samedi 3 décembre 2022

Dark Rise - C.S. Pacat.

Une nouvelle ère de Ténèbres se profile…

L’ancien monde n’est plus. Ses héros sont morts, ses châteaux en ruine, et la bataille épique entre l’ombre et la lumière a sombré dans l’oubli. Seuls les Stewards s’en souviennent, et veillent, siècle après siècle, pour protéger l’humanité du retour du Roi obscur.

À Londres, Will est en fuite, pourchassé par les hommes qui ont tué sa mère. Lorsque Violet lui sauve la vie, tous deux se retrouve plongé dans le monde de légendes et de magie des Stewards. Alors qu’ils s’entraînent à leurs côtés, c’est dans le camp opposé que risque de se retrouver Katherine, fille de bonne famille désargentée. Car l’ombre avance ses pions… dont le plus dangereux est le vénéneux James, qui fut étroitement lié au Roi Obscur. Peu à peu les anciennes alliances se reforment, ou sont appelés à être brisées. Dans cette guerre qui menace leur monde, les descendants des combattants des deux camps n’ont d’autre choix que de jouer leur rôle… à moins que tout destin puisse être défié.


Qu’on se le dise, je n’aurais sans doute jamais posé les yeux sur Dark Rise, outre sa jolie couverture qui m’aurait au moins invité à prendre le livre pour y découvrir son résumé, si l’auteure n’avait pas été C.S. Pacat. C’est parce que j’ai beaucoup aimé Prince Captif que j’ai décidé de laisser sa chance au premier tome de sa nouvelle série.

 

L’histoire se déroule en 1821 à Londres, dans un univers dans lequel subsistent quelques reliquats d’une magie longtemps disparue après le combat épique entre un Roi maléfique et une mystérieuse Dame qui l’a jadis aimé avant d’arrêter sa folie. Will Kemper est un orphelin de 16 ans, travaillant comme simple docker lorsque, du jour au lendemain, il se retrouve à fuir des hommes menaçants cherchant à le kidnapper. Tout porte à croire que c’est lié à la mort de sa mère, assassinée pour une raison obscure. Son chemin croise celui de Violet, jeune bâtarde d’une puissante famille d’aristocrates anglais, qui lui sauve la vie. Après bien des péripéties, ils rencontrent et rejoignent les Stewarts, un ordre mystérieux qui travaille à empêcher le retour du Roi Obscur que les fidèles de ce dernier, en la personne de Simon, cherchent à orchestrer… Pour Will, c’est également un moyen de démasquer enfin les meurtriers de sa mère.

 

Si je dois être honnête, le roman ne m’a paru bien transcendant et il m’a fallu attendre la moitié du livre avant de commencer à m’intéresser à l’intrigue. Le début était sympathique mais l’histoire souffre ensuite de nombreuses longueurs, et j’avais bien été tentée de sauter quelques pages pour voir s’il allait arriver quelque chose d’intéressant.

 

Il faut dire que, contrairement à Prince Captif où l’on rentrait directement dans le vif du sujet, l’auteure a pris ici son temps pour poser son histoire, nous faire connaître les lieux et les différents personnages, pour autant je n’ai pas réussi à appréhender l’univers – qui reste assez classique et peu palpitant quand on connaît les codes du genre fantasy/fantastique – et les personnages, mis à part Violet qui a su m’intéresser dès le début… sans oublier James bien-sûr, mais j’y reviendrai. J’ai trouvé que la plupart des personnages manquaient de profondeur et peinaient à se démarquer des autres écrits du genre. Nous avons un roi puissant et maléfique, ses sbires qui jurent de le faire revenir pour qu’il puisse soumettre le monde à sa tyrannie. Nous avons un ordre de gentils « chevaliers » régit par des règles de contrôle, pureté, abstinence, etc, qui combat depuis des lunes pour empêcher ce retour. Nous avons aussi Will, le protagoniste, que l’histoire nous présente comme l’Élu destiné à combattre ce roi maléfique, qui ne possède de sa mère qu’un mystérieux médaillon, qui est le supposé descendant de la Dame, qui va rejoindre l’ordre secret auprès de qui il va s’entraîner pour devenir un combattant hors pair car il est le seul à avoir le pouvoir d’empêcher le retour du roi. Ce roman nous présente tout simplement le combat entre le bien et le mal.

 

Tout ceci paraît donc bien cliché et n’apportait rien de transcendant. Il m’a fallu attendre plus de la moitié de l’intrigue pour découvrir que C.S. Pacat se servait de ces clichés pour mieux les démanteler un à un partir de la seconde moitié du roman et c’est là où ça commençait à devenir intéressant ! Je pense notamment aux Stewarts qui finissent par révéler malgré eux les fissures de leur ordre si parfait et dont certaines actions sont beaucoup moins héroïques qu’ils n’essayent de le faire croire. Il y a également James de St Clair, le bras-droit de Simon, son impitoyable fidèle qui n’est pas un simple antagoniste. Il n’est ni blanc, ni noir, et certaines de ses motivations nous sont révélées, nous apportant plus de profondeur au personnage et plus de sympathie [spoiler] il n’agit au final que pour son intérêt dans le sens où il ne souhaite plus être contrôlé, récupérer le collier pour ne plus être privé de son libre arbitre et choisi de suivre Will par loyauté et non parce qu’il y est forcé [/spoiler]. Et, enfin, il y a Will. Il est l’exemple principal de C.S. Pacat qui détruit les clichés de la fantasy/fantastique, avec un plot twist des plus inattendus [spoiler] à savoir qu’il n’est pas l’élu, mais la réincarnation du Roi Obscur et il a utilisé ces pouvoirs vers la fin du roman, a fait verser le sang. Cela ne fait pas subitement de lui un antagoniste, on ignore encore s’il change réellement de camp, comment cette découverte va bouleverser le personnage et l’intrigue mais en tout cas j’ai hâte de le découvrir [/spoiler]

 

On a donc un vrai décalage entre les deux moitiés du roman et je pense que la première partie me semblerait bien meilleure maintenant en sachant ce qu’il se passe par la suite. Car la lecture de la première moitié de roman fut vraiment laborieuse, ce qui est dommage car, si on passe au-delà de cela, l’univers construit est prometteur, avec une atmosphère assez sombre, une mythologie intéressante et des personnages et relations qui ne demandent qu’à être développés. Malgré les clichés que l’histoire présente, celle-ci se révèle comme bien plus compliquée que cela. Elle repose sur la fatalité. Il est question de réincarnation. De ce fait, le personnage réincarné est-il condamné à répéter l’histoire ou, au contraire, peut-il prendre la main sur sa vie et se forger soi-même sa propre destiné ? Peut-il se libérer des entraves du passé et construire son présent ? Le but de l’intrigue, finalement, est de savoir si le passé est condamné à se répéter ou si on a un choix, si la perception du passé colle bien avec ce qu’il s’est produit, et ainsi de suite. Il y a un personnage principal qui est concerné, et je suis vraiment curieuse de voir ce que C.S. Pacat va faire de ce personnage, mais aussi sur l’autre personnage à m’avoir intrigué dès le début.



Je parle de James St Clair. Il se présente comme l’un des antagonistes, pourtant Will ressent un lien auprès de ce jeune homme qui lui est pourtant inconnu. Il va ressentir de l’intérêt pour James, de l’empathie également et n’est-ce-pas ce que les lecteurs ressentent pour ce personnage ? S’il se dévoile un peu dans ce roman, James reste énigmatique et on finit par découvrir chez lui une volonté d’échapper aux entraves du passé, ne plus être manipulé ou privé de sa volonté mais bien de décider de lui-même de sa propre destiné. Sur la fin, on découvre à qui va sa loyauté, davantage par conviction que par contrainte ou par intérêt. Je suis vraiment curieuse de voir ce que l’auteure nous réserve pour James et comment elle va développer la relation entre Will et James (certains personnages sont LGBTQ+, nous réserve-t-elle une romance entre Will et James ? Affaire à suivre !)

 

En résumé, c’est un roman prometteur malgré une première moitié lente et peu transcendante avec moult clichés, mais Dark Rise présente des éléments prometteurs et intéressants qui compensent la frustration dans laquelle m’a laissé la première partie du roman. Après tout, je n’avais pas été emballée par le premier tome de Prince Captif, mais je lui avais laissé sa chance car j’avais aimé certains éléments de l’intrigue et aussi – mais surtout – le personnage de Laurent… à l’instar d’un autre blondinet arrogant, James.



Si je trouve dommage qu’il y ait un tel décalage entre les deux moitiés du roman, je lirai la suite de cette série, car la seconde partie du roman était bien plus intéressante que la première, et que les dernières informations me donnent envie de voir la façon dont C.S. Pacat va pouvoir développer la suite de son histoire, d’autant plus que sa plume a beaucoup mûri depuis Prince Captif, elle apporte un soin particulier aux descriptions.


Le son nonchalant des talons de bottes vernies foulant les pavés. Un pas après l'autre, James sortit de la pénombre, et le pouls de Will s'emballa. Son adversaire portait une tenue de soirée à la coupe exquise. Tout s'estompa autour de Will, le monde devint insignifiant, James étant désormais le seul être réel à l'habiter. Toi, toi, toi. La beauté extraordinaire de James était un spectacle douloureux - comme un couteau qui le poignardait.

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