Si j’ai découvert ce livre, c’est avant tout grâce à sa célèbre adaptation par Hayao Miyazaki, sans doute l’un des films animés du studio Ghibli le plus connu et apprécié, Le Château Ambulant. Pourtant, si le film a repris les bases du roman, ce dernier se démarque du film de bien des manières, ce qui ne m’a pas empêché de passer un bon moment.
Sophie Hatter est l’aînée d’une fratrie de trois filles dans un monde où les cadets des familles sont promis à de brillants destins et les aînés, au contraire, une vie simple, morne. Sophie est ainsi convaincue que rien ne lui arrivera de bon, à l’inverse de ses sœurs. Lettie va rejoindre une sorcière qui va lui faire son apprentissage dans la magie et Martha, elle, part travailler dans une boulangerie où elle est remarquée et courtisée. Quant à Sophie, elle hérite de la boutique de chapeaux de la famille, tandis que sa belle-mère sort quotidiennement faire des emplettes, et se résigne à la longue carrière qui l’attend tout en parlant aux chapeaux qu’elle confectionne. Puis, un jour, après avoir répondu à une cliente, celle-ci se révèle être la sorcière du désert et lui jette un sort. Voilà Sophie transformée en vieille dame ! Elle ne peut pas vivre ainsi et n’ose expliquer la situation à sa famille. La croirait-elle ? Sophie quitte la maison, en quête du château ambulant de Hurle, sorcier réputé, dont on dit qu’il mange des cœurs. Pour le convaincre de la garder, elle se fait sa femme de ménage et conclut un pacte avec Calcifer, démon du feu qui est à l’origine des déplacements du château : si elle perce le secret qui le retient à Hurle, il la délivrera de sa malédiction…
La base du roman est semblable à celle d’un conte de fées, ce qui m’a plu, où l’héroïne vit dans un monde où la magie est courante, où les cadets de famille sont promis à un brillant destin, où l’héroïne est victime d’un sortilège… seulement, le magicien Hurle n’a rien d’un prince charmant ! Hurle est un personnage mystérieux, superficiel, volage, égocentrique mais pourtant attachant et tellement drôle, et adorable quand il le peut (si, si), ses piques avec Sophie sont tout simplement excellentes, d’autant plus que notre héroïne n’est pas du genre à se laisser faire avec ce magicien qui la rend folle. Sophie est têtue, râleuse et obstinée, et il le faut bien pour faire face à Hurle, quoique plutôt défaitiste, de part sa condition d’aînée je le suppose...
L’auteure
nous présente des personnages hauts en couleur. Même si de
nombreuses scènes avec lui prêtent à rire ou à sourire, Hurle
reste un personnage mystérieux et complexe sur lequel on
s’interroge, de plus, le pacte scellé entre lui et Calcifer attise
la curiosité et ajoute une histoire dans l'histoire.. Sophie est
attachante, transformée en vieille dame, alors qu’elle découvre
les contraintes liées à l’âge mais aussi qu’elle gagne en
sagesse, confiance et le recul que l’âge lui confère. Ce mélange
de petite fille et de personne âgée en elle m'a beaucoup plu,
créant ainsi un personnage à part. Calcifer, le démon du feu, n’a
pas sa langue dans sa poche et se révèle avoir un cynisme décapant.
On plaint presque un peu Michael, l’apprenti un peu effacé de
Hurle, qui se retrouve entre Hurle et Sophie, qui sont deux têtes
fortes. Les sœurs de Sophie ne sont pas non plus en reste, et j’ai
beaucoup aimé leurs scènes. Si
l’histoire semble vouloir nous raconter la quête de Sophie pour se
faire accepter de Hurle et ainsi avoir son aide pour briser le
sortilège, cette quête va révéler d’autres aventures, d’anciens
complots et rancunes mettant en scène un roi, son frère disparu, le
passé de Hurle, la sorcière du désert et ses mystères. J’ai
beaucoup aimé cette aventure que j’ai trouvé fort divertissante
et rocambolesque, et découvrir cet univers à part où l’on
rencontre des sorcières, des magiciens, un château ambulant qui
voyage de vallées en vallées. J’aime beaucoup l’idée de ce
château ambulant dont les différentes portes ouvrent sur différents
endroits voire différents mondes.Sophie Hatter (source)
J’ai toutefois trouvé quelques griefs. Le départ précipité de Sophie vers l'inconnu, notamment, ne m'a pas paru rationnel. J'ai eu du mal à comprendre ses motivations, d’autant plus qu’elle n’a pas semblé si affectée par le fait qu’elle soit devenue une vieille dame. J’ai aussi un grief concernant la relation Hurle/Sophie, comme je l’ai dit auparavant, j’ai beaucoup aimé ce duo, même si, en me basant sur l’adaptation japonaise [spoiler] je me suis demandée quand et comment diable ils allaient tomber amoureux, la romance arrive d’ailleurs tard, presque sur la fin, j’ai un peu cette impression que c’est arrivé soudainement, comme un cheveu dans la soupe, même si j’ai bien aimé l’idée que Sophie n’avait besoin que d’elle-même pour briser son sortilège et pas besoin de l’aide de quelqu’un d’autre, surtout d’un garçon, c’est un agréable changement [/spoiler] mais leurs échanges sont tout simplement savoureux.
Le Château de Hurle reste un conte moderne divertissant, rocambolesque, drôle et intelligent que je conseille, avec des personnages hauts en couleur. Dès les premières pages, j’ai accroché à l’histoire grâce au style de l'auteur, très agréable à lire, son imagination et son humour. Je ne me suis pas ennuyée à suivre les aventures et les déboires de Sophie, et j’ai passé un merveilleux moment dans ce château ambulant avec ces drôles de personnages !
Elle [Sophie] grimpa l'escalier en maugréant à voix haute :
- Ah ! ces magiciens ! On croirait que personne n'a jamais eu de rhume avant eux !
Elle entra dans la chambre, traversa le tapis crasseux.
- Alors, qu'y a-t-il ?
- Je meurs d'ennui, déclara Hurle d'un ton pathétique. Ou alors je me meurs tout court.
Adossé à ses oreillers douteux, il avait l'air vraiment malade sous sa courtepointe qui devait être en patchwork, mais que la poussière réduisait à une seule teinte grisâtre. Les araignées qu'il semblait tant affectionner filaient activement leurs toiles dans son ciel de lit.
Sophie lui tâta le front.
- Vous avez un peu de fièvre, reconnut-elle.
- Je délire, se plaignit Hurle. Je vois des tâches qui passent devant mes yeux.
- Ce sont des araignées, dit Sophie.
coucou Marion
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du troubadour Emmanuel