuit.


J’ai débuté ce roman sans avoir d’idée précise sur l’histoire, je me suis laissée tenter par la couverture que je trouve très jolie. Au fil de ma lecture, j’ai trouvé des airs aux Noces Funèbres de Tim Burton et à L’étrange vie de Nobody Owens de Neil Gaiman, ce qui n’était pas pour me déplaire. L’intrigue envoie du lourd ! Un jeune garçon de 12 ans trouve la mort, en tentant d’échapper à l’assassin de sa famille, en pleine nuit, et se réveille, entouré des fantômes du cimetière local. L’auteur a démarré fort et n’a pas peur d’aborder à un public jeune le thème de la mort et de l’au-delà ainsi qu’un univers réaliste où le profit domine et peut amener à faire des choses terribles, alors que les parents de notre héro tentent de protéger la faune et la flore de leur domaine lorsqu’un puits de pétrole est découvert.


L’intrigue part parfois dans les tons sombres et macabres, ce qui n’est pas sans rappeler Tim Burton. C’est un vrai petit conte macabre et fantastique dans lequel notre jeune héro évolue en compagnie d’un groupe de fantômes, avec humour et loufoquerie. Nos fantômes sont déjantés et hauts en couleurs, chacun racontant à Hugo l’histoire de leur vie et, plus exactement, comment ils ont quitté leur vie. Toutefois, je déplore un manque de profondeur et de maturité auprès de ces fantômes… trop de loufoqueries tue la loufoquerie. Je dois également avoué avoir été… perturbée par certaines scènes, dont une assez malaisante [spoiler] la scène où Nicéphore, fantôme d’un homme décédé à 30 ans, téter le sein de sa mère morte en couche à 17 ans… je n’ai d’ailleurs pas du tout aimé cette relation. Adélaïde reproche sans cesse à son fils d’être morte en lui donnant naissance, qu’être mère est terrible, pour ensuite devenir un peu plus maternelle et forcer son fils à téter son sein. Cette scène m’a répugné et n’a servi à rien [/spoiler]. Certains fantômes manquaient même cruellement d’empathie envers Hugo, lui reprochant d’exagérer son choc pourtant légitime à se découvrir mort. Vouloir dédramatiser la mort, pourquoi pas, mais à force ça en devient lassant...


Le roman ne manque pas de rebondissements, et contient même des moments de pur suspens (je pense notamment à la scène de course poursuite nocturne), de drôlerie et de poésie, et j'ai bien aimé nos fantômes… malheureusement, cela s’est noyé progressivement dans l’absurde. Au fil de l’histoire, j’ai moins accroché à l’humour et à la loufoquerie de nos fantômes. Je pense notamment à la seconde partie du roman où tout part dans tous les sens, cela se rattrape avec le dénouement du mystère de l’homme masqué qui s’en est prit à la famille d’Hugo (bien que ce soit devenu prévisible), avec une fin intéressante concernant l’assassin.


Malgré tous ces points négatifs, ne vous y trompez pas : il y a du bon dans ce roman mais qui, selon moi, n'a pas été exploité jusqu'au bout. Le fait de suivre Hugo dans sa mort, après une scène de course-poursuite inquiétante, c'était original, audacieux, prometteur… mais je suis restée sur ma faim, avec cette impression que ça a été survolé. De la même manière, si j'ai trouvé le « dénouement » pour le moins sympathique et le twist final bien mené (on ne sait vraiment plus ce qui est réel et ce qui ne l'est pas), c'est arrivé assez rapidement.



Après, ce roman n’est pas une déception pour autant, disons qu'il y avait des scènes auxquelles j'ai moins adhéré et que je suis restée sur ma faim, avec cette sensation de survolement. Il y a de bonnes idées, et un univers entre le macabre et le loufoque, un peu à la Tim Burton qui m’a plu. Je ne suis juste pas le bon public pour ce roman acclamé par d’autres lecteurs, jeunes comme adultes.

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