dimanche 30 juin 2024

Le mari de mon frère - Gengoroh Tagame.



Yaichi élève seul sa fille. Mais un jour, son quotidien va être perturbé… Perturbé par l'arrivée de Mike Flanagan dans sa vie. 

Ce Canadien n'est autre que le mari de son frère jumeau… Suite au décès de ce dernier, Mike est venu au Japon, pour réaliser un voyage identitaire dans la patrie de l'homme qu'il aimait. Yaichi n'a pas alors d'autre choix que d'accueillir chez lui ce beau-frère homosexuel, vis-à-vis de qui il ne sait pas comment il doit se comporter. 

Mais ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Peut-être que Kana, avec son regard de petite fille, saura lui donner les bonnes réponses…



Le mari de mon frère se présente comme un manga « tranche de vie », composé de quatre tomes dans lesquels nous suivons Yaichi, homme au foyer, qui élève seul sa fille Kana suite à son divorce. Sa petite vie paisible est rapidement chamboulée par l’arrivée d’un grand Canadien aux allure de bûcheron, Mike Flanagan, qui fait un peu tâche dans ce petit quartier japonais. Époux de Ryôji, frère jumeau de Yaichi, il décide de séjourner au Japon afin de découvrir le pays de son mari disparu. Une occasion pour lui de marcher sur ses pas, découvrir les endroits qui ont marqué sa vie et faire connaissance avec sa famille. Bien que réticent, Yaichi réalise qu’il ne peut pas refuser une telle requête et accueille son beau-frère chez lui.


Yaichi est tout d’abord mal à l’aise vis-à-vis de ce beau-frère auprès de qui il ignore comment se comporter, d’autant qu’il ne sait rien concernant les homosexuels. Mike, quant à lui, débarque avec sa personnalité d’occidental peu au fait des mœurs et traditions des japonais et peut sembler par moment trop familier avec un hôte qui agit avec retenue et pudeur. Ce séjour est donc l’occasion pour Mike de découvrir la culture au Japon et le mangaka ne se fait pas prier en nous présentant plusieurs aspects de la culture japonaise, notamment à travers la gastronomie, les sources thermales, les temples, mais aussi le tempérament des Japonais, si différents de celui des Occidentaux.


Au fil des chapitres, nous assistons aux doutes et questionnements de Yaichi qui revoit peu à peu son jugement sur les homosexuels et se rend compte de son ignorance. Pour mieux comprendre cette histoire, il est bon de savoir ou de se rappeler qu’au Japon, le mariage entre personnes du même sexe n'est pas autorisé, contrairement au Canada. Aussi, Yaichi a-t-il du mal à trouver les mots et les gestes envers Mike, par méconnaissance du sujet et par crainte du qu’en dira-t-on et du jugement de son voisinage. À contrario sa fille, Kana, est dénuée de ces craintes et des préjugés qui peuvent encombrer l’esprit des adultes. Elle est naturelle dans son insouciante enfantine et son enthousiasme tellement charmant, et elle a tôt fait d’adopter cet étrange oncle venu du froid et qui ressemble à un nounours.


C’est ainsi que, progressivement, le fossé entre Yaichi et Mike se comble, grâce à la pétillante Kana, ravie d'accueillir un nouveau membre dans la famille, mais aussi grâce à Ryôji, dont ils partagent le souvenir. Chacun apprend des choses sur la culture de l’autre, entre Orient et Occident, mais aussi par rapport à Yaichi qui apprend à être plus ouvert et tolérant vis-à-vis de l’homosexualité, et cela lui permet aussi d’en apprendre plus sur son frère disparu, sa vie au Canada, et une facette de lui méconnue par Yaichi.


C’est un manga feel good qui présente la culture gay sans stéréotypes ni fantasmes. C’est une histoire pleine de fraîcheur et de douceur, qui nous présente des personnages attachants et sensibles. Yaichi se remet en question et évolue très rapidement vers plus de tolérance et de compréhension tandis que Mike émeut par sa tristesse après la mort de son mari, mêlée à la joie de rencontrer sa famille et de découvrir les lieux de son enfance. Kana est un petit rayon de soleil, rayonnante, curieuse, un peu brusque dans ses questions mais jamais sans mauvaises intentions. 


Ce manga aborde avec sensibilité le divorce et la monoparentalité mais aussi bien-sûr l’homosexualité, et il remet en cause certaines idées reçues (par exemple, il ne faut pas penser que, dans un couple homosexuel, un fait la femme et l’autre l’homme ; ou alors, c’est idiot de penser qu’un homosexuel sera forcément attiré par nous si on est un homme à se retrouver dans son périmètre ; ou encore que les homosexuels seraient une mauvaise influence pour les enfants). On peut d’ailleurs remarquer que, entre deux chapitres, le mangaka offre une ou deux pages pour mieux nous instruire sur le sujet. Il aborde notamment des points comme : le coming out, la gay pride, la marche des fiertés, le outing, ou encore l’histoire du drapeau LGBT. J’ai trouvé cette initiative intéressante et, si j’avais quelques notions, j’ai appris et redécouvert bien des choses.


En résumé : un manga familial, profondément humain et touchant, qui nous offre une belle leçon de vie et traite avec bienveillance, aussi bien de l'homosexualité, de la société, de la famille que des différences culturelles. C’est une jolie ode à la tolérance et à l’acceptation. C’est doux, mélancolique, attendrissant et joyeux à la fois. Ce n’est pas un coup de cœur mais ça n’en reste pas moins une jolie découverte.


vendredi 21 juin 2024

Noblesse oblige - Maïwenn Alix.


Très chers téléspectateurs, bienvenue dans cette nouvelle saison de Noblesse Oblige !

La révolution de 1789 n'ayant pas abouti, la France est dirigée par le Roi Louis XXI. La monarchie autoritaire s'assure néanmoins le soutien du peuple en mettant en scène son faste et sa cour dans des émissions de téléréalité. Noblesse oblige est la plus regardée d'entre elles. On y suit chaque année une poignée de jeunes roturières élues, à qui l'on offre la chance de rencontrer de grands héritiers et de faire un mariage avantageux.

Gabrielle, secrètement antiroyaliste, apprend qu'elle fait partie des candidates. Une occasion rêvée d'infiltrer la monarchie et de dénoncer ce qui se cache sous le vernis de la cour. Or ce qu'elle va découvrir va bien au-delà de ce qu'elle pouvait imaginer...



Je termine le Blossom Spring Challenge (avec retard) avec ce titre qui m’a fait de l’œil dès sa sortie. Il faut dire que c’est un très bel objet. La couverture est très attrayante, et même les tranches du livre sont très jolies, avec des couleurs qui suivent celles de la couverture. Bien-sûr, la couverture seule ne fait pas le livre (même si ça aide beaucoup à le choisir), il y a aussi son résumé qui m’a attiré et qui promettait une histoire bien intéressante.



Gabrielle Lacroix travaille comme dame de compagnie chez Madame de Kerdoncuff après la déchéance de son père adoptif, un puissant industriel qui a été embastillé par le roi Louis XX et son fleuron industriel confié à la noblesse. Trahie et meurtrie, elle vit avec la rage au cœur et plein de ressentiment envers la monarchie et la noblesse qui lui ont tout pris. Elle suit, dans le secret, les actualités de ceux qui se proclament comme républicains et abolitionnistes. Ces derniers entrent en contact avec elle alors qu’elle rend visite à son père en prison, et lui font une révélation foudroyante : Gabrielle sera sélectionnée pour participer à l’émission de télé-réalité Noblesse oblige, et espèrent profiter de cette occasion pour infiltrer la Cour et dénoncer ses travers.



Gabrielle se retrouve donc du jour au lendemain au château de Versailles avec d’autres jeunes femmes, et faire la connaissance de jeunes nobles de la Cour qu’elles doivent séduire afin de parvenir à un mariage idyllique avant la fin de l’émission, sans quoi elles seront envoyées au couvent. Parmi ces prétendants, il y a le duc de Léon, veuf de Capucine, jeune candidate de l’émission de l’année dernière et qui est décédée dans des circonstances tragiques, ainsi que… le dauphin de France. Gabrielle a pour mission d’élucider le meurtre de la jeune Capucine et de se rapprocher du dauphin…



J’ai beaucoup aimé le contexte d’uchronie proposé par l’auteure, qui est celle d’une France où la Révolution de 1789 n’a pas abouti, et qui est de ce fait toujours gouvernée par une monarchie absolue avec les nobles qui ont conservé tout leurs privilèges. Afin de redorer leur blason et d’entretenir leur popularité chez le peuple, la noblesse et la monarchie se mettent en spectacle à travers des émissions de télé-réalité qui sélectionnent aussi des gens du peuple comme candidats, pour leur offrir un avant-goût de cette vie dorée et leur permettre de graver les échelons, un autre aspect que j’ai trouvé très intéressant.



Nous entrons dans les coulisses de la télé-réalité, les caméras qui suivent les candidats quotidiennement, les heures passées au maquillage et à l’habillage et le choix toujours stratégique porté à ces derniers, la même scène qui peut demander plusieurs heures de prise de caméra pour qu’elle soit parfaite, ce que j’ai trouvé très intéressant. Ici, Noblesse oblige s’inspire un peu de The Bachelor et autres émissions similaires où de jeunes élues, venant du peuple, découvrent le faste de la Cour et sont présentées à de jeunes nobles qu’elles vont coutoyer et devront séduire dans le but de faire un beau mariage et ainsi entrer dans l’aristocratie. Notre héroïne, Gabrielle, va donc évoluer en compagnie d’autres candidates qui restent malheureusement plutôt effacées au profit de l’héroïne. Seules deux d’entre elles se distinguent, Agnès et Solange, qui vont se retrouver de manière indirecte liées à l’intrigue, mais elles restent très secondaires à l’intrigue, ce que je trouve dommage. J’aurais voulu apprendre à connaître chacune des candidates et les voir évoluer dans l’émission, mais le focus se fait essentiellement sur Gabrielle, au détriment des autres.



Gabrielle est pourtant une héroïne agréable à suivre. Elle évolue dans le monde avec le cœur et l’âme d’une musicienne, la musique l’accompagne dans ses bonheurs comme dans ses malheurs, il y a souvent des notes de musique dans sa tête. Elle est aussi forte, déterminée et intelligente. C’est une protagoniste agréable à suivre, on a aucun mal à s’attacher à elle, à espérer pour elle et à craindre pour elle.



L’idée de base est très intéressante : une France dans laquelle la Révolution a échoué et où la monarchie perdure avec le clergé et la noblesse qui continuent de bénéficier de leurs privilèges, au détriment du peuple. Seulement, j’ai trouvé que le contexte socio-politique est resté très peu exploité. On ne sait pas pourquoi la Révolution n’a pas abouti. On ne sait pas grand-chose du système politique, à part que la monarchie c’est le mal, et qu’elle utilise l’exil, l’emprisonnement ou les condamnations à mort pour se débarrasser de ses ennemis politiques. C’est tout juste effleuré alors qu’avec cet univers alternatif, il y aurait tant de choses à exploiter ! L'auteure nous parle bien-sûr des conséquences et comment est construite cette France encore monarchique, mais je suis restée sur ma faim.



J’ai également été frustrée de la fin brutale du roman, et surtout son épilogue qui évacue trop rapidement toutes les questions pertinentes que l’on est amené à se poser après les événements des derniers chapitres [spoiler] le roi est mort, Gabrielle assure la régence en attendant de retrouver le véritable héritier du trône, et ensuite ? Qu’en est-il du parti républicain ? Qu’en est-il de son père adoptif ? Que se passe-t-il en France depuis la mort du roi ? Comment réagit le peuple ? Que se passe-t-il du côté des candidates ? Noblesse oblige va-t-elle continuer ou l’émission va-t-elle disparaître ? Que fera Gabrielle après tout ça ? On en sait rien et c’est très frustrant [/spoiler]. Cela dit, ça reste dans l’ensemble une uchronie réussie ! On y retrouve des complots, faux-semblants, révélations surprenantes le tout sous le glamour de la télé-réalité.



Pourtant, sous le glamour des jolies robes et des décors idylliques se cache une réalité beaucoup plus sombre que ce à quoi on s’attendait au départ. Nous sommes dans un univers où la noirceur flotte constamment et où la cruauté et la violence se voilent et se dissimule par les apparences et la télé-réalité. Attention à certaines scènes très difficiles, ce n’est pas un livre jeunesse mais plutôt Young Adult de par certaines scènes violentes et choquantes. Le récit ne laisse aucun répit tant le rythme est intense et les révélations surprenantes et cruelles.



Avec Noblesse oblige, on frôle le coup de cœur mais un peu plus de développement des autres candidates et une fin moins précipitée auraient vraiment été un plus !



Voilà comment on endort un peuple. Chaque année, on fait miroiter une forme d’ascension sociale à quelques jeunes roturières, la perspective d'un beau mariage, d'un nom, du confort matériel. Chacun peut imaginer sa fille, sa nièce, sa sœur dans cette femme anonyme. S'ils ont un garçon, il peuvent le penser susceptible d'obtenir un titre et des terres en se distinguant au sein de l'armée dans l'émission Au nom du Roy, diffusée chaque hiver. Voilà ce qui les pousse à accepter une vie de misère et une après-midi de libre par semaine : l'infime espoir que leurs enfants pourront améliorer leur condition.

dimanche 9 juin 2024

Sissi (T.4) La fiancée de Bad Ischl - Christine Féret-Fleury.

Sissi est inconsolable depuis la mort de son bien-aimé le jeune comte Richard. Malgré les attentions de sa famille, la jeune fille a perdu sa joie de vivre. 

Sa sœur Hélène, quant à elle, ne pourrait être plus heureuse : enfin, elle va épouser Franz, l’empereur d’Autriche ! Et tant pis si leur mère, la duchesse Ludovika, permet à Sissi de les accompagner à Bad Ischl pour le bal des fiançailles. 

Très vite, pourtant, Hélène remarque que Franz n’a d’yeux que pour Sissi et prend peur. Se pourrait-il que Sissi devienne la véritable fiancée de Bad Ischl ?


À peine ma lecture du troisième tome s’était-elle achevée que je me suis jetée sur le quatrième tome.



L’anniversaire de l’empereur François-Joseph approche, et c’est à la charmante station thermale de Bad Ischl que les célébrations se dérouleront, en compagnie de la famille de l’empereur comme le fleuron de l’aristocratie autrichienne. Pour sa mère, l’archiduchesse Sophie, c’est une parfaite opportunité pour annoncer ses fiançailles avec sa cousine, la princesse Hélène en Bavière. Hélène est partagée entre la joie et l’anxiété tandis que Sissi se morfond toujours suite à la disparition de son premier amour. Dans l’espoir de la distraire, Ludovika décide de l’emmener pour ce voyage à Bad Ischl. Sissi accepte cette parenthèse bienvenue. Elle ne s’attendait certainement pas à ce que les yeux de l’empereur se posent sur elle et non sa promise…



À l’instar des autres tomes, nous continuons à suivre nos deux journalistes, Elmer et Robertine, qui cherchent à réunir Anna et sa sœur, tandis que l’époux d’Anna, le hors la loi désavantagé par le droit d’aînesse, continue d’être menacé et surveillé par sa famille tyrannique. Cette partie de l’intrigue se laisse lire, mais ça reste du remplissage à mes yeux, même si j’ai prise Robertine en sympathie. Elle est le personnage le plus touchant et fascinant de ce groupe.



Mais le cœur de ce roman, c’est bien évidemment Sissi et son histoire d’amour naissante avec Franz. Nous avons enfin la rencontre tant espérée depuis le premier tome. Tout est retranscrit le plus fidèlement possible de la réalité historique, on sent que l’auteure s’est bien documentée. Elle nous dépeint le voyage pénible en calèche avec Ludovika et ses deux filles, le fait que la calèche transportant tous leurs habits et effets personnels soit arrivé en retard, tout le monde qui s’affaire autour d’Hélène pour la rendre présentable avant sa rencontre avec l’empereur, les vêtements et la coiffure de Sissi au moment de la rencontre, l’attention de François-Joseph davantage portée sur Sissi que sur Hélène, malgré tous les efforts de Sophie pour que Franz s’intéresse à sa future fiancée, Sissi flattée mais intimidée de l’attention de l’empereur, etc. L’auteure a ainsi repris de nombreux épisodes de la réalité historiques tout en en incorporant des nouvelles venant de son imagination (notamment l’intérêt amoureux de Charles-Louis pour Sissi).



La romance est donc au cœur de ce roman, et ils sont bien mignons nos deux tourtereaux. On sent déjà Franz conquis et amoureux de sa cousine, de ses charmes naturels, de sa candeur, son tempérament, sa grâce, elle est telle une nymphe des bois pour l’empereur. Si ce n’est pas encore l’amour fou du côté de Sissi, on voit bien que Franz ne la laisse pas indifférente, bien qu’avoir l’attention d’un personnage influent comme l’empereur a de quoi l’intimider, d’autant plus qu’elle ne supporte pas la vie et les usages de la cour. Cela dit, j’aurais bien voulu davantage de scènes entre Franz et Sissi, voir le développement de leurs sentiments et de leur relation, j’ai vraiment eu une sensation de trop peu, des scènes pas assez développées ou qui se terminent de façon brusque, comme la scène où Franz annonce ses fiançailles avec Sissi. J’aurais bien voulu davantage de moments et de développement entre eux, histoire de continuer à rêver un peu plus…



L’accent est également mis sur la famille, notamment la relation mère-fils entre François-Joseph et Sophie, entre François-Joseph et son frère Charles-Louis, mais aussi la relation entre Ludovika et ses deux filles. Nous avons des scènes très touchantes entre Ludovika et Sissi, elle s’aperçoit que sa fille grandit et change, et qu’elle passe de vilain petit canard à cygne, Sissi qui rétorque à sa « Mammi » qu’elle préfère rester son petit canard. J’ai aimé aussi que l’auteure consacre une scène à Hélène après les fiançailles, pour découvrir ses pensées, comment elle a perçu ce retournement de situation et ce qu’il en est concernant sa relation avec sa sœur. Ce focus sur ces différents personnages historiques et la famille de Sissi mais aussi celle de l’empereur est vraiment l’un des points qui m’a le plus attiré dans cette série. J’aurais voulu passer plus de temps avec cette famille, continuer à lire la vie de Sissi après ses fiançailles et que la relation Franz/Sissi soit plus développée. Toutefois, j’ai aimé passé du temps avec ces personnages, et je referme ce dernier tome avec un sourire aux lèvres, malgré ma frustration.

Dans les cuisines de l'Histoire - Collectif.


La grande Histoire de la gastronomie française à savourer à travers la petite, servie par une galerie de personnages hauts en couleur. 

Des diktats de l'Église qui régissaient les mœurs alimentaires à l'utilisation des épices venues d'Asie, découvrez la cuisine médiévale, et invitez-vous à la table des Chevaliers !




Nous commençons ce voyage dans le temps culinaire avec le Moyen-Âge où l’Église a dicté très tôt ses règles quant à la consommation alimentaire. L’année était partagée entre les jours maigres et les jours gras et le souhait de manger en bon chrétien. On ne mangeait pas avant d’avoir fait ses prières ou avant d’être allé à l’église (sauf exception). La gourmandise était en effet vue comme un péché, et la croyance voulait que la consommation de viande rouge échauffait le corps et provoquait donc des excès dans le tempérament de celui qui en mangeait. On était alors persuadé que l’alimentation pouvait influer sur le caractère d’une personne ou alors sa santé. Les mères nourricières, par exemple, n’avaient pas le droit à certains aliments (comme l’ail ou les champignons) pour ne pas gâter le goût du lait ou ne pas risquer un empoisonnement


Pendant longtemps, la transmission culinaire s’est faite oralement, les recettes étant partagées de bouche de cuisinier à oreille de cuisinier. Il a fallu attendre le XIIIe siècle pour que les premiers écrits culinaires arrivent, mais ceux-ci restent très évasifs et difficilement fiables et contiennent des erreurs. La plupart des recettes ne donnent aucune indication sur la quantité des ingrédients et les proportions sont laissées au bon vouloir du cuisinier qui adapte selon le nombre de convives.


Parmi les ouvrages les plus connus, il y a Le Viandier, écrit à la fin du XIVe siècle, associé à Guillaume Tirel, dit Taillevent, maître cuisinier des rois de France Charles V et Charles VI ; ou encore Le Mesnagier, rédigé au XIVe siècle et attribué à un bourgeois parisien qui l’aurait écrit à l’intention de sa jeune épouse afin de lui faire connaître la façon de tenir sa maison et de faire la cuisine.


Ce tome nous parle également de l’importance des bonnes manières et des civilités à table. Il était mal vu de se lécher les doigts ou de se précipiter sur son assiette. L’hygiène des mains devait être irréprochable car c’est avec les doigts qu’on mangeait, et il était de mesure de prendre son temps pour manger. On est loin du cliché des gens du Moyen-Âge crasseux et sans aucune manière ! Une autre façon de voir le Moyen-Âge s'offre donc à nous à travers ce premier tome qui ouvre l'appétit !


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La grande Histoire de la gastronomie française à savourer à travers la petite, servie par une
galerie de personnages hauts en couleur. 

Des premiers best-sellers culinaires aux illustres cuisines de Versailles, découvrez la révolution gastronomique qu'a été le Grand Siècle, et invitez-vous à la table du Roi-Soleil !


Dans ce tome, nous entrons à l’époque moderne, celle de Louis XIV. C’est l’époque où de nouveaux aliments et des épices apparaissent en Europe, venus d’Asie ou des Amériques. Nous apprenons ainsi l’histoire des origines du chocolat importé d’Amérique, du café que nous devons aux Turcs, ou encore la création du croissant (nous vient-il vraiment d’Autriche qui aurait crée cette pâtisserie pour commémorer une victoire contre les Turcs ?), mais aussi l’histoire du sorbet.


C’est aussi l’époque où la fourchette se popularise. L’imprimerie, qui se développe, permet également une large diffusion des recettes culinaires. De plus en plus de livres de recettes paraissent et ceux-ci sont nombreux à aborder de plus en plus le lien étroit entre la cuisine et la santé en mettant l’accent sur les bienfaits et inconvénients de certains aliments.


Parmi toutes ces nouveautés, le pain demeure bien-sûr la base de l’alimentation. Ce tome aborde notamment le commerce du pain sous Louis XIV. On marquait les pains de la marque de la boulangerie, pour pouvoir mieux retracer la trace d’éventuels fraudeurs (ceux qui trichent sur la farine, le poids du pain, etc). On découvre aussi le quotidien d’un apprenti boulanger et on apprend notamment qu’un apprenti l’était pendant cinq ans avant de passer un examen pour devenir compagnon, puis devait présenter trois ans après un chef d’œuvre devant un jury chargé de décider d’accorder ou non la licence de boulangerie.


C’est à cette époque que quelques grands noms de la cuisine apparaissent : Cyprien Ragueneau, poète et comédien mais aussi pâtissier, il aurait servi de modèle à Edmond Rostand pour son Cyrano de Bergerac ; François Varel, passé à la postérité en tant qu’organisateur de fêtes et de festins d’exception au château de Vaux-le-Vicomte, puis au château de Chantilly durant le règne de Louis XIV ; François Pierre de La Varenne, cuisinier et auteur du Cuisinier françois, un ouvrage capital qui marque le passage de la cuisine médiévale à la cuisine moderne, et qui contient les premières mentions au mille-feuilles par exemple ; ou encore Jean-Baptiste de La Quintinie, créateur du Potager du roi à Versailles, ce qui n’était pas une mince affaire si on se souvient qu’il a du rendre cultivable un terrain marécageux. Forcément, on ne parle pas alimentation sans évoquer les cultures de ce que nous mangeons, et Louis XIV était notamment particulièrement friand des petits pois.


On en apprend également un peu plus sur Louis XIV mais surtout sa table où le placement des invités est hiérarchisé ; plus on s’éloigne du roi, moins les plats sont élaborés et on peut ainsi savoir si les membres de la famille royale sont en faveur ou non… de quoi alimenter les potins des courtisans en plus de leur appétit !


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La coupe de champagne a-t-elle réellement été moulée sur le sein de la Pompadour, ou était-ce une rumeur visant à moquer sa frivolité ? D'où viennent les épices que nous mangeons, et quand sont-elles apparues ? La pomme de terre, de la nourriture pour les cochons ? 

La grande Histoire de la gastronomie française à savourer à travers la petite, servie par une galerie de personnages hauts en couleurs.



Après Louis XIV, place aux règnes de Louis XV et de Louis XVI ! Ce tome évoque la popularité du champagne à Versailles, grâce à Madame de Pompadour, la plus célèbre des maîtresses de Louis XV, et revient sur l’idée reçue qui dit que la coupe de champagne aurait été modelée sur le sein de La Pompadour.


C’est la période où la pomme de terre fait son apparition dans les assiettes mais elle a bien du mal à conquérir les cœurs, notamment à la cour. C’est Antoine Parmentier, ancien militaire, nutritionniste et hygiéniste français, qui s’est donné pour mission de promouvoir la pomme de terre et de faire reconnaître ses avantages alors qu’elle n’était alors considérée que comme un met pour les pauvres, les prisonniers et les cochons. On a du mal à imaginer, de nos jours, que la pomme de terre ait eu du mal à gagner en popularité !


Le XVIIIe siècle est aussi l’époque où les premiers restaurants commencent à voir le jour à travers des enseignes qui sont à la fois des cafés, restaurants, traiteurs et restaurateurs. C’est aussi durant le siècle des Lumières que les bases de la cuisine française vont s’installer, celle encore pratiquée de nos jours. On assiste à une évolution de la cuisine, on ne retient plus que sept saveurs principales (doux, amer, âcre, âpre, aigre, gras, salé). Si le pain reste la base alimentaire, les légumes et fruits sont désormais définitivement intégrés aux repas


C’est aussi le siècle de la nouvelle cuisine, de la sophistication et du raffinement, avec l’arrivée d’une cuisine plus élégante, plus technique, avec une grande part aux légumes, les sauces sont allégées et devenues plus onctueuses. On assiste aussi à des banquets républicains pour commémorer le 14 juillet.


Marie-Antoinette est également mise à l’honneur, en reprenant une phrase qu’on lui prête à tord (« Qu’ils mangent de la brioche »), mais aussi d’autres personnalités de la cuisine, notamment Alexandre Grimod de la Reynière, considéré comme le père fondateur de la gastronomie et qui a publié l’Almanach des Gourmands, considéré comme l’ancêtre du guide gastronomique.


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Des prémices de la grande distribution à la légendaire gourmandise de Louis XVIII et
d'Alexandre Dumas, découvrez les bouleversements culinaires du XIXe siècle et invitez-vous aux tables de Talleyrand et d'Auguste Escoffier !


On termine avec ce tome qui porte assez mal son nom car il n’y a d’empereur évoqué que Napoléon Ier, et que ce tome couvre une période assez vaste entre le Premier Empire et la Première Guerre Mondiale.


C’est une période de bouleversements en matière de gastronomie et d’alimentation. Elle marque l’apparition des premiers guides et critiques gastronomiques, le développement d’une nourriture gourmande (de nombreux auteurs, comme Émile Zola ou Alexandre Dumas, font régulièrement référence aux restaurants dans leurs ouvrages). C’est la prolifération des restaurants, qui deviennent accessibles au plus grand nombre, et des commerces alimentaires, l’apparition des menus ainsi qu’une évolution de l’art de la table.


L’agro-industrie permet une modernisation de notre mode de consommation (développement des transports des aliments, la mise en conserve, etc), les considérations d’hygiène et de sécurité alimentaire, l’heure des repas qui colle davantage au style de vie de ce siècle (les Français mangeaient alors peu le matin, mais le souper retrouve grâce), c’est aussi l’apparition des soupes populaires, les restes des repas des plus riches sont revendus aux classes plus modestes ou pauvres, etc.


C’est une longue période qui connaît des temps de gastronomie festive, joyeuse et prospère tout comme des temps de misère avec les pénuries de la révolution française, les différentes guerres, le siège de Paris qui a contraint les Parisiens à chasser chats et chiens errants ou manger les animaux des zoos (certains passages ont d’ailleurs été durs pour moi qui suis très sensible dès lors qu’il s’agit de morts d’animaux), ou les récoltes déplorables.


Parmi les célébrités, nous avons Antonin Carême, pâtissier, surnommé « le roi des chefs et le chef des rois », le premier à porter l’appellation de chef, il est considéré comme le fondateur de la haute gastronomie, il était notamment recherché par les cours royales ; Nicolas Appert, non pas un cuisinier mais un inventeur à qui nous devons les boîtes de conserves et la conservations des aliments dans des containers en verre puis en boîtes métalliques ; Auguste Escoffier qui a codifié et modernisé la cuisine raffinée des grands hôtels et autres établissements de prestige, c’est aussi lui qui a développé le concept de brigade de cuisine (répartition des tâches dans l’équipe) et en veillant à l’image de marque du cuisinier (propre, méticuleux, non buveur, non fumeur, ne criant pas) et il a également imposé le service à la russe avec un dressage et service directement à l’assiette.


Le mot de la fin


C’est une bande-dessinée que j’ai découvert par hasard, alors que je cherchais des idées pour ma PAL de l’Ice Cream Summer Challenge, et qui s’est révélée être une bien belle découverte !


Quelle idée originale que de nous apprendre l’Histoire à travers la gastronomie en France et son évolution à travers une large période qui va du Moyen-âge jusqu’à la Grande Guerre. Un véritable voyage dans le temps qui parle boustifaille mais pas que ! Dans les cuisines de l’Histoire parle aussi bien des différents plats et aliments consommés à chaque époque que d’autres sujets comme les différentes façons de cuisiner, la culture des légumes et herbes aromatiques, les différentes techniques de conservation des aliments à travers les siècles, mais aussi les liens étroits entre l’alimentation et la santé, l’hygiène, ou le lien entre l’alimentation et le social (la façon de se tenir à table, la convivialité, la hiérarchisation à table, etc). On y parle ainsi plus que d’aliments mais de tout un ensemble qui a attrait à cet univers.


On en apprend un peu plus sur les œuvres culinaires qui ont traversé les siècles, ces ouvrages et ces personnes qui ont contribué à la révolution culinaire et qui se sont fait un nom dans le milieu gastronomique.


Chaque tome se compose de plusieurs épisodes qui illustrent un propos, c’est tantôt drôle, tantôt touchant, mais toujours instructif, avec des personnages hauts en couleur, et ça met même l’eau à la bouche ! À noter que chaque tome nous propose des recettes d’époque que nous pouvons essayer de reproduire, ce que je trouve très intéressant !


Une bande-dessinée que je conseille et que je classe parmi mes coups de cœur. Un vrai régal !

samedi 8 juin 2024

Sissi (T.3) L'écuyère masquée - Christine Féret-Fleury.



Aujourd’hui, Sissi a 15 ans. Et sa vie va changer. Car aujourd’hui elle va faire sa première apparition officielle en tant qu’Elisabeth en Bavière. 

« Notre petite Elisabeth, comme elle a grandi vite, s’attendrit le reporter Elmer. Je n’ai pas vu le temps passer. » 

Hélène, elle, est moins tendre à l’égard de sa sœur cadette. Car elle s’accroche à l’espoir d’épouser bientôt son cousin Franz, l’empereur d’Autriche, et craint que Sissi ne gâche tout…




Je poursuis ma lancée des aventures de Sissi dans ce troisième tome que je trouve plutôt en-dessous des précédents. Toutefois, la lecture reste plaisante et fluide.


Dans ce troisième tome, Sissi connaît ses premiers émois amoureux en la présence de Richard, jeune écuyer au service de son père, le duc Max en Bavière. Son premier amour, mais aussi son premier chagrin car le jeune comte Richard appartient à une petite noblesse et ne peut espérer courtiser ouvertement Sissi. Pour autant, la romance reste plutôt mignonnette et on appréciera la petite référence historique, le comte Richard et l’idylle entre lui et Sissi ayant effectivement existé [spoiler] avant la mort prématurée de Richard [/spoiler].


À l’instar des tomes précédents, nous suivons Elmer et Robertine, nos deux journalistes, qui rencontrent la sœur disparue d’Anna, rencontrée dans le second tome. Nous suivons également en parallèle Alexander, qu’Anna avait rencontré et épousé dans le second tome, en bien mauvaise posture. Ces sous-intrigues restent divertissantes, mais, comme pour les tomes précédents, je les ai trouvé moins intéressants que les chapitres autour de Sissi et sa famille.


Du côté de Sissi, elle vit donc ses premiers émois amoureux et cherche à s’introduire clandestinement – avec la complicité de Richard - dans le spectacle organisé par son père, accueillant artistes, acrobates et cavaliers, dans ce cirque où elle n’a jamais eu le droit d’entrer, pour faire un numéro d’équitation comme écuyère masquée. Ici aussi, j’ai apprécié les références historiques car ce cirque a réellement existé, ce qui met un peu en avant la personnalité unique et quelque peu excentrique de Max en Bavière. Nous retrouvons également Hélène, qui joue malheureusement un peu les garces dans ce roman à l’égard de Sissi qui se montre pourtant compatissante et à l’écoute face au chagrin d’Hélène, qui pleure du manque d’attention de son fiancé à en devenir.


Le contexte politique et historique est moins présent ici, à part la question du futur mariage de l’empereur François-Joseph. L’empereur connaît une idylle avec une jeune veuve dont il est très attaché, ce qui n’est pas au goût de sa mère, l’archiduchesse Sophie, qui le presse au sujet de ses fiançailles avec celle qu’elle lui a choisie, la princesse Hélène en Bavière. J’ai apprécié ce parallèle entre Franz et Sissi, tous deux épris d’une personne qu’ils ne peuvent prétendre épouser car leur rang l’en empêche et que cette idylle est fortement désapprouvé par les parents.


Ce tome nous laisse avec une Sissi déchirée par le chagrin et un Franz impuissant et mais acceptant de suivre la volonté de sa mère, se destinant à un mariage sans amour, pour le devoir. Autant dire que j’attends avec beaucoup d’impatience le quatrième et dernier tome dans lequel se déroulera la rencontre de Franz et Sissi à Bad Ischl.

Sissi (T.2) L'Inconnue du lac de Starnberg - Christine Féret-Fleury.


Après le séjour chez sa tante Sophie à Innsbruck, après les règles de la cour et de la vie royale, quel bonheur pour Sissi de retrouver la simplicité de la vie à Possenhofen ! Sissi disparaît des journées entières, galopant dès l’aube à travers la forêt ou accompagnant son père en balade. 

Toutes les semaines, elle reçoit une lettre de Charles-Louis qui lui révèle chaque fois un peu plus ses sentiments. Sissi est à la fois ravie et embarrassée, car elle a l’impression que sa mère et sa tante la forcent à aimer Charles-Louis en retour. 

Un jour, alors qu’elle se promène au bord du lac, Sissi découvre une jeune femme tapie derrière un buisson, blessée. Sans réfléchir, Sissi décide aussitôt de venir en aide à cette inconnue et de la recueillir en secret au château…




Je retrouve Sissi dans ce second tome dont les événements se déroulent quelques mois après le premier tome. À l’instar du premier tome, c’est une lecture détente que j’ai lu avec beaucoup de plaisir. J’aime beaucoup lire les tranches de vie de Sissi et sa famille, avec les descriptions presque idylliques du château de Possenhofen entouré de sa nature sauvage avec les animaux, les promenades en forêt, son lac, les jardins. On partage l’amour de Sissi pour sa maison de Possenhofen, avec sa famille nombreuse, dont le style de vie est plus simple et moins protocolaire qu’à Vienne.


Je retrouve avec plaisir Sissi que l’on retrouve toujours aussi gaie, espiègle, un peu turbulente mais avec un cœur en or, mais on la voit commencer à s’inquiéter alors qu’elle quitte peu à peu l’enfance et que son avenir la préoccupe. Elle a en effet laissé une forte impression sur Charles-Louis, prince impérial, qui lui écrit des lettres d’amour tendre. En parallèle, l’archiduchesse Sophie nourrit des projets de mariage entre Franz, l’héritier au trône, avec Hélène, la sœur parfaite de Sissi, et entre Charles-Louis et Sissi, dans l’espoir de nouer des liens étroits entre l’Autriche et la Bavière. Si Hélène s’enthousiasme de ce projet, Sissi est contrariée de ces perspectives de mariage qui l’éloignent peu à peu de son enfance chérie et insouciante. Elle l’est d’autant plus que personne ne semble partager ses inquiétudes. Son entourage semble même la presser à répondre favorablement à Charles-Louis et trouve que Sissi n’aurait pas pu rêver meilleur parti. En effet, c’est un rêve que d’épouser un membre de la famille impériale et d’être appelée à faire partie de la cour de Vienne. N’est-ce pas le rêve de chaque jeune fille que d’épouser le prince charmant ? Sissi ne partage pourtant pas cet avis, rêvant plutôt d’épouser quelqu’un qu’elle aime, de vivre libre, heureuse et sans contrainte.


Les choses commencent donc lentement à bouger dans ce tome, avec Sissi plus consciente que jamais de son avenir et de son enfance qui prend doucement fin, Hélène qui poursuit son éducation pour se préparer à son rôle de future impératrice d’Autriche qu’on lui destine et qu’elle attend. Le contexte socio-politique est également plusieurs fois évoqué, ce qui m’a beaucoup plu, notamment avec la famille impériale qui fuit toujours Vienne, puis l’abdication de Ferdinand Ier en faveur de François-Joseph, dit « Franz » qui est couronné empereur d’Autriche. Les peuples, qui constituent l’empire comme les Hongrois, les Tchèques ou encore les Croates, se soulèvent et réclament leur indépendance, créant des mouvements de résistance et de révolution qui sèment le trouble dans l’empire. Certains mouvements sont violemment réprimés, des villes attaquées et ces révolutionnaires, nommés anarchistes, chassés et poursuivis.


Sissi prend plus que jamais connaissance de cette dure réalité à travers les conversations qu’elle entend mais aussi et surtout à travers Anna, jeune anarchiste hongroise qui a vécu à Prague et qui raconte son histoire à Sissi, notamment sur l’attaque de Prague de 1848 où elle a vu périr sa famille. Sissi compatit à sa situation et tente tant bien que mal de cacher sa nouvelle amie tout en lui offrant un toit et de la nourriture. Je pense qu’Anna est un personnage que nous serons amenés à revoir par la suite, surtout compte-tenu du fait que l’affaire autour de la disparition de sa sœur reste élucidé, et qu’on ignore si elle a survécu à l’attaque de Prague et où elle se trouve.


Nous retrouvons aussi les deux journalistes du premier tome, Elmer et Robertine (qui se travesti pour travailler sous le nom de Robert), toujours en quête d’un scoop, mais ils ne m’ont pas laissé grande impression, comme dans le premier tome. Je les trouve même inutiles la plupart du temps, mais il faut dire que je préfère davantage suivre l’histoire de Sissi et sa famille.


Je déplore également le fait que ce tome présente beaucoup moins d’illustrations par rapport au premier tome. Toutefois, c’est une histoire qui continue de se lire avec plaisir, une petite lecture détente qui fait du bien. J’ai d’autant plus apprécié les petites références au premier film Sissi avec Romy Schneider !

samedi 1 juin 2024

Ice Cream Summer Challenge, édition 2024.


Si l'été tarde à pointer le bout de son nez, le Ice Cream Summer Challenge reprend du service pour la troisième année consécutive, prêt à égayer l'été de lectures, en attendant la chaleur estivale qui s'accompagnera très bientôt des barbecues, glaces et surtout des vacances !

Organisé par Kevin, il se déroule du 1er juin au 31 août 2024. Les règles restent les mêmes que celles de l'an dernier et le schéma est le même que celui des précédents challenges saisonniers. Vous trouverez plus d'informations sur la vidéo ci-dessous :




Sans plus tarder, voici la PAL qui m'accompagnera pendant cette période estivale :





L'été fantôme, de Elizabeth Holleville

Louison et sa grande sœur viennent passer les vacances d’été chez leur grand-mère. Mais malgré l’immense jardin de la maison et le soleil éclatant du sud, la cadette s’ennuie, attendant avec impatience l’arrivée de ses grandes cousines. Lorsqu’elles arrivent enfin, Louison s’aperçoit que ces dernières ont désormais des préoccupations adolescentes et mieux à faire que jouer avec elle. Délaissée, elle reprend ses déambulations solitaires jusqu’au jour où elle fait la rencontre de Lise. Une jeune fille qui n’est autre que le fantôme de sa grand-tante, morte il y a soixante ans dans des circonstances mystérieuses. Restée figée dans cette période de l’enfance que Louison n’est pas pressée de quitter, Lise devient rapidement une confidente. Une amie aux mystérieux pouvoirs…



Le dernier des étés, de Alfonso Casas

Parfois le passé laisse des histoires inachevées, des problèmes à résoudre, des questions qui poursuivent notre avenir... C'est le cas pour Dani, le narrateur de cette histoire. Juste avant de se marie, sous prétexte d'un projet photographique sur le passage du temps, Dani se rend dans la ville côtière où il passait l'été durant son enfance. Un lieu qu'il n'a pas foulé depuis vingt ans et qui lui rappelle l'importance qu'il a joué dans sa vie. Un voyage physique, mais surtout intérieur, que Dani entreprend pour tenter de répondre à cette question qui le hante : « Et si... ? »





- Sixtine (T.2), de Caroline Vermalle

Jessica Pryce a été enterrée vivante dans la chambre secrète d'une pyramide égyptienne. Elle en est sortie, pas tout à fait morte. Et elle a juré de se venger. Elle a changé son nom en « Sixtine », et elle a traqué les responsables jusqu'au bout du monde. Elle pensait tenir les coupables. Elle se trompait. À présent, tout ce qu'elle croyait, tout ce qu'elle pensait connaître, est remis en question. Son mariage digne d'un conte de fées. L'univers luxueux dans lequel elle évoluait. Les liens de son mari avec le trafic d'antiquités. Ses sentiments pour Thaddeus, le meilleur ami de son époux. Et la personne qu'elle est devenue depuis sa « mort ». Déterminée à découvrir la vérité, Sixtine reprend son enquête, qui la conduira cette fois dans le cour palpitant du Mexique.







Mémoires de la forêt (T.1) Les souvenirs de Ferdinand Taupe, de Mickaël Brun-Arnaud

Dans la forêt de Bellécorce, au creux du chêne où Archibald Renard tient sa librairie, chaque animal qui le souhaite peut déposer le livre qu’il a écrit et espérer qu’il soit un jour acheté. Depuis que ses souvenirs le fuient, Ferdinand Taupe cherche désespérément à retrouver l’ouvrage qu’il a écrit pour compiler ses mémoires, afin de se rappeler les choses qu’il a faites et les gens qu’il a aimés. Il en existe un seul exemplaire, déposé à la librairie il y a des années. Mais justement, un mystérieux client vient de partir avec… À l’aide de vieilles photographies, Archibald et Ferdinand se lancent sur ses traces en forêt, dans un périple à la frontière du rêve, des souvenirs et de la réalité.



- Dans les cuisines de l'histoire, de Collectif

La grande Histoire de la gastronomie française à savourer à travers la petite, servie par une galerie de personnages hauts en couleur. 

Des diktats de l'Église qui régissaient les mœurs alimentaires à l'utilisation des épices venues d'Asie, découvrez la cuisine médiévale, et invitez-vous à la table des Chevaliers !





Le mari de mon frère, de Gengoroh Tagame

Yaichi élève seul sa fille. Mais un jour, son quotidien va être perturbé… Perturbé par l'arrivée de Mike Flanagan dans sa vie. Ce Canadien n'est autre que le mari de son frère jumeau… Suite au décès de ce dernier, Mike est venu au Japon, pour réaliser un voyage identitaire dans la patrie de l'homme qu'il aimait. Yaichi n'a pas alors d'autre choix que d'accueillir chez lui ce beau-frère homosexuel, vis-à-vis de qui il ne sait pas comment il doit se comporter. Mais ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Peut-être que Kana, avec son regard de petite fille, saura lui donner les bonnes réponses…






- Le fantôme de l'opéra, de Gaston Leroux

Publié en 1900, Le Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux, est devenu un classique du roman à rebondissements. Un suspense constant, une intrigue machiavélique, des situations ambiguës et beaucoup d'humour : on se lance sans retenue à la poursuite de ce fantôme "à travers les corridors et les escaliers mal éclairés" de l'Opéra Garnier ! Créature d'autant plus étrange qu'on lui attribue des phénomènes qui coïncident avec le plus fantastique, le plus mystérieux des drames...





Deep sea aquarium Magmell, de Kiyomi Sugishita

Keitaro Amagi est un jeune homme passionné par les océans. Enfant, son père lui a transmis cette fascination pour ces mondes mal connus. Devenu adulte, il répond alors tout naturellement à une embauche pour devenir simple balayeur au tout nouveau Magmell Deep Sea Aquarium. Ce gigantesque complexe sous-marin vient d'ouvrir et offre à ses visiteurs une découverte inédite de la faune sous-marine, à 200 m de profondeur. La passion de Keitaro l'emmènera sur des chemins inattendus au service du Magmell. Auprès du professeur Minato, le balayeur devra apprendre les secrets des calamars géants, sauver une espèce en danger, se confronter aux pêcheurs, et apprendre à préserver autant que possible un monde marin toujours plus mis en danger par les activités humaines.



Les tribulations de Lady Eleanor Grant (T.1) La première reine, de J. James

Après des années d'un mariage désastreux, Lady Eleanor Grant est enfin libre de mener sa vie comme elle l'entend. Grande amatrice d'égyptologie, elle décide de se rendre dans ce pays qu'elle a si souvent fantasmé, l'Egypte. Là-bas, elle va faire la connaissance de Karl Schaffenberg, un éminent professeur allemand. A eux deux, ils décryptent de vieux parchemins, trouvés dans la tombe d'un Grand Prêtre, qui leur révèlent une fantastique découverte : une nouvelle reine égyptienne, Nitetis, inconnue jusqu'alors, vient complètement bouleverser l'ordre dynastique. Lors de cette enquête, Eleanor est amenée à recroiser la route du brillant gallois, Warren Crowley. Intrigué, ce dernier se laisse entraîner par cette étrange aventure, et se révèle être un précieux allié, pour suivre les traces de cette reine oubliée. Mais pourquoi n'a-t-on jamais entendu parler de cette Nitetis ? Qu'a-t-elle donc fait pour subir la Damnatio Memoriae ? Parfois, certains secrets bien gardés devraient le rester.





Un meurtre sera commis le..., de Agatha Christie

"Un meurtre est annoncé, il aura lieu le vendredi 29 octobre à dix-huit heures trente à Little Paddocks." Au village de Chipping Cleghorn, tout le monde découvre cette petite annonce dans la gazette locale en prenant son breakfast. On pense aussitôt à une amusante merder party imaginée par quelque facétieux. Aussi, tout le voisinage, émoustillé, rapplique-t-il à Little Paddocks pour attendre l'heure fatidique dans la bonne humeur. A dix-huit heures trente, la lumière s'éteint, et des coups de feu éclatent... Mais c'est l'étranger, entré Dieu sait comment dans la maison, qui est retrouvé, effondré sur le parquet, son pistolet à la main. Mort.




Colocataires à leur manière, de Tsunami Minatsuki et As Futatsuya

Auteur d'histoires policières, Subaru Mikazuki se distingue par sa nature introvertie et misanthrope. En effet, considérant les gens comme une source de nuisance dans son processus d'imagination et de création, il fait tout pour éviter de sortir de chez lui et d'avoir des contacts humains. Un jour, il rencontre un chat errant. Il décide de l'adopter et de le nommer Haru. Petit à petit, les deux personnages s'apprivoisent l'un l'autre... 



Les Mémoires de Cléopâtre (T.1) La Fille d'Isis, de Margaret George

Plus qu'un personnage historique, Cléopâtre est une légende. Héritière de la dynastie des Ptolémées, séductrice fatale, aimée de César puis d'Antoine, qui rêva avec elle de régner sur l'Orient, elle fit briller l'Egypte d'une ultime splendeur avant de s'offrir volontairement à la morsure d'un aspic. Sans dissiper cette aura de fascination et de mystère, la romancière américaine Margaret George a minutieusement reconstitué cette exceptionnelle destinée, et nous fait revivre son parcours de reine et de femme dans sa plus profonde intimité. L'enfance, les débuts d'une jeune reine de dix-sept ans, l'Egypte affaiblie et divisée, le long exil à Ashkelon, l'aventure rocambolesque à l'issue de laquelle elle devient la maîtresse de César, à qui elle donnera un fils, Césarion... tels sont les moments forts de cette grande saga du pouvoir, de l'ambition et de la passion. A la mort de César, Cléopâtre regagne Alexandrie : un long règne s'ouvre devant elle...



C'est tout pour la PAL.

Un bon challenge à toutes et à tous !