1851. Roan emménage à Mill House pour y vivre avec son nouveau tuteur après le décès de son père. Elle y fait la rencontre d’autres orphelins. Mais quand elle comprend qu’elle est liée à un ancien secret, elle décide de s’échapper avant qu’il ne soit trop tard… Avant que les brumes de ne se referment complètement autour du manoir.
1583. Hermione, jeune mariée, accompagne son époux dans les terres sauvages du nord du Pays de Galles où il a prévu de construire une maison et un moulin à eau. Mais bientôt, des rumeurs concernant des rituels démoniaques se propagent…
3 femmes, 3 époques différentes, toutes liées par un Pacte Impie. Un pacte signé par un homme qui, plus de mille ans plus tard, est peut-être encore là…
Une atmosphère brumeuse, une maison mystérieuse, un inquiétant bouc aux yeux rouges, de la magie noire, un pacte avec le diable. Un roman avec une ambiance parfaite pour Halloween.
Après la mort de son père en 1851, Roan Eddington est envoyée vivre à Mill House, une maison isolée au fin fonds de la montagne, chez son nouveau tuteur, le docteur Maudley, qu’elle n’a jamais rencontré. Elle y rencontre Emma et son jeune frère handicapé Seamus qui se trouvent dans la même situation qu’elle. Roan s’interroge sur ce tuteur dont elle n’avait jamais entendu parler, ainsi que cette maison et ces montagnes qui paraissent bien mystérieuses et inquiétantes, alors que des phénomènes étranges apparaissent et qu’un énorme bouc noir semble la suivre. De nos jours, Zoey cherche à comprendre ce qui est véritablement arrivé à son père et fugue en compagnie de Poulton, son meilleur ami, dans le but de retrouver Mill House, dans laquelle son père a enquêté jusqu’à en perdre la raison. Elle y découvre des écrits de Roan Eddington et ressent une présence… pas de doute, ils sont observés.
Ce qui m’a attiré avant tout, c’est la couverture.
Elle est particulièrement réussi, avec un magnifique dessin, qui laisse présager une atmosphère brumeuse et une ambiance délicieusement gothique.
En lisant le résumé, j’avais craint qu’une narration divisée en trois point de vue (et époques) différents m’aurait emmêlé les pinceaux ou que j’aurais ressenti des longueurs en préférant une protagoniste à l’autre. Toutefois, bien que nous suivons trois jeunes femmes d’époques différentes, le focus reste assez inégal. Celle dont l’histoire se focalise essentiellement est Roan, celle avec qui nous allons essentiellement avancer dans l’histoire et découvrir ce qu’il s’y trame. Nous avons quelques retours à notre époque avec Zoey, qui m’ont un peu moins intéressés, surtout au début et de par la présence d’un vocabulaire plus moderne et parfois familier, ainsi que le tempérament rebelle, obstiné et parfois effronté de Zoey, et que les chapitres sur Zoey cassent l’aspect gothique/horreur du récit. Mais cela s’améliore au fur et à mesure que nous avançons dans l’histoire, que des phénomènes inquiétants apparaissent et que des secrets sont découverts, ainsi qu’une relation F/F touchante, et c’est avec Zoey que nous terminons l’histoire.
Il y a également Hermione, qui n’apparaît malheureusement que brièvement et sous la forme de son journal intime dont nous découvrons quelques paragraphes au goutte à goutte. Elle reste assez effacée par rapport aux deux autres personnages, ce qui est dommage, car c’est avec elle que l’histoire a commencé, elle est la première occupante de Mill House et de par ce qu’elle a vécu, il y aurait eu tant de choses à dire et que son rôle a une importance capitale. Je comprends que l’auteure ne voulait pas risquer de dévoiler en racontant l’histoire d’Hermione, mais j’ai eu un goût de trop peu, un vécu à peine effleuré. Toutefois, je ne suis pas fâchée que Roan ait été la protagoniste principale car elle est celle à m’avoir le plus intéressé. C’est un personnage mystérieux qui va se dévoiler petit à petit (son passé, sa nature) et découvrir ses forces et ses faiblesses. J’ai beaucoup apprécié découvrir son histoire, sa progression dans l’intrigue ainsi que son humanité.
Les personnages secondaires ne sont pas en reste. J’avais assez bien aimé Emma et son franc parlé, ainsi que Rapley et son lien avec la montagne. La plupart des personnages, s’ils m’ont moins intéressé par rapport à nos protagonistes, n’en restent pas moins intéressants et ont tous une utilité, voire des révélations ou un passé intrigants. Un autre personnage à ne pas négliger : la montagne. Omniprésente dans l’histoire, elle est décrite comme vivante, menaçante, inquiétante. Elle bouge, elle respire, elle s’agite. Un monstre qui menace d’engloutir quiconque s’aventure dans son ventre. Elle attire et dévore et cache plus d’un secret. Aussi inquiétante que le Prince de ce monde qui s’est offert une place de choix dans cette histoire.
J’avoue qu’au départ, je ne savais pas où l’auteure voulait nous mener. J’ai tourné les premières pages sans grand intérêt, sans forcément comprendre ce qu’il se tramait, il faut attendre un moment avant que les choses sérieuses ne commencent, qu’une ambiance inquiétante s’installe et que l’action apparaisse. Il y a eu quelques longueurs mais honnêtement, je ne m’en suis pas trop plainte et ça ne m’a pas ralenti ma lecture. L’intrigue est bien menée, l’auteure titille notre curiosité et nous pousse à aller plus loin dans notre lecture en révélant quelques petits secrets, en dévoilant un élément de l’intrigue, en présentant des flash-back, en nous faisant découvrir un peu plus sur la personnalité, le passé et les capacités de ses héroïnes. Je me suis longtemps interrogée sur le choix du titre. Outre l’omniprésence des brumes, ça se ressent dans l’intrigue. Tout est fait pour embrouiller les personnages et les lecteurs. On ne sait parfois plus où l’on va, ce qui est réel ou non, ce qu’il s’est passé à un moment donné… On ne comprend pas tout de suite que Roan et Zoey sont des Pratiquantes de la magie, si Roan rêve ou si c’est la réalité, si elle a fait de la magie… On s’égare parfois dans le récit, mais je ne peux pas le présenter comme un défaut car l’auteur l’a sciemment fait pour nous embrouiller.
Toutefois, on ne reste pas éternellement dans le brouillard. Nous avons des scènes inquiétantes, des moments d’action, des rebondissements, des retournements de situation, des révélations et secrets dévoilés. Même si j’ai parfois été prise de court, je ne peux pas le nier : l’histoire est intrigante et passionnante, elle donne envie de tourner les pages, dévorer chaque chapitre pour découvrir le fin mot de l’histoire. C’est une sorte de huis clos à l’ambiance sombre, pesante et inquiétante où le diable est au cœur de l’intrigue, et dans lequel la plupart des personnages (du passé comme du présent) sombre peu à peu dans une douce folie et dans la peur liée au manoir et aux événements qui s’y sont déroulés.
J’ai beaucoup aimé l’idée que la magie , dans l’intrigue, ou du moins sa pratique, a un prix, soit par le sang ou la perte de quelque chose, et on finit par comprendre pourquoi au fil de l’intrigue, et qu’elle a un côté obscur, malfaisant qui ne demande qu’à être libéré. Toutefois, le point que j’ai le plus apprécié dans le roman est la revisite du mythe de Faust. Pour les personnes qui ne connaissent pas, Faust était un moine érudit dont la soif de connaissance l’a amené à faire un pacte avec le diable à qui il a promis son âme en échange du savoir et de pouvoir. Ici, l’auteure s’est inspirée de L’histoire tragique du Docteur Faust de Marlowe, l’a repris et l’a développé, créant un univers à part avec [spoiler] les Frayeurs, ces descendants de Faust, et les apprentis de ces moines du passé, anciens frères de cloître de Faust, qui ont juré de détruire son âme damnée, et de faire de Faust une sorte d’immortel prêt à tout pour reprendre son âme et gagner quelques siècles de plus [/spoiler]
J’ignore si l’auteure compte écrire un second tome ou si elle a prévu de terminer son roman de cette façon, car j’ai eu un sentiment d’inachevé, que tout n’était pas encore dit et terminé, avec l’histoire qui se termine sur une révélation [spoiler] car au final, Faust n’a pas été vaincu par Roan, il a échappé à la mort, Mill House est encore sous l’emprise d’une présence démoniaque, la malédiction est toujours active, et Zoey va rencontrer Roan. D’ailleurs, qu’est devenue Roan après tout ça ? Elle a passé un pacte avec Satan mais Faust est toujours en vie, etc [/spoiler] bref, que de questions sans réponses, ce qui est assez frustrant !
Toutefois, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. C’est pesant, c’est glauque, c’est intriguant. Si l’on aime la sorcellerie, les pactes démoniaques, les cornes de bouc, l’occultisme, les rituels et secrets de famille, c’est le roman parfait ! Malgré cette fin frustrante, l’utilisation de polices différentes et l’enchaînement des événements qui m’ont souvent déstabilisé, c’est une histoire avec un rythme très entraînant, une intrigue sombre et fascinante, une reprise intéressante du mythe faustien sous fond de sorcellerie et de religion.
L'animal ressemble à un ovidé - un bélier des montagnes. Mais c'est impossible. Il ressemble presque à un mouton de Soay, mais il est plus gros. Vraiment beaucoup, beaucoup plus gros. Aussi gros qu'une vache. Ou qu'un cheval. Il se tient là, bien trop imposant, avec un calme qui n'a rien de naturel. Il la surveille.
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