Si je vous demande de citer un exemple de conte de Noël, il y a de fortes chances pour qu’Un chant de Noël soit cité et à raison. Je pense que c’est l’un des classiques dont on connaît les grandes lignes de l’histoire, sans même l’avoir lu. Il faut dire que le message universel qu’elle dégage a rendu l’histoire adaptable sur les écrans. Il faut dire que ce conte de Noël populaire, qui a un grand impact culturel, a connu moult adaptations et a été cuisiné à toutes les sauces. Pour n’en citer qu’un, le célèbre oncle Picsou s’appelle Scrooge McDuck dans la version originale, d’après le célèbre personnage de Dickens, et cette histoire a connu une nouvelle adaptation animée cette année sur Netflix qui nous a offert un Scrooge, ma foi, pas vilain du tout à regarder, hem hem.
Ebenezer Scrooge est un vieil homme cupide et solitaire, rongé par l’avarice. Il ne pense qu’à ses affaires. Rien ne saurait le perturber. Ni le plus chaud des étés ou le plus froid des hivers, et encore moins la fête de Noël, symbole de joie et de paix sur terre ainsi que du partage, de la générosité, de l’amour. C’est ainsi qu’à la veille de Noël, Scrooge envoie balader son neveu, pourtant venu l’inviter à sa réception de Noël, traumatise deux gentlemen venus récolter de l’argent pour les nécessiteux, et octroie bien malgré lui un jour de congé à son commis pour cette fête dont il ne ressent aucun attachement. Rien n’y fait. Scrooge est réticent à toute forme de gentillesse ou de générosité. Il se ferme au monde comme une huître dans sa coquille. Ne croyez pourtant pas qu’il se réserve tout son luxe pour lui, non. Scrooge vit dans une immense demeure froide et obscure. Tout ce qui compte pour lui est son travail et gagner de l’argent. Fêter Noël en famille ? Sottises ! Faire un don pour aider les pauvres ? Les hospices et les prisons ne sont-elles pas là pour les loger ?
Mais alors qu’il se prépare à passer Noël dans la solitude de sa maison, le fantôme de son défunt associé, Jacob Marley, lui apparaît pour le mettre en garde : s’il ne change pas sa façon de penser, il ne pourra jamais trouver le repos dans l’au-delà et sa cupidité ne fait que lui ajouter une chaîne l’entravant pour une éternité troublée, comme tel est le cas pour Marley. À cette intention, Scrooge recevra la visite de trois esprits après minuit. Le fantôme des Noëls passés, le fantôme des Noëls présents et le fantôme des Noëls à venir.
J’ai été séduite par ce concept de fantômes de Noël, chacun a sa propre caractéristique physique et chacun montre les Noëls de la vie de Scrooge à un moment de sa vie, l’amenant peu à peu à prendre conscience que son comportement ne fera que le mener davantage dans la solitude et la misère même au-delà de la mort. Avec le fantôme des Noëls passés, nous découvrons l’enfance solitaire de Scrooge dans un pensionnat, enfant isolé habitué aux Noëls maussades. Cependant, on lui découvre un ami au temps où il était apprenti et avec un maître bon que Scrooge respectait, ainsi qu’une histoire d’amour qui a bien commencé avant d’être avortée par l’amour grandissant de Scrooge pour l’argent. On découvre donc un garçon comme tous les autres avec sa souffrance et ses joies. Avec le fantôme des Noëls présents, nous assistons en même temps que Scrooge au Noël organisé par son neveu – qui aime son grincheux d’oncle, malgré tout, et boit à sa santé tout en regrettant son absence, ainsi que le Noël de Bob Cratchit, le commis de Scrooge, qui vit dans la pauvreté avec sa grande famille, dont Tiny Tim, rongé par la maladie, mais qui passent Noël dans la bonne humeur, malgré leur maigre festin. Vient ensuite le troisième esprit montrant à Scrooge les Noëls à venir, ce qu’il risque de se produire s’il ne fait rien.
À travers ces incroyables voyages à travers le temps, Scrooge va peu à peu s’ouvrir à l'esprit de Noël, particulièrement à travers le personnage de Tiny Tim, qui parvient à éveiller chez Scrooge de la compassion. Les esprits de Noël mettent Scrooge face à ses actions en montrant quelle opinion en ont les gens qui l'entourent, et lui font sentir l'erreur dans laquelle il se trouve en lui renvoyant ses propres paroles.
L’histoire de Scrooge est bien sûr prévisible. Le vieux grincheux antisociable va changer de mentalité à la suite de la visite marquantes de ces trois esprits qui n’y vont pas de main morte avec lui. Scrooge est confronté à son passé, ce qui rouvre ses blessures. Il découvre également ce que son entourage pense de lui, des choses belles que certains pensent de lui malgré son comportement mais aussi ce que le monde pensera de lui à sa mort. Il voit qu’au bout du compte, toute sa belle fortune ne lui servira à rien ainsi que les graves conséquences de son égoïsme. Il n’a pas besoin de tant d’argent et qu’en s’ouvrant aux autres, en étant généreux, il ne connaîtra plus les Noëls froids et solitaires et ne vivra plus jamais sans l’amour des siens.
J’ai beaucoup aimé le personnage d’Ebenezer Scrooge qui est attachant, malgré son statut de anti-héros. Il est riche, sans profiter de sa richesse pour vivre dans le luxe. On ne peut que compatir face à son enfance triste et solitaire. On découvre qu’il peut faire preuve d’amour, il l’a montré avant qu’il ne change pour le pire. On peut considérer dans un sens qu’il s’est forgé une protection suite à son passé et qu’il se plonge dans son travail au point d’en oublier le monde qu’il entoure. Ainsi, en voyant certains personnages rabaisser Scrooge, même en sachant qu’il le mérite, cela m’a fait avoir de la peine pour le personnage. J’ai toutefois un grief concernant le personnage en lui-même et l’histoire. Les changements de Scrooge ainsi que ses prises de conscience se produisent un peu trop rapidement. Les fantômes parviennent effectivement assez vite à le convaincre de changer. J’aurais aimé que ce changement se fasse de façon progressive, voir le changement se faire petit à petit, avec Scrooge qui continue de se borner malgré les changements qui s’opèrent pour enfin avoir un magnifique final. Je trouve qu’il y avait également matière à approfondir le personnage – surtout lorsque nous découvrons son passé – pour mieux comprendre comment il est devenu froid et aigri, car la partie sur son passé m’a laissé sur ma faim.
Après, je me rends bien compte qu’il s’agit d’un conte. Il faut prendre l’histoire telle quelle et ne pas s’attendre à une histoire complexe et approfondie. C’est fait pour être court et le récit remplit sa fonction de conte avec sa morale, sa magie et son ambiance fantastique. Mais – au-delà de l’aspect du conte – c’est un hymne à la bonté, au partage et aux valeurs de Noël que nous offre Dickens. C’est un message aux grandes fortunes de ce monde pour les encourager à faire preuve de générosité, d’empathie et de mansuétude.
En bref, Un chant de Noël est un conte classique tout doux, agréable à lire . De plus, l'auteur offre une belle immersion au cœur du Londres victorien, où ses habitants vivent dans la richesse ou dans la misère. Ce grand classique de noël aura su me charmer, sans me surprendre puisque je connaissais déjà l’histoire. Un roman qui mérite bien sa place parmi les grands classiques de Noël. Je trouve juste regrettable que ce ne soit pas devenue une véritable tradition de Noël, d’avoir trois esprits qui hantent un millionnaire ou milliardaire pour en faire quelqu’un de généreux.
« ― Ne vous fâchez pas, mon oncle. Allons, venez dîner demain chez nous. »
Scrooge déclara qu'il verrait son neveu aller au d... Oui, il employa cette expression blasphématoire et déclara qu'il verrait son neveu réduit à cette extrémité, avant que d'accepter son invitation.
« Mais pourquoi ? s’écria le neveu de Scrooge. Pourquoi ?
― Pourquoi vous êtes-vous marié ? demanda Scrooge.
― Parce que j’étais amoureux.
― Parce que vous étiez amoureux ! grogna Scrooge, comme si c’était la seule chose au monde qui fût plus ridicule encore que de fêter Noël. Bonsoir ! »
Premier couplet - Le fantôme de Marley.
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