Les sorcières de Pendle est un roman tiré d’un événement historique. C’est une chose que j’ignorais encore lorsque j’ai terminé ma lecture. Pourtant, il s’agirait d’un épisode connu dans l’histoire anglaise et l’un des mieux documentés : en 1612, dans le Lancashire, douze femmes furent accusées de sorcellerie. Seule l’une d’entre elle fut innocentée, Alice Grey, pour des raisons encore inconnues.
L’auteure a choisi de raconter et revisiter cette partie de l’Histoire en mettant en scène Fleetwood Shuttleworth, une jeune châtelaine qui a réellement existé, et Alice Grey qu’elle a engagé comme sage-femme, voyant à travers ses traitements à base de plantes comme un moyen de mener sa grossesse à terme, après de nombreuses fausses couches. Lorsqu’Alice est arrêtée et accusée de sorcellerie, Fleetwood prend tous les risques pour la sauver.
Malgré le sujet de ce livre, il ne faut pas s’attendre à y voir de la magie ni beaucoup d'action. Pour l’aspect historique, il faudra également repasser. Même si Stacey Hall s’est inspirée de véritables faits historiques, ils ne servent qu’en toile de fond pour son roman car l’aspect historique reste assez léger et manque d’épaisseur dans le sens où l’histoire prend le pas sur l’Histoire. Si je m’attendais à ne pas voir de magie, je m’attendais tout de même à assister à ces célèbres procès, à une chasse aux sorcières, mais au final, tout cela reste évoqué. On n’y assiste pas, on n’y prend pas part car nous suivons l’histoire du point de vue de Fleetwood et que les femmes n’étaient pas autorisées à assister aux procès et que Fleetwood reste confinée dans son domaine et les alentours, même si elle a beaucoup participé au dénouement des procès pour innocenter Alice, je ne le nie pas. Alors certes, ce roman dessine avec réalisme une société bourgeoise, avec toutes ses implications dans le couple, la vie maritale, familiale, sociale, mais j’ai été frustrée par le manque de focus direct sur ce qui m’intéressait vraiment : le procès des sorcières de Pendle.
Il s’agit davantage d’un roman peignant la condition de la femme à cette époque, révoltante comme on peut s’en douter. C’est une époque où une enfant pouvait être mariée afin qu’elle et sa mère ne se retrouvent pas à la rue et soient entretenues par un homme dans la société. Une époque dans laquelle avoir un héritier mâle prime sur la vie d’une future mère, où avoir un fils prend le dessus sur le respect marital. Une époque où soigner par les herbes fait que vous êtes considérées comme une sorcière, où les femmes ont des difficultés à accéder aux sciences, notamment médicales. On parle avant tout de la condition de la femme au XVIIème siècle. C’est un roman critique sur la société de l’époque, une époque révoltante où la chasse aux sorcières faisait rage et que n’importe qui pouvait être dénoncé, soit pour s’attirer les faveurs royales, soit pour se débarrasser de quelqu’un de gênant.
Après, je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un roman féministe : oui, c’est un regard critique sur la condition de la femme, mais à aucun moment Fleetwood ne sort de son rôle de femme, d’épouse et future mère. Fleetwood s’insurge, s’indigne, veut se faire entendre, combattre l’injustice et l’obscurantisme mais il n’y a pas véritablement de remise en cause de son rôle, de sa condition, en mode girl power, super nana (et tant mieux, ça aurait sonné faux).
Du côté des personnages : Fleetwood était intéressante à suivre, sans plus, et on sympathise avec elle de par ses craintes de mourir en couches, d’avoir une nouvelle fausse-couche, de perdre son amie, elle ne reste pas figée et évolue mais elle ne m’a pas marqué plus que ça. Légère agréable surprise concernant Richard, son mari qui, malgré les rebondissements et révélations sur leur couple, n’est pas un personnage soit tout blanc, soit tout noir. Alice reste effacée par rapport à Fleetwood, ce que je regrette. J’aurais aimé la connaître davantage, son passé, son expérience en tant que guérisseuse d’autant plus qu’elle est jeune et n’a pas eu une vie facile, même si je comprends que l’auteure ne voulait pas tout révéler sur elle, sous peine de spoiler un peu des éléments de l’intrigue trop tôt.
Nombreux furent les lecteurs à parler de l’incroyable et forte amitié entre Fleetwood et Alice, toutefois je n’ai rien ressenti de tel. Certes, Fleetwood a fait tout ce qui était en son pouvoir pour innocenter Alice, elles ont appris à se connaître, à se lier, et Fleetwood a beaucoup appris d’Alice et lui doit beaucoup, mais je n’ai pas été vraiment émue par leur amitié. C’était divertissant, sans plus (on va croire que je suis une sans cœur, haha)
Ensuite, même si le roman reste intéressant dans le sens où les pages se tournent sans difficultés, j’aurais préféré cheminer avec Alice. Au final, je me suis sentie éloignée d’Alice et de ces “sorcières” alors que ce sont elles le sujet du titre, elles qui sont supposées être le sujet du roman. Comment en sont-elles arrivées là ? Comment vivent-elles ? Comment ont-elles vécu les procès ? Quels secrets se cachent derrière les accusations ?
Je suis assez critique mais le roman n’est pas dénué d’intérêt, j’ai aimé l’ambiance du roman, un comté d’Angleterre, entre château et campagne, au XVe siècle, découvrir la vie d’une châtelaine. Il y a quelques rebondissements et révélations plutôt intéressantes. Ce n’est vraiment pas un roman mauvais en soi mais pour moi, il n’a pas grande saveur. Dommage que je sois passée à côté. Après, de nombreux lecteurs (enfin, surtout des lectrices) ont eu un coup de cœur pour ce roman, donc ne laissez pas mon avis vous dissuader de quoi que ce soit !
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