dimanche 5 septembre 2021

Peter Darling - Austin Chant.


Ten years ago, Peter Pan left Neverland to grow up, leaving behind his adolescent dreams of boyhood and resigning himself to life as Wendy Darling. Growing up, however, has only made him realize how inescapable his identity as a man is. But when he returns to Neverland, everything has changed: the Lost Boys have become men, and the war games they once played are now real and deadly. Even more shocking is the attraction Peter never knew he could feel for his old rival, Captain Hook-and the realization that he no longer knows which of them is the real villain.



Imaginez que Peter Pan et Wendy Darling ne former qu’une seule et même personne, que Wendy ne s’est jamais sentie véritablement comme Wendy, une jeune fille respectable, qui doit grandir et devenir une femme et qui, en voyageant la première fois au Pays Imaginaire avec l’aide de la fée Clochette, découvre qu’elle peut devenir le garçon qu’elle a toujours voulu être, où elle peut vivre librement et s’amuser d’aventures et de jeux. C’est l’histoire que nous propose Austin Chant, qui se présente à la fois comme une réécriture de Peter Pan de JM Barrie et également comme une sorte de suite dans laquelle Peter revient au Pays Imaginaire après des années d’absence, où les garçons perdus ont dû apprendre à vivre sans lui, où il retrouve son plus formidable adversaire, le capitaine Hook (je choisi ici son nom anglais, ayant lu le roman en VO, puisqu’il n’existe pas de VF, et que je préfère le nom dans sa VO) ... 

J’avais commencé ce roman dimanche, en imaginant consacrer les autres jours de la semaine à poursuivre ma lecture. J’ai vite compris que je ne pouvais pas m’arrêter dans ma lecture, et j’ai ainsi passé tout mon dimanche à dévorer cette histoire. Rien ne laissait pourtant présager le coup de cœur, puisque j’étais alors uniquement attisée par la curiosité d’un Peter Pan transgenre et m’amuser d’une romance entre Hook et Peter (Anders et Wilwy sur discord ont d’ailleurs été les témoins de mon live reading haha).

D’une part, j’ai beaucoup aimé l’idée de base du roman : faire de Peter et Wendy une seule et même personne, de nous présenter une Wendy qui ne s’est jamais sentie fille et n’a jamais voulu devenir une femme avec tout ce qui est attendu d’une femme dans l’Angleterre de l’époque, une Wendy qui découvre qu’iel peut être le garçon qu’iel a toujours voulu être, au Pays Imaginaire, et vivre comme iel l’entend, vivre de jeux, d’aventures, de dangers. Devenir Peter Pan en laissant Wendy derrière lui/elle. C’est une façon intéressante d’aborder la transidentité et de l’attacher à des personnages qui nous sont chers, d’autant plus que l’auteur, lui-même trans, ne révèle pas tout de suite que Peter Pan et Wendy ne font qu’un, tout cela est dévoilé progressivement, et d’évoquer les problématiques de la transidentité qui se mêlent parfaitement aux thématiques du Pays Imaginaire. La réalisation et le déroulé narratif sont réussis et prenants.

D’autre part, j’ai beaucoup aimé la romance que nous propose l’auteur. Je salue déjà l’initiative de l’auteur de nous proposer un rapprochement à la fois physique et romantique entre deux personnages emblématiques et pourtant ennemis, d’avoir su relever le défi d’en faire une romance crédible, de les faire se rapprocher naturellement, sans dénaturer ce qu’ils sont. L’évolution de leur relation n’est pas forcée et s’installe doucement.

Les personnages sont fidèles à eux-mêmes. Peter Pan est à la fois innocent et égoïste, joyeux, intrépide, parfois cruel, il revient au Pays Imaginaire en pensant qu’il va beaucoup s’amuser et s’étonne de voir que ce monde a changé en son absence, et va essayer de faire en sorte que les choses redeviennent comme avant, en redevant le chef des garçons perdus, en déclenchant la guerre aux pirates. Seulement, il va se rendre compte que les choses ne sont pas aussi simples et que tout ne peut se dérouler comme prévu, et va apprendre à voir les choses, et d’autres personnes, d’une autre façon. Lui qui était belliqueux et impétueux, sans se soucier des représailles et qui souhaitait seulement s’amuser comme avant et mener sa guerre contre Hook, il va évoluer, faire la paix avec lui-même et voir sa némésis d’une autre façon. C’est un personnage qui va beaucoup évoluer dans ce roman et se montrer être un personnage complexe et attachant, de même que le capitaine Hook

C’est un personnage que j’aime beaucoup, peu importe les adaptations de Peter Pan, et je n’ai pas eu de peine à m’attacher à lui dans ce roman (il nous apparaît la première fois promené sur une chaise portée par ses pirates, il sait se mettre en spectacle le monsieur !). Même s’il se présente comme la némésis de Pan que nous connaissons bien, le pirate farouche et cruel, il m’a plus de par son caractère à la fois joueur et provocateur, sarcastique, charismatique et formidable et parfois même, osons le dire, plus raisonnable que Peter. Le digne adversaire de Pan (même si, sur la fin, il est plus James que Hook, perdant un peu de sa superbe mais demeurant attachant tout de même). Puis, au fur et à mesure que l’histoire avance, on commence à le voir d’une autre façon alors que se dévoilent quelques facettes de sa personnalité et des pans de son passé, en même temps que Peter et, comme lui, on est amené à découvrir que tout n’est pas blanc ou noir. 

J’ai aussi beaucoup aimé Ernest, le chef des garçons perdus et qui, s’il n’est pas toujours d’accord avec Peter, va se montrer être quelqu’un de loyal et d’attachant. J’ajouterai également que j’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteur a rebâti le Pays Imaginaire, de façon inventive et originale, comme si ce lieu était une entité à part entière.

Une jolie découverte que ce roman, je déplore qu'il soit aussi court ! S’il est traduit un jour en France, c’est avec plaisir que je le relirais !


“Pan," Hook said. "You saved my life." 
Peter didn't know what to say. He had gone back to rescue Hook so unthinkingly, so instinctually, that he was only now beginning to realize he had done it. He hadn't worried about a single thing besides protecting Hook. 
He cast around for a reason—an excuse, not the real reason, which he already knew. 
"I had to," he said finally. "If you'd died there, I wouldn't have been the one to defeat you." 
Hook gave a low chuckle. "Your obsession is flattering, Pan. And I share it." 
"Obsession?" 
"Is that not what they call it," Hook said, "when two men can think of nothing but each other?" 
Peter went still, feeling his ears go hot at the implication. Hook knew, he thought. Hook knew exactly what Peter had felt before.

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