mercredi 20 septembre 2023

La forêt de l'étrange / Over the Garden Wall


Greg et Wirt se retrouvent perdus dans la forêt de l'étrange, sur laquelle le temps n'a pas de prise.

Avec l'aide d'un vieux et sage bûcheron et de Béatrice, un merle bleu au tempérament de cochon, Wirt et Greg vont devoir traverser ce monde étrange dans l'espoir de retrouver le chemin qui les mènera chez eux...


Bienvenue dans la forêt de l'étrange, les garçons. Vous êtes encore plus perdus que vous ne le pensez.


Cela faisait un moment que je tombais, sur Tumblr, sur différents posts vantant les mérites de ce court dessin-animé et il m’était resté en mémoire pour tout ce qu’il m’évoquait. Une ambiance purement automnale, presque gothique. Un univers entre le mignon et l’angoissant, la poésie qui se dégageait des extraits que je voyais et un dessin et des décors esthétiquement très beaux. J’ai fini par me jeter à l’eau et découvrir cette série entre l’été et l’automne 2021 et d’en parler enfin sur ce blog après avoir revisionné la série récemment, car Over the Garden Wall, c’est mon rendez-vous de l’automne (bien qu’il se savoure à chaque saison), la quintessence même de l’automne.



C’est une série très courte (10 épisodes d’une durée de 11 minutes). Pourtant, malgré sa petite taille, cette série est marquante à plus d’un titre. C’est court, c’est concis, c’est simple et efficace. J’avoue rester sur ma faim et que la courte durée est le seul bémol que je peux retenir contre la série tant j’aurais voulu passer plus de temps dans cet univers et auprès des personnages, mais la série sait très bien se suffire avec ses dix petits épisodes.



Nous suivons deux frères, Wirt et GregWirt, c’est le grand frère angoissé, pessimiste mais aussi avec une âme de poète, et Greg est le petit frère jovial et insouciant, qui s’est pris d’affection pour une grenouille qu’il a décidé d’adopter et il est en quête du nom parfait pour elle. Ces deux garçons se retrouvent perdus dans la forêt (on ne saura comment ils sont arrivés là qu’à la fin), une forêt étrange qui se révèle plus dangereuse qu’elle en a l’air car elle est hantée par une mystérieuse Bête dont la proie de prédilection sont les voyageurs égarés. Ils cherchent à rentrer chez eux et, au cours de leur voyage, vont faire plusieurs rencontres. Un oiseau bleu qui parle et répond au doux nom de Béatrice, un bûcheron qui n’a de cesse de les mettre en garde contre la Bête, des animaux anthropomorphisés, une sorcière menaçante, une jeune fille ensorcelée, un vieux comte hanté par un fantôme, etc.



L’univers dans lequel nos personnages évolue n’est pas uniquement forestier, car ils descendent une rivière, traversèrent un village campagnard, errent dans les marécages, un manoir gigantesque, une école pour animaux, etc. Il y a quelque chose d’original et d’absurde dans cet univers qui rappelle le monde d’Alice au Pays des Merveilles et qui donne à l’univers un aspect onirique, entre le mignon et l’angoissant.




J’ai été séduite par l’ambiance étrange, mélancolique, douce et un peu glauque aussi de l’univers et de l’histoire, qui s’apparente aux contes, tout comme j’ai été séduite par nos deux personnages principaux. Wirt et Greg sont le jour et la nuit et forment de ce fait un duo à la collaboration difficile mais toujours drôle et entraînant. Greg est un petit garçon très optimiste, qui consacre son énergie à rendre les gens heureux et qui prend le parti de ne jamais s’étonner ou s’effrayer des manifestations surnaturelles. C’est le gamin mignon, drôle et attendrissant. Wirt, à l’inverse, peut nous sembler plus antipathique. Il pense que le monde lui est hostile et manque d’assurance en lui, persuadé qu’il n’y a rien d’intéressant chez lui et il cache le moindre trait de sa personnalité pour qu’on ne se moque pas de lui. Il est névrosé mais aussi attachant que son frère. Il n’est pas montré comme antipathique malgré ses défauts. Il dit ou fait les choses que le spectateur dirait ou ferait à sa place, ou du moins ce qu’il pense et même s’il lui arrive de perdre patience avec son frère, je ne peux pas lui en vouloir, car c’est un personnage que je trouve aussi attachant que son frère et vraiment intéressant.



Les autres personnages ne sont bien-sûr pas en reste, même ceux qui ne font leur apparition que le temps d’un épisode, ainsi que les autres personnages récurrents comme Béatrice qui accompagne les deux frères, le bûcheron ou la fameuse Bête dont on ignore au départ qui elle est, ce qu’elle est, ce qu’elle cherche à faire mais qui est vraiment un antagoniste mystérieux et intéressant.



Ce qui fait aussi la beauté de la série, ce sont les dessins. S’ils nous semblent simples et enfantins, ils dévoilent parfois des planches lugubres et inquiétantes. Il y a un aspect parfois gothique et réussit très bien son décor, que l’on soit dans la forêt, les marécages ou dans un manoir hanté. Les dessins sont esthétiquement très beaux, très poétiques, ils sont réussis et parfaitement adaptés à l’intrigue.



Que ce soit au niveau du visuel ou de l’intrigue, Over the Garden Wall parvient à construire un monde étrange, onirique et angoissant dans lequel l’insolite fait loi, où l’humour et l’étrange se confondent, et dans lequel notre trio de personnages (Wirt, Greg et Béatrice) avance au gré d’épreuves qui ne sont jamais clairement définies, et interagit avec des protagonistes qui peuvent être autant opposants qu’adjuvants.




Bien qu’il s’agisse d’une série animée, elle ne s’adresse pas aux jeunes enfants, du moins de mon point de vue. Over the Garden Wall est une série qui a l’air très simple mais qui se révèle plus complexe qu’on aurait pensé au départ, avec plusieurs symbolismes qu’on ne déchiffre pas forcément au premier abord. C’est une série extrêmement soignée, pleine de référence et de réflexion [spoiler] on s’interroge si ce périple était finalement un rêve que les deux frères ont partagé ou s’ils ont fait un voyage dans les limbes après avoir manqué de se noyer [/spoiler], même la Bête en elle-même est plus qu’un monstre, elle représente aussi quelque chose de moins concret, de symbolique.



C’est également une série aux thèmes variés. Elle nous parle d’espoir qu’il faut garder et ne pas se laisser sombrer, elle parle d’entraide, nous pousse à aller au-delà des apparences. C’est une ode à l’enfance mais aussi à l’automne et ses nuances. Elle évoque des thèmes universels comme la famille (notamment la famille recomposée et les tensions que cela peut entraîner), l’amitié, l’entraide, l’espoir, etc.



En bref, Over the Garden Wall est un petit bijou d’animation, remplie d’humour et de tendresse à travers une atmosphère fantastique et lugubre. Je suis tellement fan de cette petite série et de cet univers que j’ai voulu prolonger le plaisir à travers les bandes-dessinées (non-traduites en français). Celles-ci ne présentent pas le même intérêt. J’ai trouvé longue la BD dans laquelle Greg évolue dans le monde des rêves et je l’ai trouvé plutôt ennuyeuse. À l’inverse, j’ai beaucoup aimé Distillatoria qui nous présente une sorte d’épisode bonus, juste avant la fin de la série, et qui imagine les deux frères comme rentrés chez eux un peu plus tôt dans la série avec une Béatrice bien désorientée, sauf que les apparences sont trompeuses et ce que l’on croit réel ne l’est peut-être pas.



Il y a aussi d’autres comics qui se proposent comme d’autres aventures de Wirt et Greg dans l’univers de la série, et qui n’apporteront rien d’inédit – à part dans les lieux et personnages qu’ils visitent et rencontrent – mais qui permettent de prolonger un peu plus l’histoire et l’univers. Certaines aventures sont sympathiques, d’autres sont très oubliables. Une de mes préférées est l’aventure qui se présente comme une préquelle à l’histoire et qui se concentre sur le Bûcheron et sa famille et comment la Bête en est venue à hanter le Bûcheron.



Pour revenir à la série, je vous laisse découvrir le générique qui donne le ton de la série. Le premier épisode est d’ailleurs disponible gratuitement sur Youtube sur le compte de Cartoon Network si vous voulez vous en faire une idée ! Allez découvrir cette série, vous tomberez sous son charme ! C’est gravé dans la pierre !


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