dimanche 25 décembre 2022

La véritable histoire de Noël - Marko Leino.

Au cœur de la Laponie, pays des neiges éternelles, le jeune orphelin Nicolas est recueilli par les habitants de son village. Mais ils sont tous trop pauvres pour pouvoir l’adopter. Le Conseil des Anciens prend alors une décision inédite : chaque année, le garçon sera pris en charge par une famille différente, et il en changera le jour de Noël.

Avec une étincelle d’espoir et de joie de vivre, Nicolas décide de se consacrer à sa passion : fabriquer des jouets. Le garçon va ainsi raviver l’émerveillement au cœur de cette région glacée. Et pourrait bien être à l’origine d’une des plus belles légendes.



Dans une lointaine contrée froide vit le petit Nicolas avec ses parents et sa petite sœur Aada. Un jour que sa sœur tombe malade, ses parents sont contraints de quitter leur foyer pour chercher un médecin en ville et laissent le soin à Nicolas de veiller sur la demeure jusqu’à leur retour. Malheureusement pour Nicolas, sa famille ne revint jamais et c’est ainsi que, quelques jours avant Noël, Nicolas se retrouve orphelin. Au village le plus proche, on s’interroge sur l’avenir de l’enfant. Les hivers sont rudes et les habitants sont trop pauvres pour se permettre de l’accueillir comme un nouveau membre de leur famille. Il est alors décidé que chaque famille prendra soin de Nicolas pendant toute une année, jusqu’au Noël suivant, jusqu’à ce qu’il soit assez grand pour se débrouiller par lui-même. Tout d’abord enfermé dans son chagrin, Nicolas refuse longtemps de se lier à sa première famille d’adoption avant de se lier d’amitié avec leur jeune fils et de se découvrir une passion pour la fabrication de jouets. Pour atténuer la peine de son départ et remercier ses hôtes, Nicolas décide d’offrir à chaque Noël, avant son départ, de confectionner et d’offrir un jouet en bois aux enfants, et, d’année en année, le nombre d’enfants augmente et il faut plus de jouet. Commence ainsi une tradition que tout le monde connaît…



Ce roman imagine d’une très jolie façon l’histoire du Père Noël. Bien que je lui préfère Une seconde avant Noël de Romain Sardou qui m’a bien plus enchanté, ce roman est un joli petit conte de Noël qui se savoure à la manière d’un calendrier de l’avent, avec ses 24 chapitres, comme un petit chocolat que l’on laisse fondre sur la langue. C’est une bonne lecture pour accompagner le lecteur au cours du mois de Décembre, pour entrer progressivement dans la magie et l’ambiance de Noël.



J’ai aimé l’originalité de l’histoire, à savoir que Nicolas passe de famille en famille d’année en année, créant des liens, développant la tradition qu’il se fait de confectionner chaque Noël des jouets en bois. Nicolas est un protagoniste plaisant à suivre. C’est une belle personne, désintéressée, qui offre sans rien attendre en retour. On ne peut qu’être touché par son vécu, le fait qu’il se soit retrouvé orphelin si jeune, le fait qu’il refuse la mort de sa petite sœur et pense qu’elle est devenue une sirène, voguant dans les eaux glacées, et à qui il confectionne également un jouet. Nicolas est un personnage volontaire avec la main sur le cœur, qui a dû faire face très tôt aux épreuves de la vie, à la perte d’êtres chers, et qui a dû s’accommoder au perpétuel changement de famille. On est touché par son amour pour sa sœur, son amitié pour Eemeli, petit garçon de la première famille à l’avoir accueilli, et qui resteront amis toute leur vie. La famille d’Eemeli continuera à avoir un grand impact chez Nicolas, de génération en génération.



J’ai également beaucoup aimé le personnage de Iisakki, ébéniste, qu’on nous présente pourtant comme un vieil homme qui déteste les enfants, qui est sévère, parfois méprisant, mais qui cache – comme Nicolas – un passé douloureux. J’ai beaucoup aimé la relation qui lie Nicolas et Iisakki, d’abord un rapport serviteur-maître qui va se transformer en relation familiale touchante. Chacun deviendra le monde de l’autre, et Iisakki en apprend beaucoup à Nicolas sur le métier du bois.



Nicolas est un personnage complexe. Du Père Noël, il n’a rien du joyeux bonhomme joufflu. C’est un être qui a été brisé par la vie, si bien que Noël va devenir sa raison d’être, tout ce pour quoi il existe, quitte à en oublier le reste et négliger ses proches. Et c’est là où ça a un peu coincé chez moi. C’est une jolie histoire pleine de magie, mais il y a beaucoup de tristesse à mon goût. Nicolas se condamne à la solitude, tait son secret sur les jouets aux enfants. Il préfère qu’on le voit comme un ermite bizarre que « le bonhomme de Noël », et il se détourne de ses proches. Noël est son obsession, et il aura bien du mal à lâcher du lest. Au fur et à mesure qu’il grandit, j’ai pris de la distance avec le personnage et j’ai été moins transportée dans l’histoire qui m’a paru aussi triste qu’elle est magique. La fin rehausse le tout avec la relation touchante entre Nicolas et la fille d’Eemeli ainsi que le discours final sur l’amour, l’importance d’être entouré. La magie revient, mais cela ne compense malheureusement pas pour moi l’ensemble du récit qui est assez triste. La mission de Nicolas est très belle, il est tellement généreux et désintéressé mais au prix de se couper ainsi de ceux qu’il aime ? Ce point m’a chagriné.



Toutefois, on peut admettre que tout ceci ne fait qu’accentuer la force et l’émotion suscitées par cette histoire et le message principal reste beau, malgré tout. Perpétuer la tradition et la joie de donner, cette dernière s'apprenant dès le plus jeune âge. Cela reste également une jolie histoire qui revisite le mythe du Père Noël, imaginer sa vie de son enfance à sa mort, son héritage et comment il est devenu ce qu’il est, sans oublier l’histoire de ses fameux symboles et attributs : les rennes, le costume rouge, les grelots, etc.



Malgré ce que je peux reprocher à ce roman, il n’en demeure pas moins une lecture agréable qui nous présente une revisite intéressante de l’histoire du Père Noël et nous transporte dans l’ambiance de Noël.


- Mais pourquoi il nous apporte des cadeaux ? s'étonna un des enfants.
Un silence s'abattit sur la boutique. Tous les enfants fixèrent Aada d'un air interrogateur.
- Parce que... commença-t-elle en réfléchissant.
Elle ferma les yeux et se projeta le visage barbu de Nicolas. Elle le voyait tel qu'elle l'avait vu sur la glace : esquissant un sourire doux, mais un peu amer.
- ... parce que le bonhomme de Noël veut que nous apprenions, à travers la joie de recevoir, à quel point il est important de donner. Quand on donne aux autres, on reçoit bien plus que ce qu'on a donné.

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