vendredi 1 octobre 2021

Le bal des loups-garous - Barbara Sadoul et Collectif.


Immortalisé au cinéma par des films aussi différents que Wolfen, Le Loup-Garou de Londres ou Hurlement, le loup-garou est avec le vampire et le fantôme une des figures centrales du fantastique. Prenant racine dans le folklore de quasiment tous les pays de l'hémisphère Nord, le loup qui dévorait les cadavres du Moyen Age et décimait les troupeaux des bergers a toujours été associé au mal... Symbole de la résurgence de l'animalité prédatrice chez l'homme civilisé, symbole du lien homme-animal en tant que retour aux racines, la lycanthropie a toujours alimenté la littérature. Des auteurs aussi marquants que Jim Harrison, Stephen King, C.S. Lewis mais aussi Jack Williamson en ont fait la figure centrale d'un de leurs livres. Avec cette anthologie, Barbara Sadoul nous propose de découvrir le parcours du loup-garou à travers la littérature dite moderne. 




Grâce au succès rencontré ces dernières années par les livres du genre « bit-lit », vampires et loups-garous sont redevenus populaires, aussi bien dans la littérature que sur écran. Il ne faut toutefois pas oublier que de nombreux auteurs se sont penchés sur ces créatures tout au long des XIXe et XXe siècles, ayant suscité une profusion de récits. Si mon intérêt va davantage aux saigneurs immortels, je suis également fascinée par les loups-garous, bien qu’à un degré moindre. Je voulais toutefois découvrir des récits dans une catégorie autre que les romans Young Adult. Barbara Sadoul nous présente, dans cette anthologie, une liste de dix récits sur le thème de la lycantrophie, écrits entre les années 1930 et 1990. Si les nouvelles restent d'intérêt assez inégal, la plupart d’entre elles restent intéressantes à découvrir, et cela m’a permis de me pencher davantage sur ces créatures, avec des loups-garous monstrueux ou humains, terrifiants, sympathiques, tout simplement fascinants.


Opération éfrit : j'ai mal commencé ma lecture car cette première nouvelle ne m’a pas plu du tout, je ne l’ai même pas lu jusqu’au bout, n'ayant pas réussi à m’y intéresser, voire même à tout comprendre. Tout ce que je peux dire, c'est qu'il s'agit d'une histoire sur une troupe combattant dans une guerre magique, avec des sorcières et autres êtres surnaturels.


L’horreur immortelle : une nouvelle assez très courte dans laquelle nous suivons un individu qui s’est réfugié dans une cabane et découvre des coupures de journaux racontant l’histoire de deux hommes, à plusieurs années d’intervalle, ayant tué et dévoré d’autres hommes, appartenant à l’armée, ayant le même âge et le même grade. Ce n'est pas une histoire bien palpitante en soi mais assez plaisante et j'ai bien aimé le petit plot twist.


Coupable : une histoire un peu plus longue et frissonnante dans laquelle nous suivons Stuart, qui se retrouve seul en pleine nuit sur une route de campagne, lorsqu’il est poursuivi par une créature semblable à un loup. Fuyant pour sauver sa vie, il trouve refuge dans une ferme où une famille l’accueille… mais s’aperçoit vite que le danger n’est pas seulement dehors mais dedans…


Le loup de Saint-Bonnot : S’ennuyant en campagne après deux jours de festivités, le couple Fleetwood et leurs invités décident de tromper l’ennui à travers une séance de spiritisme. Peu de temps après, Fleetwood constate un comportement étrange chez sa femme Hildegarde, qui s’agite la nuit, lorsque retentit les hurlements d’une bête, et cherche à lui répondre et la rejoindre. Un bon mélange d’histoire de fantôme, de loups-garous, de spiritisme et de possession.


La proie : un groupe de loups-garous se fait passer pour une famille lorsque vient à eux un jeune homme venu rénover leur maison, l’occasion idéale pour la famille d’avoir une proie à portée de main, mais Chelsea est troublée par ce jeune homme pour qui elle éprouve une différente sorte de faim. Une histoire plutôt intéressante sur une louve-garou, ce qui est déjà moins commun, plus humaine que bête, se découvrant plus humaine à travers l’amour.


Norne : l’histoire de Mary Rose qui, enfant, a toujours été plus proche de sa tante Norne que de sa mère, jusqu’à la vénération… jusqu’à ce qu’elle la rencontre une nouvelle fois adulte. J’avoue avoir été agacée par le comportement de l’héroïne concernant sa mère, mais j’ai fini par comprendre, au fil du récit, qu’il est question d’une louve-garou aussi séductrice et manipulatrice qu’une vampire, qui charme son entourage pour arriver à ses fins et qu’elle est attirée par les enfants qu’elle cherche à s’approprier. Une vision assez intéressante du loup-garou qui est tente, manipule et séduit, et qui ne se présente pas uniquement comme une bête féroce.


La marque de la bête : un jeune homme loge chez un ami de son père et sa très jeune épouse que Garnier aurait sauvé d’une attaque de loup-garou. Garnier est persuadé qu’en sa femme vit une bête féroce et joue de son autorité sur elle, mais la bête n’est pas forcément celle que l’on croit. Un plot twist assez prévisible, mais une histoire pas moins déplaisante pour autant, reprenant quelques éléments du mythe du loup-garou (les balles en argent, le loup qui reprend sa forme humaine une fois blessé...)


La main de la fille O’Mecca : la découverte du mythe du loup-garou en Finlande, où le loup se confond avec la brume. J’ai eu un peu de mal à m’intéresser à cette histoire, mais la confrontation du personnage avec le loup et la scène de fin sont particulièrement réussies.


Le changement : je n’ai pas trop réussi à m’intéresser à cette histoire, même s’il relève de réflexions intéressantes sur la nature du loup-garou et comment la créature est ce qu’elle est et comment elle agit.


Au sud d’Oregon City : une belle histoire de Jem, bûcheron, qui épouse Nadya, amérindienne et louve garou, et tout l’amour et la tolérance d’un mari pour sa femme louve, entre la demeure maritale et les bois où Nadya part vagabonder quand vient la lune. J’ai aimé découvrir la rencontre puis le quotidien de ce couple pas comme les autres. Une belle histoire d’amour sur fond de légendes indiennes dans l’Amérique du XIXe siècle.


Ces dix nouvelles, d’un auteur différent, nous présentent des visions différentes de la figure du loup-garou, chaque auteur l’interprète à sa façon, suivant son style, ce qui fait que le/a lecteur.trice en a pour tous les goûts et découvre une vision différente du loup-garou. Certains auteurs le voit comme un monstre, un être de terreur, aux capacités décuplées et à l’appétit féroce, une malédiction qui rend l’humain animal, monstrueux. D’autres considèrent cette fusion de l'homme avec l'animal comme l'élargissement de nos limites, comme une vie en harmonie avec la nature, un don. Bien-sûr, ces nouvelles restent d’intérêt assez inégal, comme évoqué précédemment. Certaines nouvelles m'ont laissée indifférente, d'autres m'ont diverti sans plus, tandis que d’autres étaient plus intéressantes et palpitantes à découvrir. Un bon moment de lecture. Je serais curieuse de découvrir un jour Gare au garou, un autre recueil de Barbara Sadoul, regroupant des nouvelles sur les loups-garous mais cette fois-ci venant de la littérature plus classique et moins moderne.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire